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Politique - Liban

"Chaque chose en son temps" : sous les vivats, Hariri se recueille sur la tombe de son père à Beyrouth

« Le pouls du pays est ici, préservez-le. Préservez le pays », s'est contenté de déclarer l'ex-Premier ministre, à l'occasion de la 19e commémoration de l'assassinat de Rafic Hariri. 

Saad Hariri se recueillant sur la tombe de son père, Rafic Hariri, à Beyrouth, le 14 février 2024. Photo Joao Sousa / L'Orient-Le Jour

L'ex-Premier ministre libanais, Saad Hariri, s'est offert un bain de foule mercredi à Beyrouth, où il était de passage pour se recueillir sur la tombe de son père, Rafic Hariri, également ancien président du Conseil, assassiné il y a 19 ans dans un attentat. 

Saad Hariri s'était mis en retrait de la politique libanaise en janvier 2022 et réside désormais aux Émirats arabes unis. Mais son retour à Beyrouth cette année est scruté de près, autant par les figures politiques que par les partisans du Courant du Futur, le parti qu'il dirigeait. Certains espèrent en effet qu'il réintégrera la scène politique libanaise, alors que la communauté sunnite ne parvient pas à s'unir autour d'un leader depuis son départ. 

A Beyrouth, sous les vivats de la foule, M. Hariri a salué les milliers de ses partisans présents sur la place des Martyrs et serré quelques mains, entouré d'une horde de militaires et policiers. Après s'être recueilli devant la tombe de Rafic Hariri, aux côtés de sa tante Bahia Hariri, il s'est contenté de déclarer : « Le pouls du pays est ici. Préservez-le. Préservez le pays. » Ajoutant : « Chaque chose en son temps ». 


Avant son arrivée, la place des Martyrs, ornée de grands portraits des deux anciens Premiers ministres, s'était noircie de monde, malgré la pluie. La foule scandait des slogans à la gloire du père et du fils Hariri, tandis que des feux d'artifice étaient tirés dans les environs. Des chants partisans étaient également diffusés par des haut-parleurs.

La foule rassemblée dans le centre-ville de Beyrouth, le 14 février 2024. Photo Joao Sousa / L'Orient-Le Jour

« Tout le Liban aime » Rafic Hariri

« Saad Hariri est absent depuis deux ans, mais tous ces gens sont ici malgré tout, sans que l'on ait besoin d'appeler à un rassemblement. Cela nous rend fiers. Je demande à Saad Hariri de revenir sur sa décision concernant la suspension de ses activités politiques. Qu'il revienne parmi nous pour que nous puissions sauver le Liban de l'effondrement », a déclaré Ahmad Ali, présent à Beyrouth, à L'Orient-Le Jour. « Le cheikh Rafic était le seul à aimer ce pays, et c'est le cas de son fils. Lors de la révolution de 2019, il est le seul à avoir répondu au peuple », a ajouté ce partisan. Saad Hariri avait annoncé la démission de son gouvernement quelques jours après le début des manifestations d'ampleur contre le régime politique, en octobre 2019. Il avait toutefois été à nouveau désigné président du Conseil en octobre 2020, mais avait échoué à former un nouveau cabinet.

« Aujourd'hui, nous nous souvenons de notre bien-aimé » Rafic Hariri, « Tout le monde, tout le Liban l'aime », a de son côté affirmé Ali Nasser, un soldat à la retraite. 


Des partisans de Saad Hariri dans le centre-ville de Beyrouth, le 14 février 2024. Photo Joao Sousa / L'Orient-Le Jour

« Je vais lui demander de rester »

Pour assister à son passage à Beyrouth, des centaines de personnes se sont rendues dans le centre-ville, afin d'exprimer leur volonté d'un retour politique de M. Hariri, certains ayant fait la route depuis les régions périphériques pour l'occasion. Des centaines de voitures et de bus des fenêtres desquels flottait le drapeau bleu du mouvement du Futur ont ainsi été observées sur l'autoroute au nord de Beyrouth. Des convois de partisans du courant du Futur sont également partis de Saïda (Sud). Avant de monter dans l'un de ces bus, Ibrahim el-Sabeh a confié à L'Orient-Le Jour : « Je vais participer à la commémoration, renouveler mon engagement envers le cheikh Saad et lui demander de rester au pays. Je veux lui dire qu'après son départ, la situation économique s'est effondrée ». Une autre femme présente dans la grande ville du Sud, Arabiya el-Qodsi, a affirmé se rendre à Beyrouth pour « rencontrer Saad Hariri, la lumière du Liban, et lui dire qu'on ne veut pas qu'il parte ». 


