Des centaines de personnes ont assisté vendredi à la messe des funérailles de Pascal Sleiman, chef du bureau des Forces libanaises (FL) du caza de Jbeil, tué il y a six jours et dont le meurtre a créé une ambiance délétère au Liban, certains voyant resurgir le spectre d'une guerre civile et d'autres s'attaquant aux ressortissants syriens présents dans le pays.
La messe funèbre en sa mémoire, en l'église Saint-Georges de Jbeil, était célébrée par le patriarche maronite Béchara Raï, qui a dénoncé dans son homélie « le danger » que représentent désormais les réfugiés syriens selon lui. Avant que la célébration ne commence à 13h, des dizaines de voitures arborant des drapeaux des FL et des Kataëb de Samy Gemayel ont provoqué des embouteillages sur la route de Jbeil, rapporte notre journaliste Matthieu Karam sur place. Parmi les drapeaux brandis dans les convois, celui des FL mais aussi ceux des « Soldats de Dieu », un groupuscule chrétien extrémiste d'Achrafieh, et d'« al-Sadm », ancienne unité de commandos des FL pendant la guerre civile.
« Ils sont contre tous les Libanais »
Peu avant la messe, une femme attend, tenant une énorme croix de bois dans ses mains. « Toute notre vie nous défendons la Bible et Jésus. Eux, ils défendent le terrorisme et le takfirisme », lance Dalia à notre journaliste, en évoquant le Hezbollah. «Ils sont contre tous les Libanais. Ils veulent une guerre civile. Mais nous sommes contre cela», poursuit la quadragénaire.
Deux jours après la disparition de Pascal Sleiman, l'armée libanaise a affirmé qu'il a été tué par des mafieux syriens. Une version contestée par les FL, qui y voient « un assassinat politique jusqu'à preuve du contraire ». Certains sympathisants du parti de Samir Geagea ont dirigé leur colère vers les réfugiés syriens au Liban, commettant plusieurs agressions et exactions à leur encontre. Le parti lui-même avait appelé au calme, dénonçant « les actes barbares auxquels certains Syriens sont exposés » tout en demandant une fois de plus leur rapatriement.
Virulentes critiques du patriarche
Lors de son homélie, Mgr Raï a déploré le fait que « les criminels soient des réfugiés syriens qui ont été accueillis par les Libanais ». Il a estimé que les réfugiés « constituent désormais un danger pour les Libanais, chez eux. Il faut à présent trouver une solution à cela, loin des affrontements dont les conséquences sont insupportables ».
« À qui profite cette anarchie dans le pouvoir, l'administration, la justice, les armes et la décision de guerre, et d'un pays hors des mains de l'État ? », a également lancé le chef de l'Église maronite, dans une allusion claire au Hezbollah. Après la messe, M. Geagea s'est également adressé à une foule en liesse, par écran interposé. « Et maintenant on va où ? La réponse est simple : en cas de danger, nous sommes les Forces libanaises », a-t-il lancé. «La confrontation se poursuit. Elle sera longue. Car les vraies solutions nécessitent du temps. Que personne ne mise sur notre désespoir», a-t-il affirmé.
Devant l'église, Dany, 58 ans, casquette FL sur la tête, confie : « Je ne suis pas convaincu par la version officielle de l’enquête. Apparemment, la voiture des ravisseurs valait plus cher que celle de la victime », ce qui selon lui invalide la thèse du simple vol de voiture. « Le crime est politique par excellence, et aujourd’hui, il n’y a que les FL qui tiennent tête au Hezbollah », dit-il. D'ailleurs, pendant un discours du député Ziad Hawat appelant au « retour rapide des réfugiés » chez eux, la foule scandait en l'interrompant : « Terroriste, terroriste, Hezbollah terroriste ». Après les funérailles, la dépouille de Pascal Sleiman a été transportée jusqu'à son village natal de Mayfouk, pour y être inhumée.
Fermeture des écoles catholiques
Le secrétariat général des écoles catholiques du Liban avait annoncé jeudi soir la fermeture de tous les établissements scolaires ce vendredi, « jour de prière pour le salut du Liban ». Vendredi avait été décrété férié pour les administrations à l'occasion de la fête du Fitr, marquant la fin du mois de Ramadan, par le Premier ministre sortant Nagib Mikati.
Le communiqué des écoles catholiques, relayé par plusieurs médias locaux, « condamne fermement les opérations de meurtre et la violation de la dignité humaine quelle qu'elle soit », ainsi que « le désordre sécuritaire ambiant » au Liban, qui traverse une période de tension depuis cet événement. Dans leur texte, les écoles catholiques appellent aussi l'État libanais à « prendre ses responsabilités » afin qu'elles « puissent poursuivre leur mission éducative » à travers tout le pays.
Par ailleurs, des groupes parlementaires se sont retrouvés jeudi soir, notamment ceux de la contestation, du Renouveau, des Kataëb et celui des FL. Un communiqué a été publié à l'issue de leur réunion : « À l'occasion des funérailles demain de Pascal Sleiman en l'église Saint-Georges de Jbeil, les députés de l'opposition libanaise appellent à proclamer le vendredi 12 avril journée de deuil national, en signe de solidarité avec la famille de Pascal Sleiman et pour le salut de son âme ». Le texte appelle également à « la solidarité de l'ensemble des Libanais avec l'État et sa souveraineté, face à l'anarchie des armes, au désordre sécuritaire et à la prolifération des armes illégales dont souffre le Liban ».
Il y a de quoi être désespérés vu le nombre des vendus qui pullulent et font des petits un peu plus chaque jour. Si Les chrétiens étaient unis, même désarmés, ils auraient obtenus le désarmement de ce parti maléfique vendu, armé par un pays étranger qui sévit sur notre territoire sans en être empêché. Mais voilà, gains faciles et pouvoir simulé obligent, des traitres se sont dévoués pour saquer notre pays en prêtant main forte à nos assassins usurpateurs dans l’espoir d’exister, même couverts de honte et de déshonneur, même honnis par tous les patriotes qui veulent les voir disparaître.
10 h 49, le 13 avril 2024