Rechercher
Rechercher

Société - Sécurité

Ce qu'il faut savoir sur la récente campagne de recrutement des Forces de sécurité intérieure au Liban

Avant la crise de 2019, la police comptait 30 000 éléments. Ils ne sont plus que 24 500 environ aujourd’hui, dont 500 partent à la retraite chaque année.

Ce qu'il faut savoir sur la récente campagne de recrutement des Forces de sécurité intérieure au Liban

Des policiers libanais. Anwar Amro/Archives AFP

Alors que les rémunérations dans la fonction publique n’ont toujours pas été ajustées de manière à compenser totalement l’effondrement de la livre libanaise, les Forces de sécurité intérieure (FSI, police) ont annoncé début mars le lancement d’une campagne de recrutement de 800 sergents stagiaires et agents stagiaires, hommes et femmes.

Entamée mercredi 6 mars et relayée par le site officiel de la Direction générale de la police, www.isf.gov.lb, la campagne de recrutement cible les candidats ayant postulé en 2018 et 2019, passé les tests médicaux et réussi les épreuves écrites, et les tests sportifs et d’aptitude physique, à la condition qu’ils souhaitent toujours s’enrôler au sein des FSI. Objectif : regarnir des effectifs qui ont fondu depuis 2019, au point de menacer la capacité de l’État à assurer l’une de ses principales missions régaliennes.

Cette annonce fait suite à une récente décision du Conseil des ministres sortant, le 28 février 2024, publiée dans le Journal officiel. Elle intervient dans un contexte de dévalorisation record de la livre libanaise, qui s’échange aujourd’hui à 89 500 LL pour un dollar, contre 1 507,5 LL avant la crise multiforme qui touche le Liban depuis 2019. Une réalité qui a entraîné une importante perte du pouvoir d’achat des fonctionnaires, corps sécuritaires inclus, dont les salaires payés dans la monnaie nationale ont plongé sous la barre fatidique de 100 dollars.

Près de 6 000 départs et désertions depuis la crise

Les défections se sont alors multipliées, sans parler des départs à la retraite. « Avant la crise de 2019, les FSI comptaient 30 000 éléments (loi n° 17 sur l’organisation des Forces de sécurité intérieure). Ils ne sont plus que 24 500 environ aujourd’hui, dont 500 partent à la retraite chaque année », souligne une source de sécurité informée sous couvert d’anonymat, évoquant les besoins pressants de l’institution en effectifs. Se basant sur des rapports adressés par le ministère de l’Intérieur au gouvernement sortant, le site arabophone d’information alqaous.com, qui traite des affaires de justice, fait état de « 1 107 désertions au sein des FSI entre le 17/10/2019 et le 15/12/2023, et de 5 338 départs pour raisons légales depuis 2017 ».

Lire aussi

Quand les forces de sécurité libanaises sont-elles habilitées à faire usage de la force ?

Dans les détails du communiqué publié par l’institution, toute personne ayant postulé en 2018-2019 peut remplir le formulaire disponible en ligne sur le site des FSI, du 8 au 28 mars. Les candidats et candidates doivent répondre aux conditions suivantes : « Ils ne doivent pas avoir plus de 30 ans pour les titulaires d’un diplôme universitaire ou de son équivalent officiel au 31/12/2024. Ils ne doivent pas avoir plus de 27 ans pour les autres candidats. Ils doivent également être célibataires, divorcé(e)s sans enfant ou veuf(ve)s sans enfant. »

Les candidatures doivent être déposées en personne par les candidats, munis des formulaires remplis et signés, dans tous les postes de police régionaux et auprès des unités de police de Beyrouth à partir du vendredi 08/03/2024 jusqu’au 28/03/2024 inclus, conclut le communiqué.

Mais pourquoi seuls les candidats ayant déjà postulé en 2018 et 2019 sont-ils éligibles ? « Parce que la procédure est longue et fastidieuse, et qu’il est bien plus rapide de recruter les candidats ayant déjà accompli les procédures et les tests d’éligibilité. Sans oublier qu’il faut donner leur chance à ceux qui ont déjà postulé, à la condition qu’ils veuillent toujours intégrer les FSI », observe la source précitée.

Égalité de salaires pour les femmes et les hommes

Les 800 recrues devraient être affrétées à différents services des FSI liés à la sécurité intérieure. Quant aux femmes, dont le nombre n’est toujours pas déterminé, « elles bénéficient au sein de l’institution d’un traitement salarial équivalant à celui de leurs collègues de sexe masculin », assure-t-on de même source.

Lire aussi

L’armée en proie à une hémorragie de ses effectifs

En revanche, aucune mention du salaire qui sera proposé aux candidats. « Un agent des Forces de sécurité intérieure nouvellement embauché recevra un salaire équivalant à 260 dollars environ après la multiplication du salaire de base par 9 et la revue à la hausse des indemnités de déplacement », précise une autre source proche du dossier. En effet, lors de la même séance qui a autorisé leur embauche, le gouvernement sortant a accordé aux militaires, tous services confondus, des indemnités mensuelles de déplacement de 9 millions de LL, en plus d’une indemnité forfaitaire de 12 millions de LL (décret 13019). De même, il leur a accordé des aides sociales mensuelles équivalant à leur salaire multiplié par 9 (décret 13020). Le tout représentant une amélioration minime et provisoire de leurs conditions salariales, en l’absence d’une nouvelle échelle des salaires susceptible de réévaluer les traitements des fonctionnaires.

Selon le site alqaous.com, après les récents réajustements accordés le 28 février dernier, « les salaires mensuels moyens des agents des FSI varient de l’équivalent en livres libanaises de 295 dollars pour un soldat et un caporal, à 703 dollars pour un général ». Des salaires qui ne permettent toujours pas de faire vivre une famille.

« Les salaires des FSI sont peut-être parmi les plus bas, mais ce service est l’un des seuls à n’avoir pas lancé de grève. Il a poursuivi sa mission en dépit de la crise », rappelle la source sécuritaire. « Grâce à l’institution des Forces de sécurité intérieure, épaulée par l’armée libanaise, Beyrouth est une capitale sûre », confirme Omar Nachabé, directeur du site alqaous.com et auteur d’études sur les prisons du Liban. « Mais pour accompagner les changements démographiques, il est nécessaire d’embaucher encore plus et d’amender la loi dans ce sens », insiste-t-il.

Ces démarches suffiront-elles à convaincre les candidats ? 

Alors que les rémunérations dans la fonction publique n’ont toujours pas été ajustées de manière à compenser totalement l’effondrement de la livre libanaise, les Forces de sécurité intérieure (FSI, police) ont annoncé début mars le lancement d’une campagne de recrutement de 800 sergents stagiaires et agents stagiaires, hommes et femmes. Entamée mercredi 6 mars et...

commentaires (1)

Faut pas s'en faire pour eux... La moitié est a la solde de BERRICHOU

Emile G

19 h 50, le 12 mars 2024

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Faut pas s'en faire pour eux... La moitié est a la solde de BERRICHOU

    Emile G

    19 h 50, le 12 mars 2024

Retour en haut