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Nos Lecteurs ont la Parole

Amour de la mort vs amour de la vie au Liban : une leçon d’opportunités manquées

Il y a une dizaine d’années, le milliardaire mexicain d’origine libanaise Carlos Slim Helu fit une visite au Liban en compagnie de ses enfants. Durant son séjour, il rencontra les dirigeants politiques, incluant le président de la République, le Premier ministre et le président de la Chambre. Il leur proposa une refonte totale de l’infrastructure dans tout le pays : de la fibre optique à l’électricité, en passant par l’autoroute

Beyrouth-Damas, la gestion des déchets et leur recyclage, ainsi que les stations d’épuration pour traiter les eaux usées et purifier la mer et les plages du Liban.

M. Slim offrit de financer lui-même ce projet ambitieux, estimé à environ 20 milliards de dollars américains, sans que le Liban ait à dépenser un seul sou ou à contracter un prêt. Il suggéra d’utiliser le modèle Build Operate and Transfer (BOT) sur 15 à 20 ans, où l’État ne devrait assurer que le paiement des services rendus pendant cette période pour rembourser l’investissement. À la fin, tous les projets seraient transférés au gouvernement libanais. Cependant, il y avait un hic. Pour des raisons obscures, les propositions de M. Slim n’ont pas été jugées concluantes par les dirigeants. De toute évidence, M. Slim, refusant de céder à toute éventualité de corruption, s’en alla. Ce moment symbolise à lui seul une opportunité manquée pour le Liban.

Par la suite, M. Slim a tenu une conférence à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) sur sa vision des futures technologies de communication, à laquelle j’ai eu le privilège d’assister. À la fin, une jeune étudiante chiite posa une question poignante : « Que pensez-vous que les relations entre le Liban et Israël devraient être ? »

En réponse, M. Slim offrit une réflexion profonde. Il existe deux catégories de gens : ceux qui aiment la vie et ceux qui aiment la mort. Ceux qui aiment la vie sont ceux qui produisent, développent des sociétés, comme moi qui suis un entrepreneur développeur, embauchent des personnes et s’efforcent de faire croître, prospérer, développer, créer... Bref, ils aiment la vie et la considèrent comme un don de Dieu. Et parallèlement, il y a ceux qui aiment la mort, ceux qui aiment le martyre pour le martyre, ceux qui aiment la guerre et la provocation, ceux qui se fichent de l’avenir de leur pays et qui acceptent par leurs idéologies religieuses et leur service pour le compte de puissances étrangères que leur pays soit détruit avec des milliers de morts. C’est-à-dire qu’ils aiment la mort et cet amour non seulement empêche le pays d’exister ou de se développer, mais en fin de compte ne sert ni la vie ni leur patrie, car ils sont fanatisés par une haine de l’autre dans une dynamique de la loi du talion (œil pour œil, dent pour dent et le sang pour le sang, qui à l’origine est une loi juive…).

Cette explication entre l’amour de la vie et l’amour de la mort est une représentation de l’opportunité manquée par la proposition de M. Slim. Alors que certains ont choisi de prioriser le gain personnel, d’autres ont vu le potentiel de créer un avenir meilleur pour le Liban. Le choix entre ces deux voies définit finalement le destin d’une nation, et il nous incombe de choisir judicieusement.

L’histoire révèle parfois des moments décisifs qui mettent en lumière les valeurs et les choix fondamentaux d’une société. L’épisode impliquant Carlos Slim Helu et les dirigeants libanais offre un exemple saisissant de cette dynamique.

Le parallèle entre le courtage financier en politique et l’idéologie du Hezbollah et de l’Iran réside dans leur commune inclinaison vers ce que Carlos Slim Helu a décrit comme « l’amour de la mort ».

D’une part, le courtage financier en politique représente une forme de corruption où certains dirigeants politiques privilégient leurs intérêts personnels et financiers au détriment du bien-être de leur pays et de leur peuple. Cette pratique détourne les ressources publiques et entrave le développement économique et social.

D’autre part, l’idéologie du Hezbollah et de l’Iran est caractérisée par une vision belliqueuse et une volonté de confrontation. Ils prônent un « amour de la mort » qui se manifeste à travers la glorification du martyre, la recherche de la confrontation armée et la promotion de la violence. Cette idéologie perpétue un cycle de destruction et de souffrance qui va à l’encontre de l’idéal de vie et de prospérité.

Dans les deux cas, le refus d’adopter une approche basée sur l’amour de la vie entraîne des conséquences néfastes pour la société.

Pour briser ce cycle néfaste, il est impératif de promouvoir une culture de transparence, de responsabilité et de respect de la vie. Cela implique de lutter contre la corruption politique en séparant définitivement l’argent de la politique par une indépendance totale des institutions financières et politiques, et de rejeter les idéologies de mort et de destruction.

En conclusion, l’histoire de la visite de Carlos Slim au Liban révèle un choix fondamental entre l’amour de la mort et l’amour de la vie. Il est temps pour le Liban de faire le bon choix, de mettre de côté les divisions et les conflits stériles et d’embrasser un avenir fondé sur la paix, la prospérité et l’amour de la vie.

Ce récit illustre le potentiel transformateur de l’amour de la vie et nous rappelle que, même dans les moments les plus sombres, il y a toujours une lueur d’espoir pour un avenir meilleur.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Il y a une dizaine d’années, le milliardaire mexicain d’origine libanaise Carlos Slim Helu fit une visite au Liban en compagnie de ses enfants. Durant son séjour, il rencontra les dirigeants politiques, incluant le président de la République, le Premier ministre et le président de la Chambre. Il leur proposa une refonte totale de l’infrastructure dans tout le pays : de la fibre...

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Un homme qui a tout compris entre la vie et la mort

Eleni Caridopoulou

17 h 11, le 10 avril 2024

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  • Un homme qui a tout compris entre la vie et la mort

    Eleni Caridopoulou

    17 h 11, le 10 avril 2024

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