Édito Édito

Bordel

Quand un vaisseau navigue à vue, sans boussole ni capitaine, un accident est vite arrivé. Dans un pays privé de son pouvoir exécutif, tout devient possible : le crime abject de Bécharré qui a failli provoquer une fitna et ne doit pas rester impuni ; la flambée des prix et l’exploitation du consommateur par des commerçants sans scrupules ; l’absence de plan concret pour tenter de restituer l’argent aux déposants et amorcer le redressement économique attendu ; des finances publiques gérées à la va-comme-je-te-pousse ; la fermeture quasi totale des administrations au détriment des intérêts des citoyens… Par leurs atermoiements et leur incapacité à élire un président, par leur dépendance à l’égard des puissances mondiales ou régionales, nos députés jouent avec le feu, et risquent de faire basculer le pays dans la guerre civile. Car la disparition de l’État de droit au profit d’un État dans l’État, et la paralysie des institutions sont les prémices d’un clash prochain opposant des belligérants qui profiteraient du bordel ambiant pour foutre le bordel. On cite souvent le discours de 1931 du général de Gaulle, alors commandant, à la cérémonie de distribution des prix de l’Université Saint-Joseph. « Il vous appartient de construire un État », y affirme-t-il, s’adressant à la jeunesse libanaise. L’État, que les politiciens mafieux combattent parce qu’il est leur négation même et les empêche de mener à bien leurs sombres affaires, n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Pour le sauvegarder, encore faut-il éviter la vacance du pouvoir exécutif et respecter la Constitution, devenue élastique au gré des stratégies ourdies par nos dirigeants. À moins que tout ce bordel ne s’inscrive dans le cadre d’un scénario diabolique plus vaste, visant précisément à saper les fondements de l’État libanais et à nous infliger la présence permanente de deux millions de déplacés impossibles à gérer, pour nous faire avaler, le moment venu, toutes sortes de couleuvres. Le Liban est comparable à un malade qu’on affaiblirait volontairement pour l’empêcher de se défendre contre les virus à venir. Seule la mise en place immédiate d’un exécutif capable peut encore le sauver.


Quand un vaisseau navigue à vue, sans boussole ni capitaine, un accident est vite arrivé. Dans un pays privé de son pouvoir exécutif, tout devient possible : le crime abject de Bécharré qui a failli provoquer une fitna et ne doit pas rester impuni ; la flambée des prix et l’exploitation du consommateur par des commerçants sans scrupules ; l’absence de plan concret pour tenter de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut