Les députés de la Modération nationale entourant le chef du Parlement Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, le 9 mars 2024. Photo Parlement libanais
Les députés de la Modération nationale, porteurs d'une initiative visant à mettre fin à plus de 16 mois de vacance présidentielle, se sont entretenus samedi avec le président de la Chambre, Nabih Berry, qui avait pourtant qualifié plus tôt dans la semaine leur proposition de « loufoque ». Ces députés poursuivront mardi leurs contacts avec les différentes formations politiques, a indiqué une source au sein du bloc à L'Orient-Le Jour, tandis que le parlementaire Walid Baarini a affiché, de Aïn el-Tiné, son optimisme quant à l'issue de ce projet.
Le bloc de la Modération nationale, constitué de députés majoritairement sunnites ex-haririens, a effectué ces derniers jours une tournée auprès de tous les protagonistes en vue de promouvoir leur proposition de mener des concertations au Parlement suivies de séances électorales ouvertes jusqu'à l'élection d'un nouveau chef de l'État. Le palais de Baabda n'a pas de locataire depuis le départ de Michel Aoun, en octobre 2022, à la fin de son mandat.
Dans des propos au journal al-Joumhouriya mardi dernier, M. Berry s'était dit « étonné » de « l’idée véhiculée par certains et axée sur des réunions (informelles) à la Chambre », dans une critique implicite de l’initiative de la Modération nationale. « Cette proposition loufoque reflète une certaine forme de légèreté politique à l’heure où le Liban traverse l’une des phases les plus délicates de son histoire », avait-il lancé. « On a l’impression que ces députés (qui participeront aux concertations) seront réunis à l’hémicycle par pure coïncidence et évoqueront la présidentielle à l’issue de cette réunion voulue par le destin », a ajouté M. Berry, non sans ironie. De son côté, le Hezbollah s'était abstenu, après une réunion avec la Modération nationale en début de semaine, de donner immédiatement suite à la proposition du groupe et avait affiché son soutien constant à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié.
Proposition écrite
Une source au sein de la Modération nationale a malgré tout précisé à L'Orient-Le Jour que la réunion de samedi avec Nabih Berry avait été « positive » et que le groupe parlementaire était en train de préparer, à la demande de le président de la Chambre, une version écrite de sa proposition, dans la perspective de la prochaine phase de contacts avec les groupes. Cette phase devrait débuter mardi selon cette source.
« Cette rencontre était positive », a affirmé de son côté Nabih Berry, cité par la chaîne al-Jadeed en soirée. « C'est moi qui définit le mécanisme de l'initiative. Il n'y a pas de président autre que le président du Parlement », a-t-il toutefois tenu à rappeler.
« À ceux qui affirmaient que l'initiative avait été torpillée, nous avons une bonne nouvelle : elle a au contraire reçu une grande impulsion », a en outre affirmé le député Baarini de Aïn el-Tiné, dans des propos rapportés par l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). Selon lui, « la deuxième tournée » auprès des formations politiques ne sera peut être pas « médiatisée », « mais nous prouverons à l'opinion publique, dans le pays et à l'étranger, que l'initiative réussira ». M. Baarini a encore indiqué que le « mécanisme » de l'initiative avait été établi de manière « très positive » avec Nabih Berry, et que son bloc « attend la réponse du Hezbollah » à son sujet, étant donné que son avis est « essentiel ». Il a ajouté que M. Berry s'était dit « optimiste » quant à l'initiative.
La situation politique au Liban a également fait l'objet d'un entretien entre M. Berry et le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, selon l'Ani.
"C'est moi qui définit le mécanisme de l'initiative. Il n'y a pas de président autre que le président du Parlement". Traduisons en français courant: "L’État, c’est moi!". Il me semble avoir déjà entendu ça quelque part.
08 h 16, le 10 mars 2024