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Un panneau des Forces Libanaises à Jbeil, le 8 avril 2024. Photo REUTERS/Mohamed Azakir
Cinq jours après le meurtre de Pascal Sleiman, chef du bureau des Forces libanaises (FL) du caza de Jbeil, le parti de Samir Geagea a publié jeudi un communiqué condamnant "les actes barbares auxquels certains Syriens sont exposés" tout en demandant, une fois de plus, le retour des réfugiés syriens dans leur pays d'origine.
Une déclaration qui intervient alors que le Liban est dans une ambiance délétère depuis l'éclatement de cette affaire dimanche dernier, au soir, lorsque les FL avaient perdu tout contact avec Pascal Sleiman. L'armée libanaise a précisé deux jours plus tard que l'homme a été tué par des mafieux syriens, une version contestée par le parti chrétien qui y voit "un assassinat politique jusqu'à preuve du contraire". Certains partisans FL ont dirigé leur colère vers des réfugiés syriens vivant au Liban, commettant plusieurs agressions et exactions contre eux.
Retour urgent des réfugiés, "mais..."
"Les FL ont toujours appelé et continuent d'appeler au retour des réfugiés syriens chez eux, d'autant que la sécurité s'est établie en Syrie", affirme d'abord le communiqué publié jeudi par le bureau de presse du parti. Le texte poursuit en affirmant qu'il "n'y a absolument aucune raison de les maintenir au Liban."
Cette question du retour des réfugiés "est devenue très urgente devant l'évidence de la masse de crimes et de violations de l'ordre sécuritaire que certains d'entre eux commettent. Mais les FL affirment que demander le retour des réfugiés syriens est une chose, se comporter de manière haineuse et barbare en est une autre", tempère le texte. "Les comportements que nous observons sur certains réseaux sociaux et certaines pratiques vues sur le terrain sont non seulement inadmissibles mais également douteuses, aussi bien dans la forme, le fond et le timing", poursuivent les FL, qui insistent sur leur condamnation des "actes barbares auxquels certains Syriens sont exposés" depuis l'éclatement de l'affaire Pascal Sleiman.
"Il faut élever le niveau moral"
L'affaire Pascal Sleiman a suscité une vive tension au Liban, avec une recrudescence des violences verbales et physiques contre des ressortissants syriens, et ceux qui les représentent. Mercredi, des inconnus ont saccagé un bureau du Parti social nationaliste syrien (PSNS) à Jdita, une localité de la Békaa centrale. Les assaillants ont brisé les fenêtres du bureau, versé de l'essence et tenté de mettre le feu au local avant de s'enfuir en laissant derrière eux un drapeau des Forces libanaises.
Et jeudi matin, plusieurs médias locaux ont indiqué qu'une ambulance affiliée au PSNS a été brûlée à Bayssour, un village druze du caza de Aley. Des formations politiques comme le Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt ont condamné cet incident, "appelant les forces de sécurité à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour éclaircir les circonstances" du délit et arrêter les responsables. Dans un texte relayé par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), le PSP estime qu'il "faut élever le niveau moral, surtout vu ce qui se passe dans le pays", fustigeant "des actions suspectes qui ne réussiront pas à altérer la paix civile". Le PSP appelle enfin à "se reposer sur l'armée, la police et la justice pour protéger la paix civile".
Le courant des Marada, dirigé par Sleiman Frangié lui-même proche du régime syrien, a également condamné ces événements, dénonçant "un jeu inacceptable qui exhume la guerre civile". Dans un communiqué, cette formation appelle à "se tenir calme et à mettre l'intérêt national au-dessus de tout".
En soirée, le PSNS a dénoncé "une agression stupide" et a appelé à "retrouver les agresseurs et leurs motivations séditieuses", dans un communiqué relayé par l'ANI. Le parti réclame aux forces de sécurité une enquête rapide pour retrouver et punir les responsables "des plus sévères sanctions, afin de montrer l'exemple à tous ceux qui voudraient compromettre la paix civile et la stabilité."
Actions malveillantes
Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a essayé de calmer le jeu, indiquant avoir contacté Samir Geagea qui lui a assuré que les FL n'avaient aucun lien avec ces actes de vandalisme. Lors de son appel, M. Mikati a également insisté sur l'importance que tous les chefs de file libanais "évitent tout ce qui pourrait provoquer des dissensions et divisions" dans le pays.
Le chef du gouvernement sortant a présenté jeudi ses condoléances à la famille de Pascal Sleiman, saluant "son patriotisme" et déplorant "un drame immense", rapporte l'ANI. "Bien sûr, des actions malveillantes sont à l'oeuvre et les forces de sécurité sont aux aguets", a-t-il également déclaré.
Mercredi soir, le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui a aussi présenté ses condoléances aux proches du défunt et "leur a assuré que les forces de sécurité et les militaires ont déployé de grands efforts ces deux derniers jours pour faire la lumière sur ce crime". Il leur a promis que justice sera faite et que les coupables seront punis, rapporte l'Ani. M. Maoulaoui a également dénoncé "la présence syrienne massive désordonnée, qui doit être traitée par l'application de la loi sur les Syriens présents au Liban", et appelé les Libanais à "être unis et calmes, car toute incitation à la division quelle qu'elle soit ne fait que nuire aux intérêts du pays et permet aux criminels d'atteindre leurs objectifs".
C'est bizarre ces commentaires qui demandent aux proches -au sens large- de la vicitme de la fermer face a un peril existentiel. Aveugles ? Stupides ? ou Complices ?
09 h 42, le 12 avril 2024