« En soutien au peuple palestinien résistant dans la bande de Gaza... » Les communiqués du Hezbollah annonçant ses frappes contre Israël commencent quasiment tous avec cette formule, depuis l’ouverture du front au Liban-Sud, le 8 octobre. Les quelques phrases arrivant ensuite, elles, peuvent changer. Elles précisent l’heure de la frappe, la cible en quelques mots, s’il s’agit d’une infrastructure militaire, de soldats ou plus laconiquement d’une « position » israélienne et, éventuellement, lorsque le Hezbollah le juge nécessaire, les missiles utilisés pour toucher cette cible.
Derrière cette répétition, une tendance se dégage : des frappes qui visent le territoire israélien plus en profondeur, à l’image des deux frappes du jeudi 22 février qui ont atteint des installations militaires à près de 20 kilomètres de la frontière.
Plus de quatre mois après le début des affrontements le long de la frontière sud, faisons le point, visuellement, sur ces frappes revendiquées par le parti pro-iranien, leur fréquence, leurs principales cibles et la portée des missiles à disposition du groupe.
La portée
Depuis le 7 octobre, l’immense majorité des frappes de la « résistance » vers Israël se concentre sur des cibles situées à moins de 6 kilomètres de la frontière terrestre, utilisant pour cela des missiles antichars disponibles en grandes quantités. Ce sont avant tout les structures de défenses israéliennes qui jalonnent la frontière qui ont été prises pour cible, bien que nombre de ces missiles n’ont pas atteint leur objectif, en raison du Dôme de fer qui utilise des missiles guidés pour stopper les attaques en plein vol.
Pour les cibles au-delà de 6 kilomètres, le Hezbollah a à sa disposition des modèles de missiles iraniens et chinois retravaillés, qui sont cependant disponibles dans des quantités inégales. Le groupe dispose par ailleurs de plusieurs modèles de missiles capables de frapper l’ensemble ou presque du territoire israélien, mais dans des quantités a priori plus faibles.
Au vu de cet armement et de la portée des différents missiles du Hezbollah, de nombreuses bases militaires israéliennes se trouveraient directement menacées si le groupe décidait d’attaquer Israël plus en profondeur. C’est notamment le cas des quartiers des deux brigades israéliennes d’artillerie chargées de la surveillance de la frontière et d’où est régulièrement bombardé le Liban : les brigades 7338 et 282, mais aussi de la base du mont Avital qui abrite une unité de renseignement électronique. Les frappes de jeudi ciblaient les casernes de Yoav et Kilaa, selon le parti chiite, qui sont situées à quelques kilomètres à peine de la base du mont Avital.
Qualité vs quantité
Dans les faits, le nombre de frappes évolue peu depuis le début du conflit : même l’assassinat du cadre du Hamas Saleh el-Arouri, le 2 janvier dans la banlieue sud de Beyrouth, n’a pas suscité d’augmentation quantitative majeure. Le Hezbollah avait toutefois revendiqué en riposte à cette élimination une frappe sur la base de surveillance aérienne israélienne de Méron avec 62 roquettes, dans une opération considérée comme une des plus significatives de la guerre et qui, selon les aveux même d’Israël, a provoqué d’importants dégâts.
Ce type d’opération semble refléter les propos de Nabil Kaouk, membre du conseil exécutif du Hezbollah, qui avait affirmé début février que « la résistance a intensifié ses opérations qualitatives en réponse à l’escalade israélienne », une opération qualitative impliquant, en termes militaires, une augmentation de la qualité d’une opération par l’utilisation de tactiques et d’équipements améliorés.
Une autre opération semblant montrer cette volonté du Hezbollah de lancer de telles frappes symboliques avait été menée sur la base de Safed, siège du commandement nord de l’armée, à une vingtaine de kilomètres dans le territoire israélien, le 9 janvier, après l’élimination de Wissam Tawil, un commandant de la force al-Radwane, unité d’élite du parti islamiste. Une autre frappe sur cette base, le 14 février, qui a tué une soldate, n’a été revendiquée ni par le Hezbollah ni par aucun groupe de la « résistance » actif le long de la frontière.
Les pertes humaines
Depuis le début des combats le 8 octobre, et selon un décompte effectué par l’AFP et L’Orient-Le Jour, dix militaires et six civils israéliens sont morts dans des affrontements le long de la frontière avec le Liban. Selon les informations disponibles sur le site de l’armée israélienne, parmi ces victimes militaires, huit ont été tuées dans des frappes provenant du territoire libanais, et deux au cours « d’affrontements » après une tentative d’infiltration frontalière, le 9 octobre.
Ci-dessous, la chronologie des tués dans des frappes du parti chiite et dont la mort a été annoncée par l’armée israélienne :
- 9 octobre : un soldat est mort dans une frappe à Adamit, alors qu’il répondait à une alerte d’infiltration.
- 12 octobre : un réserviste a été tué par un missile antitank sur une position militaire de Arab el-Aramche.
- 15 octobre : un lieutenant a été tué sans que l’armée israélienne ne précise où. Ce jour-là, le Hezbollah avait revendiqué plusieurs frappes, notamment sur des casernes à Chtoula et Hanita.
- 16 décembre : un réserviste a été tué par un drone explosif près de Margaliot.
- 22 décembre : un militaire tué près de Chtoula.
- 26 décembre : un sergent blessé lors de la frappe près de Chtoula du 22 décembre est mort de ses blessures.
- 28 janvier : un officier et un soldat ont été tués dans les fermes occupées de Chebaa.
Notons que les autorités israéliennes ont fait évacuer les habitants de toutes les localités situées le long de la frontière, afin de faciliter les opérations de l’armée et de réduire les pertes civiles.
Ci-dessous, la chronologie des civils tués dans des frappes du Hezbollah :
- 5 novembre : deux civils tués. Le premier a été tué à Yiftah. En riposte à cette mort, l’armée israélienne a frappé une voiture, dans laquelle se trouvaient une femme et trois jeunes filles. En réaction à ce bombardement, le Hezbollah a lancé des roquettes Katioucha sur Kiryat Shmona, qui ont tué un homme.
- 13 novembre, un ouvrier de la compagnie d’électricité publique israélienne a été tué par un tir de missile à Dovev.
- 22 décembre : un quadragénaire a été tué à Chtoula après des tirs de missiles antitanks du parti chiite, selon Magen David Adom, le service israélien de secourisme.
- 14 janvier 2024 : les secours israéliens ont rapporté la mort de deux civils, un homme et sa mère, tués dans leur maison à Kfar Yuval.
Le Hezbollah revendique quant à lui 2 000 victimes israéliennes dans ses frappes, « parmi lesquelles des tués et blessés ».
Au Liban, où plus de 80 000 habitants du Sud ont été déplacés par les combats, 264 personnes ont été tuées dans des frappes israéliennes, parmi lesquelles 40 civils, trois journalistes, un militaire et des dizaines de combattants du Hezbollah et d’autres factions.
METULA ET KYRIAT SCHMONA DES VILLAGES FANTOMES. IL N,Y A PLUS D,HABITANTS. QUELQUES GARDIENS CIVILS ET MOINDRE ENCORE DE SOLDATS POUR LA SECURITE DES HABITATIONS VIDES. - PERFORMANCES SPECTACULAIRES DU BARBU, DE L,IMBERBE ET LEURS ACCESSOIRES. - VICTOIRE DIVINE !
10 h 42, le 27 février 2024