Dirigée par un Libanais, la start-up émiratie Million lance une application de monétisation de contenu

Fondée par le Libanais Julien Hawari, l’application Million, développée par la start-up éponyme basée aux Émirats arabes unis, permet aux créateurs de contenu en ligne d’être rémunérés pour celui-ci via un modèle d’abonnement.

Né à Beyrouth mais ayant vécu la majorité de sa vie à Paris, Julien Hawari a lancé en 1997 avec son frère Alexandre la société de publication et de médias Mediaquest à Dubaï. Et c’est lors d’un dîner il y a quelques années qu’il a eu l’idée de son nouveau projet, un peu « par accident » : « J’étais assis à côté d’une créatrice de contenu et je me souviens qu’elle me disait qu’elle se sentait comme dans une cage de verre. Elle avait l’impression d’être piégée par les annonceurs qui restreignaient sa liberté en lui disant quoi faire et quoi porter. »

« Dans une entreprise de réseaux sociaux traditionnelle, il y a d’une part les créateurs de contenu et d’autre part les consommateurs de ce contenu, sans qu’il n’y ait de relation transactionnelle réelle entre ces deux parties », explique le PDG. Au moment où les créateurs publient du contenu sur une plateforme traditionnelle comme Instagram et TikTok, la valeur monétaire de ce contenu est pratiquement nulle, ajoute-t-il.

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« Les créateurs vivent généralement des sponsors et des marques publicitaires qui les soutiennent. » Cela crée souvent une situation où les personnalités sur les réseaux sociaux se retrouvent simplement à relayer le récit des marques qui les rémunèrent, perdant ainsi le contrôle sur les histoires qu’elles souhaitent réellement publier, explique-t-il. « Le modèle actuel des réseaux sociaux crée un monde où l’authenticité est perdue. »

Une étude de 2022 de Mavrck, une plateforme leader dans ce secteur, avait présenté des chiffres similaires, où seuls 27 % des créateurs de contenu aux États-Unis avaient déclaré recevoir des fonds réels pour ce qu’ils offrent dans le domaine numérique. Julien Hawari a vu la nécessité de transformer la structure actuelle et de créer un nouveau système qui remodèlerait directement la relation entre les créateurs et leur public. Une plateforme comme Million permet aux créateurs de contenu de « vivre de leur métier (que ce soit du contenu, des produits, des marchandises ou du commerce électronique), de le monétiser et de gagner leur vie de cette manière », explique Julien Hawari.

Million est-elle vraiment différente ?

Les créateurs pourront ainsi facturer directement à leur public des frais d’abonnement sur une base mensuelle, comme sur d’autres plateformes de contenu exclusif existantes à l’instar de Patreon. « Si vous avez 1,000,000 abonnés sur des plateformes comme Instagram ou TikTok, que vous en déplacez 100,000 vers Million et que vous facturez 2 dollars par utilisateur chaque mois, cela représenterait 2.4 million de dollars par an pour le créateur », explique-t-il, en plus de ce qu’une marque moyenne serait prête à payer aux célébrités et aux influenceurs aujourd’hui. Cela leur permettrait de développer individuellement leurs entreprises.

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Tout comme les créateurs de la start-up espèrent améliorer la manière dont les créateurs font des affaires, ils entendent également  récompenser leurs utilisateurs. Ainsi, en tant que fan d’une célébrité, d’une personnalité ou d’un créateur particulier, plus vous passez de temps sur l’application, plus vous pourrez gagner d’argent. « Million ne vise pas le fan moyen », mais plutôt le « super fan » qui est déjà engagé avec les comptes sur les réseaux sociaux de ses créateurs préférés et qui est prêt à payer pour leur contenu, selon Julien Hawari. Ces fans « veulent savoir ce qui se passe en coulisses ». « Prenons un fan de Beyoncé par exemple, les super fans seraient en mesure de voir comment elle crée une chanson et se sentir comme s’ils en faisaient partie grâce à la plateforme », explique-t-il.

Projets d’expansion

Compte tenu des tensions géopolitiques dans la région, notamment des bombardements israéliens sur Gaza depuis le 8 octobre, les créateurs de contenu et influenceurs ont souffert de vagues de bannissement et d’autres restrictions sur les plateformes appartenant au groupe Meta (ex-Facebook) en raison de leur soutien aux Palestiniens. « Les créateurs finissent par réaliser qu’ils construisent une entreprise qu’ils ne possèdent pas et pourraient tout perdre d’un simple clic », déclare Julien Hawari. Million, dit-il, vise à contrer ces obstacles.

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Pour l’instant, Million a été financée par des amis, la famille et des entreprises partenaires, que le PDG n’a pas nommées. « Mais nous nous préparons actuellement à attirer davantage d’investisseurs institutionnels qui nous aideront à accélérer la croissance de la plateforme dans la région. »

Interrogé sur le flux de revenus de la start-up, Julien Hawari indique à L’Orient Today qu’ils prendront entre 30 et 40 % de chaque transaction effectuée sur la plateforme. En comparaison, des plateformes comme Amazon versent une commission de 1 à 20 % de chaque vente aux créateurs, selon le produit. Apple facture 30 % sur les livres vendus. Bien qu’elle soit déjà disponible, Million va continuer de lancer progressivement une série de fonctionnalités supplémentaires par phases.

Une version précédente de cet article indiquait que « Si vous avez 100,000 abonnés sur des plateformes comme Instagram ou TikTok, que vous en déplacez 50,000 vers Million et que vous facturez 2 dollars par utilisateur chaque mois, cela représenterait 1.2 million de dollars par an pour le créateur ». L'exemple a été modifié dans l'article, le mercredi 6 mars.