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Culture - Théâtre

« Au scalpel », une comédie française acérée à l’affiche à Beyrouth

Envie de théâtre français ? Rendez-vous à partir du 7 mars au Monnot, où Nadim Chammas et Cyril Jabre se livrent à un pugilat verbal, dans une reprise d’une pièce parisienne à grand succès. Une histoire de détestation interfamiliale que « vous allez adorer », assurent les deux comédiens.

Nadim Chammas et Cyril Jabre dans un face-à-face de deux frères ennemis. Photo Élie Bekhazi

Deux frères. L’un est un brillant chirurgien à qui tout réussit. L’autre est un photographe qui semble assez content de lui. L’un était le premier de la classe. L’autre était le fils préféré. Il était amoureux de la femme de son frère. Son frère n’était pas indifférent à la sienne. Mais ils ne se sont jamais vraiment parlé. Jusqu’à un certain soir…

Voilà une histoire vieille comme le monde. Celle de frères ennemis, ces Caïn et Abel universels qui promènent leurs sourdes rivalités et leurs rancœurs depuis leur prime jeunesse jusqu’à l’ouverture un beau jour, ou en l’occurrence une nuit, des hostilités.

Une histoire de détestation qui tombe à pic avec l’actualité des fratries célèbres, celles des Delon, des Hallyday, des Windsor… Mais qui fait tout autant son lit dans l’intimité de familles ni célèbres et encore moins royales…

Cette confrontation – finalement si largement répandue – entre deux adultes issus du même noyau familial, l’auteur de théâtre Antoine Rault a eu l’idée de la porter sur scène dans une comédie grinçante intitulée Au scalpel. Une pièce toute en répliques acérées jouée avec succès au festival d’Avignon d’abord puis sur les scènes parisiennes par Davy Sardou et Bruno Salomone, et qui nous parvient sur les planches du théâtre Monnot grâce à un trio d’amoureux du théâtre francophone. À commencer par Nadim Chammas, qui l’a découverte dans L’avant-scène théâtre, la revue de référence théâtrale à laquelle il est abonné.

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Une pièce créée il y a deux ans à Avignon

« Le texte de cette pièce contemporaine – créée en 2022 à Avignon – m’a plu. Je me suis dit que ce serait bien qu’on puisse la jouer au Liban. Je l’ai montré à Lina Abiad et à Cyril Jabre. Et l’équipe s’est très rapidement constituée », indique cet entrepreneur passionné de cinéma et de théâtre, qui participe depuis quelques années aux spectacles de Nadine Mokdessi et Lina Abiad.

Ils se rendent aussitôt à Paris pour rencontrer Antoine Rault et en obtenir les droits d’auteur. « Il a été très surpris que ce soient des Libanais qui s’intéressent en premiers à l’adaptation de sa pièce. »

Deux frères, l’un photographe, l’autre chirurgien, qui se jalousent. Photo Élie Bekhazi

Une adaptation qui reprend à la virgule près le dialogue écrit par l’auteur sans pour autant copier le jeu des comédiens français. « D’abord, le texte était intouchable. Puis, dans le foisonnement actuel de pièces en arabe, nous avions envie de revenir un peu au théâtre francophone, qui était bien plus dynamique à Beyrouth avant la crise de 2019 », avancent d’une même voix Nadim Chammas et Cyril Jabre. « En revanche, pour le jeu, le fait qu’aucun de nous n’ait vu la pièce parisienne nous a libérés. Idem pour la direction d’acteurs de la talentueuse Lina Abiad qui, avec sa sensibilité féminine, a sollicité nos avis, nos ressentis pour nous guider vers l’interprétation la plus juste possible de la tension larvée entre ces deux frères. Sans parler de la scénographie particulière et au plus près du public qu’elle a conçue pour la salle Act du théâtre Monnot et qu’on ne va pas dévoiler pour l’instant. »

« On vient tous du pays de notre enfance »

« Outre le sujet de la pièce en lui-même et le jeu rythmé qui passe littéralement au détour d’une réplique du rire au thriller, ce qui en rend l’interprétation assez délicate, notre intérêt était de relever le défi de capter en tant que deux hommes seuls l’attention du public durant une heure dix minutes. »

Pour cela, chacun y a été de sa préparation, à sa manière. « Mentale et physique intense » pour Nadim Chammas, qui est relativement un nouveau venu sur les planches, sa passion première étant plutôt celle de l’écriture cinématographique (il a à son actif Le Russe est revenu, récompensé au Festival du film méditerranéen de Montpellier).

« Travail sur la voix surtout. La mienne est trop forte pour le chirurgien que je suis censé incarner », déclare avec une décontraction affichée Cyril Jabre, lequel s’est essayé depuis une trentaine d’années à différents registres dans plus d’une pièce francophone beyrouthine. Aussi bien auprès de Nadine Mokdessi (des vaudevilles de Feydeau), de Berge Fazilian (Le Crapaud d’Alexandre Najjar), d’Alain Plisson (Angelo, Tyran de Padoue et Les Fourberies de Scapin), que de Betty Taoutel ou encore Valérie Vincent (L’étrange destin de M. et Mme Wallace), entre autres…

Alors, rôles de pure composition ou puisés dans leurs propres vécus ?

« Finalement, on vient tous du pays de notre enfance, qu’on ait 20, 30, 40 ou 50 ans, on charrie toujours les mêmes émotions. Ce qui était intéressant pour nous, c’était d’entrer dans la peau de ces adultes qui se disputent comme des gamins », bottent-ils en touche. Même si, comme le confie Nadim Chammas au détour d’une phrase, « sur scène vous mettez toujours votre vérité ». Et que Cyril Jabre avance en conclusion qu’« en dépit des moments de rire, il y a de fortes chances que les gens sortent d’Au scalpel en ayant pris un coup dans les tripes ». Dont acte !

*« Au scalpel » d’Antoine Rault, mise en scène de Lina Abiad, du 7 au 31 mars, de mardi à dimanche, au théâtre Monnot (19h). Billets chez Antoine Ticketing.

Deux frères. L’un est un brillant chirurgien à qui tout réussit. L’autre est un photographe qui semble assez content de lui. L’un était le premier de la classe. L’autre était le fils préféré. Il était amoureux de la femme de son frère. Son frère n’était pas indifférent à la sienne. Mais ils ne se sont jamais vraiment parlé. Jusqu’à un certain soir… Voilà une...

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