Dans une interview exclusive diffusée mercredi soir par les chaîne saoudiennes al-Hadath et al-Arabiya, l’ancien Premier ministre Saad Hariri a souligné de manière très directe la responsabilité de membres du Hezbollah dans la mort de son père, autre ancien chef du gouvernement libanais assassiné en 2005 dans un attentat à la bombe au cœur de Beyrouth.
« Je crois en Dieu. Je sais que celui qui a tué mon père va en payer le prix (..) Peut-être que nous ne pouvions pas, en tant qu’État à l’époque, nous saisir ceux qui l’ont tué - et ils sont connus, ce sont des membres du Hezbollah - pour ne pas déclencher une guerre civile dans le pays », a notamment répondu le chef du courant du Futur au journaliste Mahmoud Chokr qui l'interrogeait. « Nous avons vu que certains d’entre eux ont été tués notamment en Syrie » a ajouté Saad Hariri, qui a suspendu ses activités politiques depuis deux ans. Une déclaration qui tranche avec sa retenue habituelle sur le sujet par le passé.
Cette interview ponctue une journée au cours de laquelle l'ex-Premier ministre libanais s'est offert un bain de foule mercredi à Beyrouth, alors qu'il se recueillait sur la tombe de son père tué le 14 février 2005 dans un attentat qui a aussi coûté la vie à 21 autres personnes. Entre 2020 et 2022, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a condamné trois des quatre accusés – un en première instance, Salim Ayache, et deux en appel, Hussein Oneissi et Hassan Habib Merhi. Le 4e suspect, Assad Sabra, a été acquitté. Le TSL n'a cependant pas pu établir de lien direct entre l’attentat et les dirigeants du parti chiite. Moustapha Badreddine, le principal suspect décrit comme le "cerveau" de l'attentat par les enquêteurs, a été tué en Syrie en 2016.
Par ailleurs pendant l’interview, Saad Hariri a assuré qu’il ne prévoyait toujours pas de réintégrer la vie politique au Liban mais qu’il restait proche des Libanais.
« Pas de percée »
« Comme vous avez pu le voir (mercredi), beaucoup de gens se souviennent de Rafic Hariri et de son martyr. Le fait que je sois sorti de la vie politique, ou que je l’ai suspendue, ne veut pas dire que je suis sorti du cœur des Libanais ni que je ne reste pas présent parmi eux » a-t-il notamment déclaré. « Cela va continuer surtout sur le plan humanitaire et caritatif via (le courant du Futur). Ma vie politique n’est pas tout au Liban. Tout comme Rafic Hariri », a-t-il poursuivi.
« Mon retrait de la vie politique s’est fait pour la raison que j'ai évoqué. Le Liban connaissait une période dangereuse et c’est toujours le cas aujourd’hui étant donné qu’il n’y a pas d’élection d'un président de la République ni rien qui se passe (pour la débloquer) », a-t-il encore expliqué. « J’ai quitté la vie politique parce que la communauté internationale demandait un changement sur la scène politique libanaise », a-t-il ajouté. Le pays est sans président depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022 et est dirigé par le gouvernement démissionnaire de Nagib Mikati depuis mai 2022. « Non, il n’y a aucune percée » a estimé Saad Hariri en réponse à une question lui demandant si le dossier de la présidence pouvait espérer être débloqué à court terme.
Enfin sur la question de la guerre à Gaza et de ses débordements au Liban-Sud, Saad Hariri a jugé qu’il était « clair que (le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu veut élargir la guerre au Liban pour des raisons diverses », notamment pour détourner les regards de ce qui se passe à Gaza, et que le Hezbollah et l’Iran « ne veulent pas la guerre avec Israël ». « Nous devons nous lever aux côtés de Gaza et des enfants de Gaza », a-t-il insisté.
Après avoir perdu père et argent il faut qu’il serve aussi de fusible pour le pays. Tant qu’il y aura du confessionnalisme dans ce pays rien ne s’arrangera et le seul qui avait un staff regroupant toutes les confessions et compétences c’était Rafic et Saad lui a emboité le pas! C’est cela je pense qui a dérangé tout le monde alors bonimenteurs du vent svp !
15 h 09, le 16 février 2024