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Cinéma - Films

Apprendre la restauration de films à Beyrouth

Organisée par l’Association Jocelyne Saab en partenariat avec l’ALBA, l’USJ et la coopérative des métiers du cinéma, une formation à la restauration de films aura lieu à Beyrouth du 23 au 31 mai.

Apprendre la restauration de films à Beyrouth

Des films de Jocelyne Saab ont été restaurés grâce à l'initiative de l'association éponyme. Photo DR

Comment restaurer des films au Liban, sans professionnels ni matériel ? Tout simplement en formant des techniciens et en les équipant, répondrait l’Association Jocelyne Saab qui relève ce défi – en réalité un véritable casse-tête – depuis 2021.

Un premier cycle d’apprentissage aux métiers de la restauration a déjà permis de revaloriser et de protéger quinze films de Jocelyne Saab, parus dans un beau coffret DVD assorti d’un livret. Au mois de mai, une nouvelle série de formations – avec spécialisation dans l’étalonnage, le travail sur l’image ou le travail sur le son – proposera cette fois de restaurer des films plus tardifs de la réalisatrice mais aussi d’autres films issus des collections de Nadi Lekol Nas, une association qui œuvre à préserver le patrimoine cinématographique de la région et le rendre accessible à tous, , des Archives numériques du cinéma algérien ou de la collection Braquage.

Car c’est aussi le développement d'un secteur quasi inexistant dont il est ici question. Comme l’explique Manal Zakharia, l’un des trois intervenants de la formation, « il n’y a pas de marché de la restauration au Liban. On trouve des initiatives individuelles de la part d’associations, mais il s’agissait jusque-là plutôt d’une génération qui a connu les anciens studios du Liban, et qui pratique une restauration mécanique, pour réparer et nettoyer la pellicule. Il n’y avait pas de possibilités de faire de la restauration numérique ».

En s’associant d’abord avec la société de post-production The PostOffice à Beyrouth, le Polygone étoilé à Marseille et Cinémathèque Beirut pour la première session de travail à partir de 2021 et maintenant avec l’ALBA (UOB), l’Iesav (USJ) et la coopérative des métiers du cinéma, l’Association Jocelyne Saab permet autant la formation de restaurateurs diplômés que le développement matériel de la filière qui nécessite des programmes informatiques puissants. C’est le cas du logiciel Diamant dont la licence a été achetée par The PostOffice, offrant ainsi la possibilité de faire des restaurations numériques à Beyrouth.

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Que ces restaurations puissent se faire au Liban a toujours été fondamental pour l’Association Jocelyne Saab. Michèle Tyan, monteuse-réalisatrice et membre de la structure, explique qu’il s’agit déjà de « donner un métier à des gens qui cherchent du travail en ouvrant une nouvelle brèche professionnelle dans un pays en crise », mais aussi de collaborer avec des personnes plus facilement motivées car, « forcément, le rapport culturel est plus fort, puisqu’il s’agit de travailler sur son propre patrimoine. Ça ne doit pas être un travail de fonctionnaire ! » D’autant que les restaurations sont faites avec un budget très serré et peu de financements. Ce regard plus intime sur la pellicule-miroir des Libanais est aussi important pour Manal Zakharia : « Il faut que l'on puisse savoir ce qu’on a fait, ce qu’on a été, pour mieux nous connaître nous-mêmes. On ne fait que s’identifier à des choses qui ne sont pas les nôtres ! »

« Les enfants de la guerre » avant et après restauration. Photo DR

Pour Mathilde Rouxel, qui dirige l’association, l’idéal serait ensuite de pouvoir créer un réseau régional d’entraide, par exemple en assistant d’autres associations en Palestine, au Maroc ou en Algérie, afin de permettre une recirculation des images. Former une génération de restaurateurs, c’est aussi apprendre à reconsidérer l’archive, son besoin de préservation comme son importance éducative et politique.

Cette nécessité d’archives vivantes est particulièrement frappante dans le contexte actuel. « Quand on voit les images de Jocelyne et qu’on voit les images de Palestine aujourd’hui, on comprend à quel point l’histoire n’a pas changé, combien on était dans une équation qui ne se résout toujours pas », confie Michèle Tyan. « La pérennité d’une œuvre comme celle de Jocelyne Saab nous permet d’avoir un regard sur l’histoire et de témoigner d’une époque. » Alors, préservons !

Les inscriptions à la formation sont ouvertes jusqu’au 30 avril 2024. Plus d’informations sur le site ou par mail.

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