Dans un communiqué publié jeudi, le syndicat des employés de banques a exprimé son rejet de l’approche privilégiée par le gouvernement pour restructurer le secteur bancaire et traiter la question des 70 milliards de pertes accumulées par le pays, en crise depuis 2019. La position exprimée ressemble à s’y méprendre à celle de l’Association des banques du Liban (ABL), qui regroupe les principaux patrons des enseignes du pays.
Le syndicat a de plus choisi de s’exprimer à la veille d’un Conseil des ministres – initialement prévu jeudi par le Premier ministre sortant Nagib Mikati – qui doit être consacré à l’examen d’un projet de loi traitant de la restructuration et de l’épuration du passif du pays.
« Les discussions autour de projets de lois visant à rétablir l’équilibre financier et à restructurer le secteur bancaire n’aboutiront pas tant que la question de l’avenir des dépôts n’est pas tranchée », a indiqué le syndicat. Il a ajouté qu’il était « impossible d’envisager un retour de la confiance dans le secteur bancaire libanais tant que le gouvernement cherchera à combler le déficit financier avec les fonds des déposants ».
« C'est l'État qui a emprunté de l'argent ces dernières années sans rendre de comptes ou de surveillance », souligne le syndicat, l’appelant à proposer une stratégie visant « restituer ces dépôts aux banques, sans distinction entre les dépôts qualifiés et non qualifiés et les dépôts inférieurs ou supérieurs à cent mille dollars ». Une référence à des mécanismes effectivement prévus dans le plan du gouvernement.
Depuis le début de la crise, les banques établies au Liban ont gelé des dizaines de milliards de dollars de dépôts en dollars appartenant à leurs clients sans y être autorisés par une loi, n’étant pas en mesure de les honorer, faute de liquidités. Les autorités n’ont rien fait pour régulariser cette situation que la Banque du Liban a aménagé au fil des ans à travers plusieurs circulaires.
Les banques reprochent à l’institution de ne pas lui restituer plus de 40 milliards de dollars de dépôts qu’elles avaient mis chez elle. Elles lui reprochent également d’avoir employé cet argent pour financer l’État qui n’est pas en mesure de rembourser ces montants. Elles ont récemment obtenu que le Conseil d'État interdise à l’exécutif d’envisager un plan de relance qui prévoit d’effacer les dettes de la BDL auprès des banques, une décision que le syndicat a d’ailleurs salué dans son communiqué alors que le FMI est, lui, favorable à la mesure que le gouvernement prévoyait de mettre en œuvre.
Le secteur bancaire, qui était le pilier de l’économie avant la crise et employait plus de 20.000 personnes, a littéralement fondu depuis le début de la crise, tandis que les salaires, qui ont subi le contrecoup de la dépréciation de la livre libanaise face au dollar, n’ont pas tous été ajustés en conséquence.
Quand les différents hurluberlus du gouvernement ou de la BdL ou de l’ABL auront fini leurs délires pseudo intellectuels, ils devront se souvenir qu’ils parlent d’un argent qui ne leur appartient pas mais qui appartient aux déposants. Rendez nous notre pognon et ensuite engueulez vous autant que vous voulez
20 h 05, le 23 février 2024