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Culture - Reportage

L’icône de la performance artistique Marina Abramovic retrouve Amsterdam

L’artiste de 77 ans dont la carrière s’étend sur cinq décennies bénéficie d’une rétrospective au musée d’art moderne Stedelijk.

L’icône de la performance artistique Marina Abramovic retrouve Amsterdam

L’œuvre « Balkan Baroque » de l’artiste serbe Marina Abramovic exposée au Stedelijk Museum. Nick Gammon/AFP

En pleine interview, Marina Abramovic, pionnière de l’art de la performance, se tourne vers le journaliste d’une télévision néerlandaise assis à côté d’elle et lui dit de se déshabiller. Il obéit.

« J’en tremble encore. Mais quand Marina Abramovic vous dit de vous déshabiller, vous le faites », raconte Max Terpstra, 25 ans, journaliste de la chaîne de télévision NPO1, à l’issue de l’entretien.

Le musée d’art moderne Stedelijk Museum d’Amsterdam abrite une rétrospective présentant une soixantaine d’œuvres de Marina Abramovic, artiste serbe mondialement connue qui a toujours repoussé les limites de son art, quitte à se mettre en danger.

Depuis samedi, les visiteurs peuvent se plonger dans le monde de l’artiste de 77 ans, dont la carrière s’étend sur cinq décennies, depuis son départ dans les années 1970 de sa ville natale de Belgrade en ex-Yougoslavie, direction Amsterdam puis New York.

Audacieuse même selon les standards d’aujourd’hui, l’exposition simplement intitulée « Marina Abramovic » présente jusqu’au 14 juillet des œuvres célèbres, dont Rhythm 0 de 1974, et une réinterprétation de l’œuvre provocatrice Imponderabilia de 1977.

Dans Imponderabilia, les visiteurs doivent se faufiler entre deux artistes nus, un homme et une femme, pour entrer dans l’exposition.

Une autre œuvre, intitulée Luminosity, met en scène une femme nue suspendue sur une selle de vélo contre un mur à plusieurs mètres du sol.

Dans Rhythm 0, montré en vidéo au Stedelijk Museum, Marina Abramovic est restée assise immobile sur une chaise pendant six heures pendant que le public avait à sa disposition 72 objets à « utiliser » sur elle comme bon lui semblait.

Les objets comprenaient des fleurs, du miel et des raisins, mais aussi des couteaux, un scalpel, des ciseaux et un pistolet.

Celle qui s’est autoproclamée la « grand-mère de la performance » était sortie de cette expérience presque nue, en pleurant et en saignant, des épines de rose enfoncées dans le ventre. Un homme a même pointé sur elle une arme chargée.

Tout au long de sa carrière, elle a souvent repoussé les limites de l’endurance humaine, au prix parfois de sa santé physique et mentale.

« Mais chaque minute en valait la peine. Je ne changerai jamais rien », explique-t-elle lors d’un entretien avec l’AFP.

« Belles choses »

Cette rétrospective représente un retour aux sources pour l’artiste, titulaire d’un passeport néerlandais, observe Rein Wolfs, directeur du Stedelijk Museum d’Amsterdam.

« Marina a une longue histoire avec la ville. Certaines de ses œuvres les plus importantes ont commencé à paraître à l’époque où elle habitait ici », affirme M. Wolfs

C’est ici qu’elle a rencontré l’artiste allemand Ulay, décédé en 2020, qui fut son complice de création et compagnon pendant près de douze ans.

« Amsterdam est pleine de souvenirs et de belles choses. C’est tellement émouvant pour moi de revenir, déclare Marina Abramovic. J’ai été vraiment attirée par l’aspect humain ici. La liberté de pouvoir dire ce que l’on veut. »

« Mais tout se perd ces jours-ci, déplore-t-elle. Il ne s’agit pas seulement d’Amsterdam, ni des Pays-Bas, mais du monde entier. Tout ce politiquement correct, à bien des égards, restreint réellement la liberté des artistes. C’est si difficile de trouver le bon équilibre. »

L’artiste serbe Marina Abramovic. Ramon van Flymen/ANP/AFP

D’un autre niveau

L’artiste au look caractéristique, longue chevelure noire et vêtements noirs assortis d’un vernis à ongles rouge vif, déambule dans le musée avec une canne.

Demander à un journaliste de se déshabiller ne relève pas d’une performance artistique, explique Marina Abramovic. C’était simplement une réponse à un commentaire qu’il avait fait sur la nudité dans son travail.

« Vous savez, ce jeune garçon parlait de nudité. Il regardait Luminosity avec cette femme nue contre le mur, disant qu’il était très mal à l’aise avec ça et qu’il avait peur de sa propre nudité », explique l’artiste.

« J’ai dit, c’est bon. Tu es maintenant avec moi. Nous faisons exactement les choses dont nous avons peur. Peux-tu te déshabiller et te débarrasser de ta peur ici ? » raconte-t-elle.

« C’était l’interview la plus étrange de ma vie, a lâché le journaliste Max Terpstra. Je suis un grand fan d’Abramovic, mais ce qu’elle vient de faire là était d’un autre niveau. »

Jan HENNOP/AFP

En pleine interview, Marina Abramovic, pionnière de l’art de la performance, se tourne vers le journaliste d’une télévision néerlandaise assis à côté d’elle et lui dit de se déshabiller. Il obéit.« J’en tremble encore. Mais quand Marina Abramovic vous dit de vous déshabiller, vous le faites », raconte Max Terpstra, 25 ans, journaliste de la chaîne de télévision...

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