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Campus - PORTRAIT

Rym Badran pour le leadership des filles

À 16 ans, elle avait lancé Girl UP Liban. Aujourd’hui, elle a 20 ans et reste engagée sur différents fronts. Pour la militante, le féminisme commence dès la fleur de l’âge.

Rym Badran pour le leadership des filles

Rym Badran. Photo Sarah Badran


Que ce soit par le biais de son travail bénévole associatif ou ses études académiques, Rym Badran prend son engagement à cœur. Elle, qui trouve inconcevable que les femmes ou encore les jeunes filles soient marginalisées, s’est retrouvée sur cette voie, alors qu’elle était encore sur les bancs de l’école. En classe de 5e, intéressée déjà par la politique et le droit, alors qu’elle s’exprimait sur sa volonté de tracer une carrière dans ce domaine, un garçon lui fait remarquer qu’une femme ne peut pas diriger un pays. « Personne n’avait objecté, comme si ce qu’il venait de déclamer était une pure évidence. C’était ma première prise de conscience ! » se rappelle Rym Badran qui poursuit aujourd’hui une double spécialisation, justement, en sciences politiques et relations internationales à l’Université libano-américaine (LAU) et en droit à Paris 2 - Panthéon Assas, études qu’elle effectue en ligne. La première inspiration de cette étudiante de 3e année : sa mère et ce qu’elle lui a inculqué depuis son enfance jusqu’à son adolescence. « Elle a toujours représenté la figure de la femme forte, indépendante. J’ai ainsi grandi dans un environnement qui soutenait les idées féministes », souligne la jeune femme. Évoquant cette perception du monde qui a forgé sa personnalité, elle explique le choc qu’elle a vécu au contact de la réalité. Choc qui l’a incitée à s’engager pour la cause féministe. Ainsi, au-delà des idées théoriques, la collégienne qu’elle était s’est jointe au club féministe de son école, bien que réservé aux lycéens. Club dont elle est devenue présidente en classe de seconde, à 15 ans. « J’ai voulu créer un espace où les jeunes filles pouvaient s’exprimer en toute confiance, dans une culture patriarcale, voire misogyne parfois. » Parmi les activités que le club avait alors organisées, en marge des projections de films et débats, certaines visaient à encourager les filles à entreprendre des études scientifiques ou à collecter des fonds pour des associations féministes. Cependant, son activisme au sein de son établissement scolaire n’assouvissait pas sa soif. « Je voulais m’engager dans le féminisme en dehors de l’école également. De même, autour de moi, beaucoup d’écolières souhaitaient avoir l’opportunité, comme moi, de se porter volontaires auprès d’un mouvement féministe, faute d’un club dédié à cette cause dans leur établissement », poursuit Rym Badran. En parallèle, intégrer des associations ne la tentait pas. « À l’époque, celles-ci ne prenaient pas les jeunes activistes au sérieux. Étant des bénévoles, aucune fonction de direction ne nous était administrée. Cela m’a motivée à changer la donne, à agir, sans attendre qu’on me propose l’opportunité souhaitée », explique-t-elle. Prenant ainsi les rênes de sa vie, elle décide d’initier un mouvement au Liban, tout en cherchant pour commencer le soutien d’une association. Et l’occasion se présenta suite à son exploration sur les réseaux sociaux de pages soutenant le féminisme. En 2019, elle tombe sur une annonce postée par le mouvement international Girl Up, appelant des volontaires à postuler à la fonction de conseillère pour adolescents au sein de leur équipe. « J’ai postulé et j’ai été sélectionnée avec 23 autres filles originaires de plusieurs pays. Je fus ainsi la première Libanaise à remplir ce rôle. C’est durant cette période que j’ai eu l’idée de lancer Girl Up au Liban », se souvient-elle. Axé sur le leadership des adolescentes, ce mouvement vise à développer les compétences des jeunes filles, leur permettant de devenir les leaders de demain. « Ce que nous prônons, c’est le leadership des filles, nous voulons créer un espace où elles se sentent autonomes, entendues, un espace où elles peuvent s’engager dans la société, mais aussi, grâce à cela, où elles acquerront des compétences qu’elles utiliseront dans d’autres domaines », explique ainsi la jeune étudiante.

Du club scolaire à la collaboration avec UN Women

Après avoir créé la page Instagram de Girl Up Liban, Rym Badran y a posté un appel pour recruter celles qui seront intéressées à se joindre au mouvement. Avec les quatre jeunes filles qui y ont répondu et elle-même comme présidente, le conseil de direction fut formé. Rym Badran, 16 ans, lance alors officiellement Girl Up Liban dont elle a été présidente de 2019 à 2021. Aujourd’hui, le mouvement compte 50 membres volontaires de 14 à 23 ans, originaires de toutes les régions libanaises. « Je pensais que le recrutement de membres serait un défi, mais ceci n’a pas du tout été le cas. J’ai été surprise de recevoir un nombre élevé de demandes », avoue celle qui a fondé également Girl Up MENA 2020, une coalition du mouvement dans le monde arabe et qu’elle a présidée jusqu’en 2022. Le mouvement organise des sessions de sensibilisation destinées à ses membres et s’engage sur le terrain en collaboration avec d’autres associations, que ce soit au niveau de la collecte de fonds ou de la sensibilisation auprès de certaines communautés. « Nous tenons compte ainsi de l’intérêt de nos membres, mais aussi des besoins de la société », note cette féministe. Au niveau des thématiques, Girl Up Liban axe ses actions de façon à répondre à différentes problématiques en fonction du contexte libanais, telles que le droit à l’éducation, la précarité menstruelle, ou encore la violence à l’encontre des femmes et le mariage des mineures. Pour cette année, le mouvement aborde en plus comme thématique les femmes dans les domaines légal et politique. En parallèle, Girl Up Liban fait partie du comité d’organisation pour les recommandations de la Commission de la condition de la femme des Nations unies - UN Women (CSW). « Nous effectuons des consultations, lancées par cet organisme, auprès des jeunes du Liban et du monde arabe pour recueillir leurs priorités », souligne Rym Badran, actuellement membre du conseil consultatif de Girl Up Liban et membre du conseil consultatif de la région MENA. Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, ce mouvement de jeunes féministes organise des événements variés pour le mois de mars. « Nous effectuons une campagne sur les réseaux sociaux mettant en avant les féministes arabes et libanaises qui nous ont soutenues ou qui ont eu une énorme influence sur le travail que nous faisons. Nous organiserons également une session de formation juridique sur la violence basée sur le genre pour nos membres », conclut Rym Badran.

Que ce soit par le biais de son travail bénévole associatif ou ses études académiques, Rym Badran prend son engagement à cœur. Elle, qui trouve inconcevable que les femmes ou encore les jeunes filles soient marginalisées, s’est retrouvée sur cette voie, alors qu’elle était encore sur les bancs de l’école. En classe de 5e, intéressée déjà par la politique et le droit, alors...

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