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Moyen-Orient - Dans la presse

"L'improbable plan" américain pour revitaliser les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne

Des journalistes du Washington Post ont pu se rendre dans un centre d'entraînement des forces de sécurité palestiniennes financé par les Etats-Unis.

Des membres des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, le 15 décembre 2020 près de Naplouse, en Cisjordanie occupée. Photo d'illustration JAAFAR ASHTIYEH / AFP

Alors que les Etats-Unis plaident pour un renflouement et une réforme de l'Autorité palestinienne (AP) du président Mahmoud Abbas afin qu'elle puisse gérer à Gaza la période post-conflit entre le Hamas et Israël, la question des capacités des forces de sécurité palestinienne pose problème. Dans un article du Washington Post publié le 5 mars, des journalistes du quotidien américain racontent ces défis, après s'être rendus dans un centre d'entraînement des forces de l'AP à Jéricho, financé par les Etats-Unis.

« Malgré deux décennies de réformes, les forces de sécurité (palestiniennes) restent chroniquement sous-financées et largement impopulaires, mal équipées pour assumer les responsabilités massives envisagées par leurs bailleurs de fonds occidentaux », écrivent Miriam Berger, Sufian Taha et Loveday Morris, après leur visite en février à l'« Institut central de formation de l'Autorité palestinienne » qui a ouvert ses portes en 1994.

Le site actuel, qui fait partie d'une dizaine d'installations de formation, a été construit en 2008, au tout début des efforts déployés par les États-Unis pour reconstruire, former et financer la force, précise le quotidien américain.

« Alors que nous nous efforçons de parvenir à la paix, Gaza et la Cisjordanie devraient être réunies au sein d'une structure de gouvernance unique, sous l'égide d'une Autorité palestinienne revitalisée », avait écrit le président américain Joe Biden dans une tribune publiée par le Washington Post en novembre.

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Le 26 février, le président Abbas a accepté la démission du gouvernement, annoncé le jour même, à l'heure où les tractations en coulisses s'intensifient pour réformer le leadership politique palestinien dans le cadre de « l'après-guerre » à Gaza, rapportait l'AFP. En réaction, les Etats-Unis avaient salué le processus de réformes engagé au sein de l'AP. Depuis des affrontements fratricides en juin 2007, le leadership palestinien est divisé entre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, tandis que le Hamas contrôle la bande de Gaza.

« Les forces de sécurité palestiniennes ne peuvent pas intervenir pour mettre fin à la violence des colons israéliens ou aux raids militaires. Ils ne sont pas non plus les bienvenus dans certaines villes palestiniennes, où les groupes militants sont devenus les autorités de facto », rappelle le Washington Post. « Aujourd'hui, les membres ne peuvent même pas compter sur un salaire régulier », ajoute le quotidien, qui précise que l'AP a versé à ses employés moins de la moitié de leur salaire depuis le 7 octobre 2023, en raison d'une impasse sur les recettes fiscales avec Israël.

 « L'Autorité palestinienne n'est pas prête à se rendre à Gaza »

Même les munitions se font rares. Citant de manière anonyme le colonel qui dirige le centre d'entraînement, le Washington Post explique que depuis un an, il n'y a pas de balles réelles dans l'établissement. « Certains groupes sont envoyés en Jordanie pour s'entraîner avec de vraies armes », explique-t-il.

Le renforcement des forces de sécurité palestiniennes par l'intermédiaire du département d'État nécessiterait un nouveau mandat, a déclaré au journal un diplomate occidental sous couvert d'anonymat afin d'évoquer des questions sensibles. « L'Autorité palestinienne n'est pas prête à se rendre à Gaza et ne le sera pas de sitôt », ajoute ce diplomate. « Je ne pense pas qu'elle ait les effectifs nécessaires pour le faire, ni la volonté, ni la connaissance de la bande de Gaza.

« Dès le départ, ces dirigeants (de l'AP à Ramallah) et leurs soutiens américains se sont préoccupés de la fonctionnalité et de l'efficacité des forces de sécurité pour contenir tout affrontement ou toute résistance à l'AP, et non de la légitimité publique », affirme Alaa Tartir, chercheur principal à l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

L'ironie de la situation

Mais « tout cela n'est pas pour la sécurité du peuple palestinien », ajoute-t-il. « Et c'est là le plus ironique. ... elle (la force de sécurité palestinienne) a été réformée afin d'assurer la stabilité, la coordination de la sécurité et la sécurité d'Israël en premier lieu ».

« Forte aujourd'hui de 35 500 membres, cette force est souvent ouvertement en désaccord avec le public qu'elle est censée servir. Ses membres ont réprimé les manifestations palestiniennes contre la guerre à Gaza », écrit le Washington Post.

Le conflit déclenché le 7 octobre a été provoqué par une attaque sans précédent menée en Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. En représailles, Israël a juré « d'anéantir » le Hamas et lancé une vaste offensive militaire dans la bande de Gaza qui a fait plus 30.717 morts à Gaza, en grande majorité des civils, depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan en date du ministère de la Santé du Hamas.

« Après avoir reçu plus d'un milliard de dollars de fonds étrangers, les forces de sécurité de l'AP ne sont plus ce qu'elles étaient sous le règne de Yasser Arafat », explique Ghaith al-Omari, membre du groupe de réflexion Washington Institute et ancien conseiller de l'équipe de négociation palestinienne, cité par le Washington Post. « Le problème réside dans la politisation de la direction des forces de sécurité », selon lui. « Compte tenu de la mauvaise situation actuelle de l'Autorité palestinienne, il est très difficile de voir comment elle peut assurer le travail de sécurité », conclut l'expert.

Lire l'intégralité de l'article du Washington Post ici.

Alors que les Etats-Unis plaident pour un renflouement et une réforme de l'Autorité palestinienne (AP) du président Mahmoud Abbas afin qu'elle puisse gérer à Gaza la période post-conflit entre le Hamas et Israël, la question des capacités des forces de sécurité palestinienne pose problème. Dans un article du Washington Post publié le 5 mars, des journalistes du quotidien américain...

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