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Société - Education

Une pension multipliée par six pour les retraités de l’école privée au Liban

La mesure est provisoire, dans l'attente de voir le sort réservé aux deux textes de lois sur la revalorisation des retraites des enseignants.

Une pension multipliée par six pour les retraités de l’école privée au Liban

La salle de bibliothèque de l'école privée du Collège des sœurs Antonines de Roumieh. Photo d'archives prise en mars 2023, AMH/OLJ

« La caisse de retraite des enseignants de l’école privée a commencé à verser des pensions de retraite d'une valeur de six salaires (équivalente à six anciens salaires) », a annoncé jeudi le ministre sortant de l’ducation, Abbas Halabi. L’annonce survient au terme d’un accord approuvé par le Conseil des ministres entre la Fédération des établissements éducatifs privés, le Syndicat des enseignants du privé et la direction de la Caisse de retraite des enseignants, sous l’égide du ministère de l’Education.

« Face à la menace de grève des enseignants du privé dont les retraites ne valaient plus rien depuis l’effondrement de la livre libanaise (dès octobre 2019), nous avons annoncé que nous étions prêts à payer 10 dollars (900 000 LL environ) par élève pour couvrir la pension initiale des 3970 enseignants retraités multipliée par six », explique à L’Orient-Le Jour le secrétaire général des écoles catholiques, le père Youssef Nasr, également représentant de la Fédération des établissements éducatifs privés.

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«Nous avons menacé les établissements privés de grève ouverte si les conditions des retraités n’étaient pas améliorées rapidement, souligne de son côté le président du syndicat des enseignants, Nehmé Mahfoud. Il rappelle que les pensions mensuelles oscillaient avant cet accord entre 1 million et demi et 3 millions de LL (soit entre 16,75 et 33,51 dollars). « Afin de respecter leurs récents engagements envers leurs professeurs retraités, les établissements doivent alimenter la caisse des retraites de 60 milliards de LL par mois », précise le syndicaliste.

Les retraités n'ont pas même le prix d'une boîte de médicament

L’accord, qui repose sur la multiplication par six des pensions de retraite des enseignants du privé, est une mesure provisoire et dans l’urgence, le temps de connaître le sort de deux textes de lois, votés en décembre 2023, revalorisant la retraite des enseignants, sachant que le Code du travail ne s’applique pas aux professeurs du privé ou du public. Le premier texte permet l’alimentation durant un an par l’État de la caisse des retraites des enseignants du privé à hauteur de 650 milliards de LL (le temps que la caisse s’autoalimente). Le second amende la loi de 1956 de gestion du corps professoral et du budget scolaire des écoles privées, de sorte à ce que les cotisations des établissements éducatifs à la caisse soient versées en dollars et atteignent 8% du salaire de chaque enseignant, aides en dollars comprises. 

Depuis l’effondrement de la livre libanaise face au dollar (un dollar s’échange à 89 500 LL aujourd'hui contre 1507,5 LL avant octobre 2019), « la pension des retraités de l’enseignement privé ne leur permet pas de payer leur assurance, ni même le prix d'une boîte de médicaments », a déploré jeudi le ministre Abbas Halabi, lors d’une conférence.

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Le 15 décembre 2023, sous la forte pression du syndicat des enseignants du privé, le Parlement avait donc adopté les deux lois précitées. Mais une fois avalisées par le gouvernement sortant le 19 décembre, et au lieu d’être publiées par le Premier ministre sortant Nagib Mikati dans le Journal officiel, elles ont été renvoyées au Parlement pour une deuxième lecture, le 12 janvier 2024. Car entre temps, les écoles catholiques, fortement opposées à ces deux législations, avaient menacé de grève ouverte. En plus de la dollarisation des cotisations à la caisse de retraite des enseignants, et de la hausse du pourcentage imposé, elles rejetaient également l’obligation de présenter un quitus comme preuve de leur contribution à la caisse.

Des établissements privés se font prier

Après leur renvoi, les deux textes (ainsi qu’un troisième sur les anciens baux non-résidentiels) ont été examinés par les Commissions parlementaires mixtes. Celles-ci ont estimé mardi que le renvoi de ces textes au Parlement est anticonstitutionnel. « C’est à présent à l’assemblée plénière de prononcer son verdict », précise Nehmé Mahfoud.

« Dans l’attente, les cotisations des écoles catholiques à la caisse de retraite des enseignants ont déjà atteint 105 milliards de LL et couvrent les pensions de retraite des mois de janvier et février 2024 », affirme le père Nasr. « Notre objectif est d’atteindre 180 milliards de LL pour couvrir le mois de mars », précise-t-il, invitant les établissements scolaires à faire le nécessaire. Un appel qui s’ajoute à celui du ministre sortant de l’Education et du président du Syndicat des enseignants. « Les établissements scolaires doivent s'acquitter des cotisations. Les enseignants retraités ne sont toujours pas fixés pour le mois de mars », s'inquiète déjà Nehmé Mahfoud.

« La caisse de retraite des enseignants de l’école privée a commencé à verser des pensions de retraite d'une valeur de six salaires (équivalente à six anciens salaires) », a annoncé jeudi le ministre sortant de l’ducation, Abbas Halabi. L’annonce survient au terme d’un accord approuvé par le Conseil des ministres entre la Fédération des établissements éducatifs...

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