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Nos Lecteurs ont la Parole

Les scénarios possibles de fin de guerre en Ukraine


Cela fait maintenant près de deux ans que la Russie de Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine. Quand cette guerre va-t-elle finir ? Va-t-elle s’intensifier en 2024 et 2025 ou bien pouvons-nous espérer un cessez-le-feu ? Et dans ce cas, la signature d’un traité de paix est-elle possible ou entrerons-nous dans une nouvelle guerre froide au long cours avec le risque d’une grande guerre en Europe ?

Quatre scénarios de fin de guerre sont possibles. Le deuxième, celui d’une débandade de l’armée russe, semble improbable, mais il faudrait néanmoins l’évoquer.

1- La capitulation de l’Ukraine. La Russie serait gagnante sur toute la ligne. L’élection de Trump aux États-Unis pourrait favoriser cette hypothèse. Certains pays européens, comme la Pologne ou les pays baltes, seraient sous la menace directe de la Russie et pourraient intervenir pour éviter l’effondrement militaire de l’Ukraine. Il en résulterait une tension extrême en Europe. La question d’une implication directe de la France, de la Grande-Bretagne ou des États-Unis serait posée.

2- La victoire de l’Ukraine suite à la débandade de l’armée russe. Si cela devait se produire, la Russie serait alors menacée d’éclatement, une révolution de palais ou un soulèvement populaire seraient possible. Dans cette hypothèse, Poutine pourrait employer l’arme nucléaire tactique sur le champ de bataille pour bloquer l’avancée de l’armée ukrainienne.

3- Un cessez-le-feu avec un front gelé, comme en Corée. L’Ukraine serait alors dans une situation d’extrême attrition rendant la poursuite de la guerre impossible. Ce cas de figure nous ferait entrer dans une nouvelle guerre froide qui pourrait à tout moment devenir une guerre chaude. L’Ukraine serait alors amputée d’une partie importante de son territoire mais pourrait signer des accords de défense avec l’OTAN ou avec l’Europe afin de sanctuariser son territoire.

4- La signature d’un traité de paix entre la Russie et l’Ukraine. Cela suppose des concessions de la part des deux protagonistes qui pourraient accepter un cessez-le-feu et engager des négociations visant à sortir de la guerre de manière pacifique.

Il existe des raisons objectives qui pourraient conduire à l’arrêt des combats. Une majorité d’Ukrainiens, usés par la guerre, pourraient pousser leur gouvernement à la négociation et l’Ukraine pourrait ainsi se reconstruire. Le pouvoir russe, constatant l’impasse dans laquelle il se trouve, pourrait, lui aussi, être amené à faire des concessions, car la Russie aujourd’hui n’est pas certaine de sa victoire et doit faire face à la résistance de l’armée ukrainienne, renforcée prochainement par la mise à disposition des avions de combat américains F16, au harcèlement de l’armée russe dans le Donbass et en Crimée et même à l’exportation de la guerre sur le territoire russe.

Le plan de paix devrait avoir comme préalable le retrait de l’armée russe sur ses positions d’avant le 24 février 2022 et donner à l’Ukraine toutes les garanties internationales à l’exercice de sa pleine souveraineté. Les Casques bleus de l’ONU seraient déployés dans les provinces du Donbass et seraient les garants de la sécurité des habitants.

Toutes les milices devraient quitter le Donbass et en être définitivement exclues. Les populations, déplacées en conséquence de la guerre, auraient la possibilité de retour sans entrave d’aucune sorte. Elles auraient la possibilité de choisir leur lieu de résidence dans des territoires administrés par la Russie ou par l’Ukraine.

Afin d’évaluer les préjudices humains et matériels de la guerre déclenchée le 24 février 2022 par la Russie, une commission internationale mandatée par l’ONU serait installée pour déterminer le montant des dommages de guerre qui seraient versés aux victimes civiles de ce conflit. Les auteurs des crimes de guerre seraient poursuivis et jugés.

La reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée serait conditionnée au résultat d’un référendum d’autodétermination de ses habitants organisé sous le contrôle de l’ONU. La navigation commerciale en mer Noire serait libre et garantie.

Des négociations sur la sécurité en Europe seraient ouvertes avec l’objectif de réduire les arsenaux militaires en général et nucléaires en particulier. Dans ce cadre, un statut de neutralité pourrait être proposé à l’Ukraine qui en déciderait souverainement.

Les sanctions économiques contre la Russie seraient progressivement levées selon le calendrier d’application du plan de paix.

L’Ukraine devra reconstruire son économie, la développer et la diversifier afin de pouvoir à terme intégrer l’Union européenne. Des accords commerciaux favorables devront lui être accordés pendant la période de transition.

Le 16 février, nous avons appris la mort d’Alexeï Navalny au centre pénitentiaire de Kharp, dans l’extrême nord de la Russie. Opposant politique de Vladimir Poutine, il avait été condamné à 19 ans de prison. C’était un homme d’un grand courage qui a consacré sa vie à la lutte contre la corruption.

Jusqu’au 16 février, il était encore possible d’envisager des pourparlers de paix avec le régime en place à Moscou. Depuis la mort de Navalny, l’évolution du conflit se teinte d’un grand pessimisme. Le président français Emmanuel Macron a déclaré que la Russie ne peut et ne doit pas gagner la guerre en Ukraine. Or la Russie exerce aujourd’hui une pression militaire considérable sur l’armée ukrainienne à cours de munitions d’artillerie. Une percée russe sur la ligne de front n’est plus à exclure. Dans ce contexte tendu, le président français a évoqué la possibilité de l’envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien. Même si ces propos ont suscité une levée de boucliers dans plusieurs capitales européennes, il n’en reste pas moins que cette hypothèse n’est plus à exclure. Sommes-nous en marche vers une guerre ouverte avec la Russie, qui pourrait conduire à une troisième guerre mondiale, avec une utilisation possible d’armes nucléaires ?

A contrario, le président Poutine est-il capable de proposer aujourd’hui une paix juste en respectant le statut de souveraineté et d’indépendance de la nation ukrainienne ? Il faudrait pour cela que le président russe renonce à ses buts de guerre de « dénazifier et démilitariser l’Ukraine », c’est-à-dire installer un gouvernement prorusse à Kiev, détruire l’armée ukrainienne et, bien sûr, conquérir la totalité du Donbass ainsi que le sud de l’Ukraine avec la ville d’Odessa et sa région.

On le voit, les perspectives d’une paix prochaine semblent infimes. Faudra-t-il infliger à la Russie des pertes militaires telles qu’elle comprendra qu’il est temps d’arrêter sa guerre d’agression ? C’est une stratégie possible mais extrêmement dangereuse.

Nous ne pouvons qu’espérer que l’escalade guerrière prenne fin et que la raison l’emporte à Moscou et à Kiev.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Cela fait maintenant près de deux ans que la Russie de Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine. Quand cette guerre va-t-elle finir ? Va-t-elle s’intensifier en 2024 et 2025 ou bien pouvons-nous espérer un cessez-le-feu ? Et dans ce cas, la signature d’un traité de paix est-elle possible ou entrerons-nous dans une nouvelle guerre froide au long cours avec le risque d’une grande...

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