Un bus passant devant un panneau en hommage à Rafic Hariri à Saïda. Photo Mountasser Abdallah

S'adressant à nouveau succinctement à la foule à la Maison du Centre, sa résidence dans le quartier beyrouthin de Koraytem, Saad Hariri a affirmé : « Où que je sois, je suis avec vous. Saad Hariri n'abandonnera pas les gens ». « Chaque chose en son temps », a-t-il réitéré avant d'appeler ses partisans à « dire à tous que vous êtes de retour et que sans vous, rien ne fonctionne dans ce pays ».

A la Maison du Centre également, l'ex-Premier ministre s'est réuni avec une délégation du Courant du Futur, a indiqué s'être senti, au cours de son passage à Beyrouth « comme en 2005 », lors des grandes manifestations contre l'occupation syrienne du Liban. « Je compte sur vous, et je resterai avec vous », a ajouté M. Hariri, qui a assuré qu'il a « peut-être quitté la politique » mais qu'il ne quittera pas ses partisans. « Nous nous reverrons bientôt ».

Et à l'occasion de la 19e commémoration de l'assassinat de Rafic Hariri, plusieurs figures politiques lui ont par ailleurs rendu hommage. 

Son autre fils, Baha' Hariri, qui s'était un temps lancé dans la politique en amont des législatives de 2022 et après le départ de son frère Saad, avant de s'en écarter, a ainsi célébré la mémoire de son père et appelé à « mener à bien son projet de développement économique et politique » au Liban. Ce projet « n'est pas mort » avec Rafic Hariri et « se réunir autour de la vision et du rêve » de l'ex-Premier ministre est, selon Baha' Hariri, « la clé pour résoudre tous les problèmes politiques, économiques, financiers et sociaux dont souffrent toutes les composantes du peuple ». 

Combat pour la justice
Fouad Makhzoumi, député de Beyrouth, a salué sur X la mémoire du « martyr de la modération, du dialogue et des positions nationales ». « Nous réclamons une nouvelle fois justice pour les martyrs de la liberté, de l'indépendance et de la souveraineté du Liban », a-t-il ajouté. 


Une femme à bord d'un bus sur la vitre duquel est collé un portrait de Rafic Hariri. Photo Joao Sousa / L'Orient-Le Jour

Le Tribunal spécial pour le Liban avait condamné par contumace en avril 2021, Salim Jamil Ayache à la prison à perpétuité, avant de décréter en juin 2022 la même peine contre Hassan Habib Merhi et Hussein Hassan Oneïssi. Les trois hommes sont des membres présumés du Hezbollah et ne seront probablement jamais remis à la justice. 

Achraf Rifi, député de Tripoli et membre du bloc du Renouveau, comme Fouad Makhzoumi, a pour sa part « promis au martyr et à tous ceux qui sont morts pour l'indépendance que nous continuerons notre combat jusqu'à ce que justice soit faite et que la souveraineté soit respectée ». Il a accusé « l'axe de la Résistance » d'avoir ordonné l'assassinat de l'ex-Premier ministre, rappelant que « ceux qui l'ont tué ont été condamnés par le Tribunal international » et que « des personnalités libanaises ont été assassinées pour que nous puissions obtenir justice ». Il a notamment mentionné « les deux Wissam », Wissam Eid, haut responsable des services de renseignement tué dans un attentat en janvier 2008, alors qu'il était chargé du volet technique de l'enquête sur l'explosion du 14 février 2005, et Wissam el-Hassan, ancien chef des renseignements tué en octobre 2012.

Un panneau appelant au retour au Liban de Saad Hariri. Photo Joao Sousa / L'Orient-Le Jour

De son côté, le député Samy Gemayel, chef du parti Kataëb, a estimé que « la justice reste incomplète, malgré les condamnations du TSL, qui a prouvé l'implication du Hezbollah qui continue à protéger les coupables ». « Il ne peut y avoir de paix ou de stabilité au Liban sans justice et redevabilité pour tous les crimes commis ». « Nous appelons la famille Hariri, son courant et ses partisans à poursuivre la lutte pour restaurer l'Etat et libérer son pouvoir de décision de la domination des armes », a-t-il ajouté. 

Le député Tony Frangié, fils du candidat à la présidence Sleiman Frangié, a lui déploré que « le Liban manque d'hommes d'Etat et de visionnaires, qui travaillent pour la renaissance » du pays. L'ancien ministre Michel Pharaon a pour sa part écrit sur X que « l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri avait pour objectif de tuer le Liban tel que nous le connaissons ». « Le départ de Saad Hariri est une perte nationale majeure », a-t-il poursuivi. 

