Le Moyen-Orient n’a pas fermé l'œil de la nuit. Après deux semaines de suspense suite à l’attaque israélienne contre le consulat iranien de Damas, l’Iran a mené sa riposte tant attendue et annoncée dans la nuit de samedi à dimanche. Pour la première fois de son histoire, la République islamique a lancé une attaque directe contre Israël. Avec plusieurs centaines de drones et une dizaine de missiles de croisière, l'attaque était à la fois spectaculaire et calibrée dans l'objectif de restaurer la dissuasion iranienne et d'éviter une escalade de grande ampleur. La mission est-elle réussie ? Comment lire, à chaud, ce qui s’est passé ces dernières heures ? Quelles conséquences cette opération aura-t-elle sur la suite des évènements dans la région ? L’Orient-Le Jour fait le point.
Les faits
- Peu avant 23 heures samedi soir, l’Iran a mené la première attaque de son histoire contre son ennemi israélien qu’il avait toujours ciblé depuis la révolution islamique de 1979 via ses milices alliées. L'opération “Promesse honnête” a été menée en représailles à l’attaque sur son annexe consulaire à Damas le 1er avril, qui avait décapité le haut commandement de la force al-Qods, la branche des gardiens de la révolution chargée des opérations extérieures, en Syrie et au Liban.
- La République islamique a lancé “plus de 300 missiles et drones” en direction d'Israël dans la nuit de samedi à dimanche, selon l'armée israélienne. “99 % d’entre eux” ont été interceptés par Israël et par les États-Unis.
- L'Iran a tiré des dizaines de missiles sol-sol en direction de l'État hebreu dont la majorité ont été interceptés par Israël en dehors de ses frontières. L’aviation israélienne a intercepté plus de 10 missiles de croisière, également en dehors des frontières israéliennes, toujours selon l'armée israélienne.
- L’aviation jordanienne a pour sa part abattu des dizaines de drones iraniens qui traversaient le nord et le centre de la Jordanie, en direction d'Israël, a rapporté l’agence Reuters en citant deux sources de sécurité régionales.
- Une base israélienne située dans le sud d'Israël a subi des dommages mineurs, a précisé l'armée. Elle a ajouté que jusqu’à présent une jeune fille de 10 ans se trouve dans un état grave après avoir été blessée par des éclats d'obus provenant d'un intercepteur.
- Les rebelles yéménites houthis auraient également lancé des drones vers Israël en "coordination" avec l'Iran. Il s’agirait a priori du seul allié iranien ayant participé à l'opération “Vraie promesse”. Le Hezbollah a lancé une salve de roquettes depuis le Liban-Sud en réponse à des frappes israéliennes, mais cela s’inscrit dans la continuité de la confrontation qui se joue entre ces deux acteurs depuis le 8 octobre.
- Les espaces aériens d’Iran, d'Israël, de Jordanie, d’Irak, du Liban et d’Égypte ont été fermés.
- Les gardiens de la révolution ont déclaré que l'opération "fait partie de la punition" infligée à Israël pour ses "crimes". Le ministère iranien des Affaires étrangères a dit pour sa part que "Téhéran n'hésitera pas à prendre de nouvelles mesures défensives pour sauvegarder ses intérêts légitimes contre toute agression militaire".
- "Notre engagement en faveur de la sécurité d'Israël face aux menaces de l'Iran et de ses relais (dans la région) est inébranlable", a écrit le président américain Joe Biden sur le réseau social X, en postant une photo d'une réunion d'urgence avec son équipe chargée de la sécurité nationale à la Maison Blanche.
- Un haut responsable israélien a déclaré qu'il y aura une "réponse significative" à l'attaque iranienne.
- L’Arabie saoudite a pour sa part appelé toutes les parties à faire preuve du "plus haut niveau" de retenue.
Les enjeux
- Tout en montrant les muscles comme jamais pour éviter qu’Israël ne continue à cibler ses hauts gradés, la riposte de l’Iran semble néanmoins avoir été stratégiquement calculée pour éviter une réelle escalade régionale. Avec quelques heures de voyage, Téhéran a laissé la possibilité à l’État hébreu et ses alliés d’intercepter les projectiles avant qu’ils n’atteignent leurs cibles.
- Malgré la mise en scène et les nombreux avertissements afin d'éviter tout élément de surprise, l’attaque iranienne constitue toutefois un précédent et un tournant. La guerre israélo-iranienne sort officiellement de l’ombre sans que l’on sache pour l’instant avec quelle intensité elle sera menée à visage découvert.
- La puissance symbolique de cette attaque et son impact dans la région avec les images notamment des missiles iraniens survolant le Dôme de Jérusalem ne doit pas être sous-estimée. Cela n’indique toutefois pas que l’Iran ait réussi à restaurer sa capacité de dissuasion face à Israël.
- L’escalade de grande ampleur semble pour l’instant avoir été évitée. Cela dit, tout va dépendre désormais de l'intensité et de l'étendue de la réponse israélienne.
Les conséquences possibles
- La guerre israélo-iranienne risque de monopoliser le cœur de l’actualité internationale au détriment du carnage qui se déroule depuis six mois à Gaza. Cela devrait avoir pour principal effet de sortir Israël de son isolement diplomatique en bénéficiant du soutien appuyé de ses principaux alliés, en particulier les États-Unis.
- Israël va vouloir riposter de façon disproportionnée afin de dissuader l’Iran et ses autres ennemis de mener à nouveau ce type d’attaque sur son territoire. Les États-Unis, très largement impliqués dans cette séquence, devraient toutefois intervenir afin de ne pas donner lieu à une nouvelle riposte iranienne. A quel point Washington va-t-il pouvoir contrôler son allié israélien qui peut être tenté de faire le pari de la guerre régionale ? C’est le principal enjeu des prochaines heures et jours. Un élément de réponse aurait toutefois déjà été donné par le site Axios citant un haut responsable de la Maison Blanche : le président américain Joe Biden aurait ainsi prévenu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que son gouvernement s'opposerait à toute riposte de l'État hébreu contre l'Iran
- En riposte à l'opération, Israël pourrait mener une attaque directe contre l’Iran. "Des discussions sont en cours", a déclaré l'armée israélienne à l'aube. Celle-ci pourrait viser des cibles militaires ou des infrastructures clés. L’État hébreu va probablement aussi intensifier ses opérations contre les alliés de l’Iran dans la région, en particulier au Liban.
- La République islamique ou ses alliés en Irak pourraient également mener une opération en Jordanie pour punir le royaume de sa participation à la destruction de ces drones.
Et c'est presque une victoire pour l'Iran , qui a bien calculé son coup ,et même déclaré que ce prmier coup n'est qu'un avertissement et que les futures réponses seraient graduelles jusqu'à la déflagration totale . Et Natanyahou est pressionné par la populationisraélienne épouvantée d'une part , et d'autre part par les américains afin d'arrêter le jeu , car Biden et l'Iran ont déjà négocié un accord général ( qui inclut le nucléaire que Natanyahou a toujours refusé) dont les dernières retouches étaient encore à écrire et que le gouvernement extrêmiste israélien voient d'un mauvais oeil
16 h 01, le 14 avril 2024