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Société - Animaux

Prolifération des chiens errants au Liban : vers une solution « humaine » ?

A la suite de la mort d’un enfant par morsure dans le camp de Rachidiyé, le ministère de l’Agriculture met au point un plan rationnel de lutte pour gérer le phénomène, avec divers partenaires.

Prolifération des chiens errants au Liban : vers une solution « humaine » ?

Un chien errant aperçu à la Foire internationale Rachid Karamé, à Tripoli. Photo João Sousa

Le 24 février dernier, dans le camp de réfugiés palestiniens de Rachidiyé (Tyr), un chien de rue, connu des habitants, s’est successivement attaqué à deux garçons de quatre ans. Le premier n’a pas survécu à ses morsures, le second est toujours hospitalisé. Retrouvé le lendemain, le chien a été tué à bout portant par des habitants en colère. Maltraitance ou rage ? Difficile de savoir ce qui a poussé l’animal à cette agressivité meurtrière. Néanmoins, ce cas tragique est la manifestation extrême d’un phénomène grandissant au Liban : « Beaucoup de chiens ont élu domicile dans le camp surpeuplé de Rachidiyé. Ils s’y reproduisent et la situation devient critique pour la population », raconte Ziad*, un habitant du camp, qui assure que, globalement, personne ne fait de mal aux chiens. Pour autant, les forces vives du camp sont débordées et recherchent, avec les activistes, une solution humaine et viable.

Pour mémoire

Au Liban, la crise oblige aussi à se séparer de son animal domestique

Ce phénomène de prolifération des chiens errants ces dernières années a été souvent lié à la crise économique qui sévit dans le pays depuis 2019, des propriétaires abandonnant leurs animaux de compagnie. De fait, Ghina Nahfawi Baltaji, activiste pour les droits des animaux, assure recueillir de plus en plus de chiens domestiques abandonnés, dont elle estime le nombre actuel dans les rues à « des dizaines de milliers ». De son côté, Helena Husseini, vice-présidente de l’association BETA (« Beirut for Ethical Treatment of Animals »), est convaincue qu’il ne faut pas uniquement imputer ce problème à la crise. « Nous recueillons de superbes chiens de un ou deux ans. Cela signifie qu’ils ont été achetés après le début de la crise », assure-t-elle. La militante de longue date se désole ainsi de l’irresponsabilité vis-à-vis des animaux domestiques, et des causes multiples de leur abandon dans les rues, au moindre désagrément, quels que soient leur âge, leur race ou leur condition physique.

Un comité opérationnel d’ici un mois

Une fois dans les rues, s’ils ne sont pas recueillis par l’une ou l’autre des ONG dont les refuges sont sursaturés (à l’instar de celui de BETA, nous confirme Helena Husseini), ces chiens constituent un casse-tête pour les municipalités. Après l’incident de Rachidiyé, des voix se sont une fois de plus élevées pour revendiquer des solutions aussi radicales qu’inhumaines et inefficaces. A savoir l’empoisonnement des chiens par de la nourriture mêlée au Lanette, un poison qui les tue à petit feu (et qui constitue un danger mortel pour toutes sortes d'êtres vivants, humains inclus) ou l’abattage, le plus souvent avec des armes de chasse qui les laissent agoniser durant de longues heures. Des méthodes qui ne différencient pas entre un animal potentiellement dangereux et un autre inoffensif. « Cela fait des décennies qu’ils ont recours à ces méthodes barbares pour tenter de se débarrasser des chiens errants. Y sont-ils parvenus ? La réponse est non », lance Ralph Nader, ancien président du conseil municipal de Barbara (Liban-Nord), qui n’a jamais cru à ces méthodes.

Car la solution « scientifique » au problème des animaux errants est connue de tous et pratiquée dans de multiples villes de par le monde : attraper ces chiens, stériliser les femelles et castrer les mâles, puis les vacciner contre la rage. A cela, Helena Husseini ajoute la nécessité de créer des « stations de nourriture » pour les garder loin des habitations, et l’utilité de les doter de puces pour les identifier. Les remettre ensuite à la rue ne pose plus problème car les chiens sont alors nettement moins agressifs : les activistes et l’élu citent l’exemple de la Turquie, où les chiens errants cohabitent avec les citadins sans heurts. « Si la loi sur la protection des animaux adoptée en 2018, et qui consacre tous ces principes, avait été appliquée depuis lors, nous n’en serions pas là », déplore Ghina Nahfawi Baltaji.

