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Campus - FÉMINISME

Dana el-Sammak : Les droits des femmes passent par la recherche

Stagiaire pour le programme Féminisme politique de la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung, Dana el-Sammak, 2e année de master en études interdisciplinaires de genre à la LAU, est convaincue que la voie académique est tout aussi indispensable que l’activisme de terrain.

Dana el-Sammak : Les droits des femmes passent par la recherche

Dana el-Sammak. PhotoTima Antar


« J’ai l’impression d’être née féministe ! » lance d’emblée Dana el-Sammak, 26 ans, évoquant l’environnement dans lequel elle a baigné depuis son enfance, et plus particulièrement sa mère qui l’a élevée aux valeurs et croyances liées au féminisme. « C’est une femme très forte. J’ai grandi en la regardant se défendre, travailler pour gagner sa vie, détenant cette liberté financière à laquelle j’aspire », affirme cette étudiante. Féministe sans le savoir dès son plus jeune âge, exprimant en toute franchise ses idées, elle a été confrontée à des défis. « Au collège, à des fins de sensibilisation, nous débattions en classe de la façon dont une femme doit s’habiller pour ne pas se faire agresser. Et j’avais lancé une proposition : pourquoi n’apprenons-nous pas aux garçons à ne pas agresser les femmes, ne devrions-nous pas commencer par là ? La classe a éclaté de rire, comme si j’avais dit la blague la plus drôle qu’ils aient jamais entendue », se souvient Dana el-Sammak qui avait réalisé alors qu’elle ne pensait pas comme tout le monde. « Je me démarquais d’une manière que je ne voulais pas. En grandissant, j’ai réalisé que je ne nageais pas dans le même courant que tout le monde. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser au féminisme », poursuit-elle. Ce n’est toutefois que pendant ses années universitaires qu’elle est devenue féministe à proprement parler, lorsqu’elle a commencé à apprendre les théories, notamment à travers la recherche universitaire. « J’ai toujours cru en l’égalité du genre et l’autonomisation (empowerment) des femmes, sans me faire étiqueter en tant que féministe. Durant mes études d’anglais de premier cycle, je choisissais d’écrire pour mes projets sur les principes féministes. Ceci m’a poussée à me spécialiser dans les études de genre pour acquérir les notions théoriques, mais aussi pour développer l’aspect féministe en moi, à travers la voie académique », confie cette étudiante de master 2 en études interdisciplinaires de genre à la LAU. D’ailleurs, Dana el-Sammak est persuadée que la recherche va de pair avec les actions de terrain. « La recherche fondée sur des preuves permet d’autonomiser et de responsabiliser les femmes, mais aussi de transformer la théorie en solutions tangibles parce qu’il y a beaucoup de désinformation dans notre région. Elle permet également d’étayer cette théorie avec des statistiques et des recherches que nous pouvons montrer comme preuve. En plus de protester et se faire entendre, avoir nos recherches pour soutenir nos sentiments et nos émotions est un élément très important qui ne doit pas non plus être sous-estimé », assure-t-elle.

La justice de genre synonyme de justice sociale Joindre les deux mondes, c’est ce dont ambitionne cette jeune féministe quant à sa vie professionnelle, elle qui a toujours voulu travailler dans le domaine associatif et féministe. Actuellement stagiaire à la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung pour le programme Féminisme politique, elle collabore avec l’équipe sur divers projets, comme la publication d’un livre jeunesse sur les féministes arabes de la région, et travaille sur une boîte à outils linguistique inclusive qui enseigne la langue arabe en tenant compte du genre, ainsi que sur un blog autour de la thématique de l’anatomie de la femme et son rapport au capitalisme. Après avoir effectué un stage de cinq mois l’année dernière à l’Institut arabe pour les femmes (AiW) rattaché à la LAU, elle s’était portée volontaire en contribuant à leur journal al-Raïda, rédigeant le profil de femmes pionnières de notre région, pour l’édition du cinquantenaire du journal dont la publication est prévue prochainement. Souhaitant postuler bientôt pour un doctorat, Dana el-Sammak ne perd pas de vue son objectif. « Mon but ultime est la justice sociale, parce que je crois que la justice de genre est aussi synonyme de justice sociale. Personnellement, j’aborde le féminisme dans une perspective intersectionnelle et, par intersectionnelle, j’inclus toutes les femmes, comme les travailleuses migrantes, de même que les individus LGBTQ+ et les hommes qui souffrent de patriarcat et de masculinité toxiques. C’est l’équité et l’égalité pour tous », insiste-t-elle, sans cacher la résistance à laquelle elle est confrontée lorsqu’elle aborde le sujet avec d’autres. Résistance également lorsqu’elle se qualifie de féministe. « Certains supposent simplement que je suis une misandre. Ils ont une si mauvaise compréhension de ce qu’est le féminisme. Le plus grand défi a été d’expliquer que notre combat inclut aussi les hommes, qu’il s’agit d’équité et d’égalité. L’homme et la femme peuvent vivre dans un monde où ni l’un ni l’autre n’a à se battre pour ses droits », explique-t-elle. Sans relâche, elle ne cesse de combattre les stéréotypes associés aux féministes. « Beaucoup de gens essaient d’éviter ce mot à cause de toutes les connotations négatives qui l’entourent, mais je l’utilise même si je dois l’expliquer, en précisant qu’il ne s’agit pas de l’idée qu’ils se font du féminisme, mais de la mienne. Un féminisme qui invite à être plus inclusif et qui vise un monde plus gentil pour nous tous », conclut ainsi Dana el-Sammak.

« J’ai l’impression d’être née féministe ! » lance d’emblée Dana el-Sammak, 26 ans, évoquant l’environnement dans lequel elle a baigné depuis son enfance, et plus particulièrement sa mère qui l’a élevée aux valeurs et croyances liées au féminisme. « C’est une femme très forte. J’ai grandi en la regardant se défendre, travailler pour gagner sa vie, détenant cette...

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