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Société - Liban-Sud

Un rapport réclame un plan national pour gérer les dégâts des frappes au phosphore blanc

L’utilisation des munitions au phosphore blanc par les Israéliens au Liban-Sud a commencé lors de l’invasion de 1982, et a marqué toutes leurs guerres contre le Liban, jusqu’à ce dernier conflit toujours en cours. 

Un rapport réclame un plan national pour gérer les dégâts des frappes au phosphore blanc

De la fumée provenant d'un tir suspecté de phosphore blanc au-dessus de Gaza, le 11 octobre 2023. Mohammad Abed/Photo d'archives AFP

Selon le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) au Liban, sur près de 3 500 frappes israéliennes sur le Liban-Sud, un peu plus d'une centaine ont impliqué des munitions au phosphore, depuis le début des combats avec le Hezbollah le 8 octobre. Si les combats sont toujours en cours, l’usage de ces munitions aura des répercussions bien après que les canons se seront tus.

Un rapport du Centre de conservation de la nature de l’AUB, intitulé « L’impact socio-environnemental des bombes au phosphore blanc au Liban-Sud », explore les manières d’appréhender ces répercussions à plusieurs niveaux : la création d’une infrastructure capable de répondre dans l’urgence aux défis posés par l’utilisation de ces bombes, la décontamination physique des sols et la présentation d’un dossier légal en vue de l’indemnisation des populations lésées.

L’utilisation des munitions au phosphore blanc par les Israéliens au Liban-Sud a commencé lors de l’invasion de 1982, et a marqué toutes leurs guerres contre le Liban, jusqu’à ce dernier conflit toujours en cours. Le phosphore blanc, rappelle le texte, est un composé chimique très réactif qui s’enflamme instantanément lorsqu’il est exposé à l’air. Il provoque des incendies et peut se rallumer des semaines après son déploiement initial s’il est exposé à l’oxygène. Il est nocif pour la santé humaine en cas de contact et peut provoquer des troubles respiratoires, des défaillances d'organes et des brûlures au troisième degré. Ces effets peuvent laisser aux patients des traumatismes physiques et mentaux à long terme.

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Outre les répercussions sur la santé, les conséquences socio-économiques et environnementales sont considérables : plus de 790 hectares de forêts et de champs ont ainsi subi des incendies entre le 8 octobre et le 25 janvier derniers. En outre, l'infiltration du phosphore dans le sol menace toute une série d'organismes vivants, d’autant plus qu’elle peut atteindre les aquifères et les cours d’eau. La destruction des terrains prive par ailleurs de nombreux citoyens de leurs sources de revenus et de leur accès à leurs terres.

Former et sensibiliser

Les deux auteurs du rapport, Antoine Kallab, directeur associé du centre, et Leila Rossa Mouawad, chercheuse, soulignent que leur « rapport a été conçu pour mobiliser l’opinion publique sur l’importance de la question et la manière de communiquer autour d’elle ». Ils préconisent notamment l’adoption d’un plan d’action national pour évaluer et gérer les conséquences de ces armes. Ils mentionnent plus particulièrement la formation des équipes d’urgence, la création de centres spécialisés pour les soins aux personnes touchées et l’élaboration de stratégies de décontamination des sols. Pour faire face aux conséquences socio-économiques de l’usage de ces bombes au phosphore, le rapport recommande également la création d’un filet de sécurité social pour les personnes exposées et met notamment l’accent sur les effets psychologiques de cette exposition au phosphore, un aspect généralement négligé.

Des recommandations réalistes dans un contexte d’effondrement économique et institutionnel ? « Il faut faire la différence entre ce qui doit être fait et ce que nous pouvons faire », répondent les chercheurs. Ils font remarquer que l’État n’est pas le seul acteur sur le terrain, il y a les municipalités, les hôpitaux, les communautés locales, les secouristes… « Tous ceux-là doivent s’organiser de manière systématique, en apprenant à se protéger eux-mêmes avant d’intervenir, d’où le fait qu’ils doivent être capables d’identifier le phosphore et de savoir comment se comporter avec cette matière. »

Dans le domaine de la décontamination des sols, les auteurs reconnaissent que les recherches ne sont pas concluantes et que les réponses restent incertaines, même à un niveau mondial. « Ce qui est certain, c’est qu’un tel procédé est très coûteux », disent-ils, avant d'inviter les institutions officielles et les acteurs concernés à prélever des échantillons afin de déterminer si la concentration de phosphore blanc présent dans le sol nécessite une décontamination.

Utilisé comme arme incendiaire 

L’autre objectif de cette étude est de servir de base à la constitution d’un dossier à présenter aux institutions internationales, en vue d’une plainte officielle et de la revendication d’indemnités aux populations affectées. Le Liban a chargé, le 31 octobre 2023, sa mission auprès de l'ONU de porter plainte contre Israël, qu'il accuse d'avoir utilisé du phosphore blanc dans ses frappes pour provoquer des incendies dans le sud du pays.

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Le rapport rappelle que si les bombes au phosphore ne sont pas interdites mondialement, leur usage, réglementé par la Convention sur certaines armes classiques de l’ONU, est limité au camouflage des troupes pour les besoins de la bataille. Un usage qui a donc été clairement détourné au Liban, où les troupes israéliennes ne sont même pas présentes sur le terrain, notent les auteurs de l’étude.

« Il est indispensable que la législation mondiale évolue au regard du cas libanais, parce que les bombes au phosphore y sont clairement employées comme munitions incendiaires, sachant que ces dernières sont interdites, notamment contre les civils », affirment-ils.  

Selon le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) au Liban, sur près de 3 500 frappes israéliennes sur le Liban-Sud, un peu plus d'une centaine ont impliqué des munitions au phosphore, depuis le début des combats avec le Hezbollah le 8 octobre. Si les combats sont toujours en cours, l’usage de ces munitions aura des répercussions bien après que les canons se seront tus. Un...

commentaires (2)

COMPRENDRE DE L,ARGENT DE L,ETAT POUR COUVRIR LEURS MESAVENTURES... ET AU TRIPLE AU MOINS AUSSI. DES POCHES ATTENDENT. FAUT LE DEMANDER A L,IRAN QUI VOUS ARME ET FINANCE A COUVRIR VOS CASSES.

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 45, le 19 février 2024

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Commentaires (2)

  • COMPRENDRE DE L,ARGENT DE L,ETAT POUR COUVRIR LEURS MESAVENTURES... ET AU TRIPLE AU MOINS AUSSI. DES POCHES ATTENDENT. FAUT LE DEMANDER A L,IRAN QUI VOUS ARME ET FINANCE A COUVRIR VOS CASSES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 45, le 19 février 2024

  • C'est à l'Iran et au HEZB de financer la réparation des dégâts. Le peuple libanais dans son ensemble ne leurs a pas demandé de s'immiscer dans les affaires du Hamas ou d'Israël et ne leurs a pas demandé de faire preuve de solidarité au delà de moyens strictement politiques à notre mesure et dans nos capacités.

    Jules Lola

    09 h 02, le 19 février 2024

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