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Mais il se peut que les choses changent. Après le sanglant épisode de Rachidiyé, le ministre sortant de l’Agriculture, Abbas Hajj Hassan, a organisé une réunion mercredi avec les ministères concernés, les activistes locaux et les organisations internationales. « Nous avons décidé de redynamiser un comité sur les animaux de rues qui avait été formé en 2018, avec des représentants des différents ministères concernés, auxquels nous allons ajouter des représentants des organisations internationales et des ONG locales », explique Abbas Hajj Hassan à L’Orient-Le Jour. Il assure que l’action pour limiter la prolifération des animaux de rue devra être lancée d’ici un mois au plus, arguant du fait qu’il s’agit aussi d’un problème de santé et de sécurité publiques.

Selon le ministre, « les principes de traiter ces chiens par la stérilisation et la vaccination, consacrés par la loi, sont ceux du ministère depuis de nombreuses années ». Il ajoute que les mohafez seront conviés à la prochaine réunion, afin de débattre de la création de refuges pour chiens au niveau de mohafazats. Reste le coût d’une pareille opération, qui freine toutes les actions entreprises par le gouvernement depuis la crise : « Voilà pourquoi nous faisons appel aux donateurs et comptons aussi sur la coopération entre les différents acteurs », affirme-t-il, précisant que la stérilisation et la vaccination seront effectuées en collaboration avec l’Ordre des vétérinaires du Liban.

Enfin, selon des élus qui ont essayé de régler la question des animaux errants dans les normes, le défi vaut la peine d’être relevé. « Les chiens stérilisés et vaccinés ont une présence bénéfique quand ils sont remis à la rue parce qu’ils connaissent les lieux et empêchent d’autres animaux errants d’en prendre possession », souligne Ralph Nader, qui a appliqué ces principes durant des années à Barbara. Robert Sioufi, vice-président de Souk el-Gharb (caza de Aley), a récemment fait appel à BETA et à un vétérinaire de Aley pour stériliser les chiens dans sa localité. « Nous avons décidé de régler de cette manière la prolifération des chiens et remarquons que les plaintes des habitants diminuent nettement avec le temps », dit-il.

*Le prénom a été changé à la demande du témoin

Le 24 février dernier, dans le camp de réfugiés palestiniens de Rachidiyé (Tyr), un chien de rue, connu des habitants, s’est successivement attaqué à deux garçons de quatre ans. Le premier n’a pas survécu à ses morsures, le second est toujours hospitalisé. Retrouvé le lendemain, le chien a été tué à bout portant par des habitants en colère. Maltraitance ou rage ? Difficile de...

commentaires (5)

POLI ? TI ? CHIENS ? ERRANTS ET BRIGANDS ? NOUS EN SVONS A LA PELLE. FAUTLEUR TROUVER UNE SOLUTION DEFINITIVE.

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 35, le 01 mars 2024

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • POLI ? TI ? CHIENS ? ERRANTS ET BRIGANDS ? NOUS EN SVONS A LA PELLE. FAUTLEUR TROUVER UNE SOLUTION DEFINITIVE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 35, le 01 mars 2024

  • Je commente pour la première fois en 7 ans de présence au Liban et sans doute pour la dernière fois: les animaux ont souvent plus d’humanité que nous et je regrette leur abandon qui conduit à des cas tragiques. Soignons d’abord les humains et les animaux deviendront moins dangereux.

    Thomas Thomas

    17 h 20, le 01 mars 2024

  • Ce sont certains libanais qui devraient être stérilisés.

    Pierre Hadad

    16 h 59, le 01 mars 2024

  • Hot dogs??

    Wlek Sanferlou

    14 h 22, le 01 mars 2024

  • Et les pauvres chats?? On n'en a pas marre de les voir écrasés par les voitures? Campagne de stérilisation ultra-nécessaire pour chiens ET chats !

    Kgz

    14 h 11, le 01 mars 2024

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