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Société - Portrait

Camille Menassa, de la vitrine du petit écran aux coulisses de « L'OLJ »

L'ancien directeur administratif de « L'Orient-Le Jour » a tiré sa révérence à 88 ans. 

Camille Menassa, de la vitrine du petit écran aux coulisses de « L'OLJ »

Camille Menassa lors du dernier entretien avec L'OLJ en 2020. Joao Sousa

« Au lieu de rêver à une salle de tribunal, je rêvais à une rédaction de journal », écrit Camille Menassa, lorsqu’il évoque sa jeunesse sur les bancs de la faculté de droit de l’USJ, dans un texte commémorant les 75 ans de L’Orient-Le Jour. L’ancien directeur administratif du journal a tiré sa révérence mercredi à l’âge de 88 ans, à la veille du centenaire de notre publication.

Lorsqu’il rencontre Georges Naccache en 1959 dans les bureaux de la rue Trablos, il est immédiatement jeté dans le grand bain, ce dernier le chargeant d’effectuer un reportage sur le palais présidentiel de Baabda dont les travaux sont ralentis faute de crédits. Sa carrière de journaliste est lancée. Il rencontre sa consœur et romancière May Abdel Sater qu’il épouse en 1961, avant des secondes noces avec Liliane Arakélian.

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Très vite, il se tourne vers l’audiovisuel qui constitue un premier tournant dans sa carrière. Celui qui restera dans la mémoire du grand public. Camille Menassa, qui faisait déjà des traductions de film à la télévision libanaise, succède à Jean Khoury, alors directeur du journal télévisé au milieu de 1960. Il lui faut travailler son arabe, plutôt faible, alors il suit des cours auprès d’un cheikh trois fois par semaine avec Charles Rizk, à l’époque directeur général du ministère de l’Information (et qui deviendra plus tard directeur de Télé-Liban).

Sa carrière décolle au point qu’il devient directeur du Centre du cinéma et de la télévision arabe dès 1965, puis directeur des programmes à Radio-Liban en juin 1967 tout en étant correspondant au Liban et dans la région de l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF). Sur le Canal 7, il présente les nouvelles et devient une icône pour toute une génération de téléspectateurs libanais. Télé-Liban étant la première chaîne du monde arabe, il est également très suivi dans la région. L’émir du Koweït, apercevant le journaliste parmi la délégation libanaise venue en visite officielle, lui lancera d’ailleurs en 1971 : « J'ai passé tout cet été à Aley à ne voir que vous à la TV. .J’ai donc l'impression de vous connaître de longue date ! »

Camille Menassa dans les années 1960. Archives OLJ

Kennedy, Nasser

Il annoncera en direct les grandes actualités qui ont jalonné toute une décennie, comme la visite du pape au Liban, l’atterrissage sur la Lune d’Apollo 11, le 21 juillet 1969, l’assassinat de John Kennedy le 22 novembre 1963 et la mort de Nasser le 28 septembre 1970. Durant sa carrière, il interviewe le raïs égyptien huit fois, mais aussi un aréopage de chefs d’État arabes. « Le plus original mais le plus cruel à mes yeux était Abdel Karim Kassem, le président irakien tué à Bagdad le 9 février 1963. Avec Édouard Saab (ancien rédacteur en chef de L’Orient-Le Jour), j’étais le dernier journaliste à l’interviewer. Il m’avait donné rendez-vous à 23h30, nous avons fini à 4h du matin, il ne m’a pas autorisé à monter avec lui en voiture, pour épargner ma vie en cas d’attentat. Deux jours plus tard, il a été assassiné. Et j’ai dû m’envoler à nouveau pour Bagdad », racontait-il à L’OLJ.

En 1971, malgré une notoriété au sommet, il décide de lever le pied et démissionne de la chaîne publique pour rejoindre le privé. « J’avais trop ce travail dans la peau. Il était temps que je m’éloigne d’une occupation trop absorbante », déclare-t-il en avril 1971. Camille Menassa n’a que 35 ans, mais il décide d'œuvrer dans les coulisses du monde médiatique, en acceptant la direction commerciale de la Coopérative de presse qui se charge des relations publiques et publicitaires de médias comme an-Nahar et Le Jour.

Trois mois plus tard, alors que les deux rivaux de toujours qu'étaient L'Orient et Le Jour fusionnent sous le nom de L’Orient-Le Jour, il en est nommé directeur administratif par Ghassan Tuéni. Ses compagnons de route se souviennent de son professionnalisme, de son optimisme et de son humour. 

« Au lieu de rêver à une salle de tribunal, je rêvais à une rédaction de journal », écrit Camille Menassa, lorsqu’il évoque sa jeunesse sur les bancs de la faculté de droit de l’USJ, dans un texte commémorant les 75 ans de L’Orient-Le Jour. L’ancien directeur administratif du journal a tiré sa révérence mercredi à l’âge de 88 ans, à la veille du centenaire de notre...

commentaires (2)

Comment puis-je oublier Camille Menassa. Il fût partie intégrante de mon enfance une présence journalière. Assis avec mes partents Mounir et Maryse, Les Khawam, Restaurant la Greouille et Boeuf sur le Toit, Mon parain, Francois Akl, JCB... Je suis triste de cette nouvelle. Je présente toutes mes condoléaces à ses filles et toutes sa famille, ainsi que sa famille Journalistique. Un autre grand homme, qui s'éteint...

Marwan Takchi

18 h 37, le 23 février 2024

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Commentaires (2)

  • Comment puis-je oublier Camille Menassa. Il fût partie intégrante de mon enfance une présence journalière. Assis avec mes partents Mounir et Maryse, Les Khawam, Restaurant la Greouille et Boeuf sur le Toit, Mon parain, Francois Akl, JCB... Je suis triste de cette nouvelle. Je présente toutes mes condoléaces à ses filles et toutes sa famille, ainsi que sa famille Journalistique. Un autre grand homme, qui s'éteint...

    Marwan Takchi

    18 h 37, le 23 février 2024

  • Je me souviens tout gosse qu'il lisait le journal télévisé qui était d'un ennui assommant. Je comptais combien de pages il devait lire, et ainsi je me disais qu'il arrivait à la fin, qui tardait tant à venir. Les nouvelles télévisées n'étaient surtout que lui lisant des pages et montrant le président et le premier ministre accueillant tel ou tel dignitaire. C'était cela les nouvelles à la télévision qui appartenait à l'État dans les années 60. Bref, un carcan journalistique pour encenser les politiciens, comme il se doit au Liban. Nulle originalité, mais ennui garanti.

    Jacques Saleh, PhD

    01 h 37, le 23 février 2024

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