L'ex-chef de la Sûreté générale libanaise, Abbas Ibrahim, a évoqué dans une publication sur X le « souvenir douloureux » de l'assassinat de Rafic Hariri, dans une situation de « vacance mortelle » au Liban. « En ce jour d'amour et dédié à Rafic Hariri, l'espoir demeure que Saad Hariri rétablisse un semblant de l'équilibre que nous avons perdu il y a 19 ans. »

L'ex-Premier ministre libanais, Saad Hariri, s'est offert un bain de foule mercredi à Beyrouth, où il était de passage pour se recueillir sur la tombe de son père, Rafic Hariri, également ancien président du Conseil, assassiné il y a 19 ans dans un attentat. Saad Hariri s'était mis en retrait de la politique libanaise en janvier 2022 et réside désormais aux Émirats arabes unis....
commentaires (10)

Demandez à la lignée Frangié et Hezbollah qui nous a mis sous tutelle Syrienne et qui nous envoyé deux millions se reposer chez nous sur le dos du contribudiable !

PROFIL BAS

16 h 44, le 16 février 2024

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Commentaires (10)

  • Demandez à la lignée Frangié et Hezbollah qui nous a mis sous tutelle Syrienne et qui nous envoyé deux millions se reposer chez nous sur le dos du contribudiable !

    PROFIL BAS

    16 h 44, le 16 février 2024

  • Après avoir perdu père et argent il faut qu’il serve aussi de fusible pour le pays. Tant qu’il y aura du confessionnalisme dans ce pays rien ne s’arrangera et le seul qui avait un staff regroupant toutes les confessions et compétences c’était Rafic et Saad lui a emboité le pas! C’est cela je pense qui a dérangé tout le monde alors bonimenteurs du vent svp !

    PROFIL BAS

    00 h 30, le 16 février 2024

  • Il est plus que curieux de voir des libanais se mobiliser pour accueillir un ex PM qui a pris la poudre d’escampette au premier accroc avec les fossoyeurs de son pays, et restent imperturbables face à ces mêmes fossoyeurs qui les prennent en otages et veulent détruire leur pays sur un simple caprice et un ego démesuré grâce à leurs armes offertes par un pays étranger pour détruire le leur. Pourquoi tous ces libanais ne se mobilisent ils pas pour sauver leur peau et leur souveraineté en se soulevant tel un seul homme pour faire face à leur destin et récupérer ainsi leur dignité? Mystère…

    Sissi zayyat

    11 h 42, le 15 février 2024

  • Les gens ont déjà oublié que c'est Hariri père qui nous a mis sous tutelle Syrienne et le fils Iranienne, de par leur faiblesse et manque de vision politique. De plus la crise économique dans laquelle le pays se noie est aussi le résultat de leurs actions et politiques depuis 1990 a 2019. Il veulent qu'il retourne? Pour faire quoi? Il a recule en 2008 devant le Hezbollah, puis en 2009 malgré avoir gagne les élections, puis trahi ses alliés lors des élections Présidentielles qui ont porté Aoun au pouvoir, puis il a fuit en raison de la révolution de 2019. Un chef d’état comme çà Baleha !

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    08 h 59, le 15 février 2024

  • Avec tout mon respect pour tous les martyrs, pourquoi le 14 février est chômé et pas le 14 septembre. Bechir Gemayel était président de la république élu lorsqu’il a été assassiné et ses assassins sont connus et ont avoué leur crime. Il faudrait choisir un jour « neutre » pour commémorer tous les martyrs. Je propose le 1er novembre

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 38, le 15 février 2024

  • Le père etait un visionnaire, intelligent, un homme politique de grande envergure. Il faisait peur à ses opposants et l'a payé de sa vie. Le fils...? Sans commentaires. Il y aurait trop à dire. Le courage n'est pas héréditaire.

    C.D.R

    08 h 37, le 15 février 2024

  • "Tout le Liban aime Rafic Hariri ". Il n’est pas dit: "Tout le monde aime Rafic Hariri ", mais "Tout le Liban" car il faut, bien sûr exclure ses assassins, lesquels, malheureusement, dirigent aujourd’hui le pays. Mais ceux-là sont-ils vraiment libanais?

    Yves Prevost

    08 h 10, le 15 février 2024

  • a culture of self-flagellation.

    M.J. Kojack

    15 h 33, le 14 février 2024

  • MDR ...QUEL CIRQUE CE PAYS

    Emile G

    15 h 32, le 14 février 2024

  • Hariri a la mémoire courte, semble-t-il ! Qu'il se garde donc ses leçons de morale et de protection pour lui-même !

    Sarah Abboud

    14 h 07, le 14 février 2024

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