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Lifestyle - La Mode

Ces couturiers libanais qui font du mariage un événement hors du temps

Mieux que les quelques robes de mariée destinées à la finale des défilés, la plupart des couturiers libanais dédient désormais toute une ligne au mariage, de la robe de mariée à celle des membres du cortège. La saison est ouverte, comme chaque printemps, et voici nos coups de cœur.

Ces couturiers libanais qui font du mariage un événement hors du temps

Modèle de la collection nuptiale Azzi & Osta 2024-2025. Photo DR

Croiser trois « touristes » à Beyrouth qui vous demandent en anglais avec un accent slave où se trouvent les boutiques de robes de mariée. Ne pas savoir quoi répondre tant les enseignes changent. Ne pas se souvenir où se trouvait cette boutique nuptiale, ni même qu’il y ait eu une rangée de commerces spécialisés comme l’espéraient ces passantes exaltées. Constater que le Liban s’est fait une jolie réputation outre-frontières en matière de mariages. De l’organisation de l’événement aux lieux de réception, aux maisons d’hôte, aux services de restauration et, bien sûr, à l’habillage des héros du jour et de leurs parentèles, le made in Lebanon est une garantie d’excellence... et parfois d’outrance. Le mariage demeure dans ce pays le rite de passage incontournable et l’occasion festive ultime, qu’elle se déroule sur place ou à l’étranger, si fastueuse parfois que la presse internationale en répercute les détails. Bien avant les traiteurs, les fleuristes et autres « événementologues », ce sont les couturiers libanais qui ont fait la grande histoire du mariage à la libanaise. Bien après la fin de la tradition française qui consistait à terminer les défilés par une robe de mariée, ils ont été nombreux à la perpétuer. Mais depuis quelques années, mieux que quelques robes intégrées aux lignes saisonnières, la plupart dédient désormais tout un département au mariage, de la robe de mariée à celle des membres du cortège, en haute couture ou en prêt-à-porter. Preuve que la cérémonie a encore de beaux jours devant elle.

La mariée 2024 sobre et spectaculaire, pertinente et polyvalente, chez Rabih Kayrouz. Photo Joséphine Leddet

Rabih Kayrouz, champion du « prêt-à-couture »

« Chaque femme aura sa propre façon de porter une robe et de la rendre unique, c’est pourquoi j’ai imaginé cette gamme qui apporte l’émotion et le savoir-faire de la couture dans le prêt-à-porter», explique Rabih Kayrouz, l’un des pionniers du « prêt-à-couture » qui propose des créations en série traitées avec des détails propres au sur-mesure. La collection de robes de mariée Maison Rabih Kayrouz 2024 se décline en robes blanches courtes (voire très courtes) ou longues, toujours légères et minimalistes, faciles à reconvertir pour d’autres occasions de la vie. Voilà qui résout avec grâce le dilemme des robes de mariée qu’on ne porte que pour la cérémonie et que le couturier avait joué un jour à mouler sur le corps de son modèle, sans autre moyen de l’ôter que celui de la découdre ou de la déchirer.

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« Voici une robe longue à buste drapé froncé en mousseline de soie française. La taille est construite à l’aide de galons de coton perforés assemblés autour du corps. La jupe froncée en mousseline de soie, elle-même attachée au corsage, est superposée pour créer un volume aérien dans un jeu de transparence. L’ourlet est créé à l’aide de quinze mètres de tresses de coton renforcées, ce qui confère structure et forme au bas de la robe », détaille le manifeste.

Une autre robe d’inspiration bohème révèle subtilement le dos ouvert grâce à des rubans en gros grain. Elle est également en mousseline de soie française. La mention d’origine a son importance. Depuis que Rabih Kayrouz a ouvert sa maison à Paris, il s’efforce de s’approvisionner sur le marché français, à la fois pour la qualité et pour éviter des importations néfastes pour la planète.

La superposition de mousseline de soie, froncée à la taille, confère à une troisième robe une légèreté éthérée, rehaussée par les manches amples et surdimensionnées, attachées au poignet par des rubans à gros grains qui créent un élégant drapé froncé.

L’inspiration Nymphéas chez Elie Saab, collection nuptiale 2024-2025. Photo DR

Elie Saab et le « Printemps éternel »

Boutons bourgeon, pétales charnus abreuvés d’une rosée de cristal, évocations d’élytres dans les motifs de broderie, opulence des froufrous années 50 évocateurs de jeunesse et de joie, Elie Saab ne dévie pas du blanc en cette saison de mariage 2024 où le classicisme s’impose avec force. Pour célébrer l’éternel printemps indissociable de l’idéal du mariage, le couturier a fait appel au coup de pinceau de Monet, empruntant au père de l’impressionnisme ses nymphéas et ses jeux de lumière.

L’art des matières et les détails somptueux se fondent harmonieusement dans de grandes robes romantiques, évocations tout en délicatesse du jardin de Giverny où Monet a conservé pour la postérité un éternel printemps. Des fleurs de satin se déploient sur des encolures bustier légèrement plongeantes, tandis que de petites fleurs d’organza bourgeonnent dans des jupes courtes entrelacées de feuilles perlées d’argent. La dentelle cascade sur les épaules et les jupes. Paillettes et broderies en fil de soie se ramifient doucement le long des corsages ballet pour rejoindre des flots de tulle. Des brins de pissenlit étincelants sont soufflés sur une magnifique robe de bal en tulle brodé et volants d’organza qui encadrent audacieusement le décolleté en cœur.

Une certaine idée de l’opulence phénicienne chez Zuhair Murad. collection nuptiale 2024-2025. Photo DR

Zuhair Murad, retour aux sources des sources

Pour sa collection nuptiale de la saison 2025, Zuhair Murad embarque sa mariée dans les profondeurs de l’histoire phénicienne à laquelle il réclame le secret de l’intemporalité. Chaque robe est traitée comme une tapisserie, ornée de touches d’or qui jettent un éclat subtil rappelant les miroitements du Soleil sur la Méditerranée. Lorsque la mariée se promène dans les vergers et vignobles de ces temps révolus, elle se voit littéralement projetée dans l’atmosphère romanesque d’une cour royale dont elle est, en son grand jour, le point de mire. Des lettres de l’alphabet phénicien, délicatement brodées au fil d’or, semblent danser sur le tissu et recomposer les paroles d’un poème perdu.

Motifs floraux et dentelle fine construisent des fourreaux ou des robes de bal animées de voiles et de capes. Un ample nœud de satin enserre la taille, tandis que les hauts décolletés exsudent une sophistication sans effort à travers laquelle le couturier interprète l’élégance éternelle de l’héritage phénicien. Des décolletés carrés et des bustiers structurés redessinent les épaules et la taille. Des motifs antiques scintillent dans les broderies où les cristaux font jaillir des embruns. Des branches d’olivier et de vigne s’entremêlent, entourant des armures, et transforment la mariée en une déesse de légende.

Robe boule de la collection nuptiale Azzi & Osta 2024-2025. Photo DR

Chez Azzi & Osta, elle est retrouvée. Quoi ? L’éternité

Pour sa seconde collection nuptiale, le binôme Azzi & Osta offre des variations sur le thème « Finding Forever » (« Trouver l’éternité »). Le serment du mariage engage à aimer « pour toujours », et c’est cette durée intangible que cherchent à illustrer les deux créateurs dans l’esprit ludique et la maîtrise du métier qui ont fait leur célébrité.

Cette collection illustre la quête de soi qu’est, au final, la recherche de la robe idéale. Cette célébration de l’individualité ne peut que s’aventurer sur les chemins les moins conventionnels avec autant de grâce que d’humour. À travers un mélange délicat de nostalgie moderne, de romantisme fantaisiste et de charisme, chaque création est méticuleusement confectionnée pour insuffler charme et puissance à celle qui la porte. Une fusion de textures, de formes et de techniques est mise en œuvre pour y parvenir. De l’opulent tissu duchesse au délicat point d’esprit et au plissé, en passant par le crêpe fluide, le velours somptueux, les nœuds colorés, les bustes sculpturaux, les péplums et les éléments enchanteurs tels que les plumetis sur organza et le brocart intemporel, ainsi que les paillettes mates, la dentelle et les fleurs d’organza, un travail magistral de superposition de nuances de blanc, contribuent à illustrer ces histoires d’amour uniques dont la robe de mariée est la représentation. Au final, difficile de résister à telle adorable robe boule tout en plumetis et petits nœuds ciel, ludique et coquine à souhait, ou telle autre toute courte et terminée par une cascade de dahlias froufroutants, ou telle autre de coupe duègne où s’exprime le savoir-faire couture du binôme, corset et jupon sculpturaux, et petits nœuds noirs comme une nuée d’hirondelles figeant un éternel printemps.

Le Liban, avec ses couturiers magiciens, demeure sans conteste, contre vents et marées, l’adresse incontournable où trouver cette robe de mariée qui marque durablement le moment où l’on se dit oui.

Croiser trois « touristes » à Beyrouth qui vous demandent en anglais avec un accent slave où se trouvent les boutiques de robes de mariée. Ne pas savoir quoi répondre tant les enseignes changent. Ne pas se souvenir où se trouvait cette boutique nuptiale, ni même qu’il y ait eu une rangée de commerces spécialisés comme l’espéraient ces passantes exaltées. Constater que...

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