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Nos Lecteurs ont la Parole - Hommages à Robert Badinter

Un avocat inspirant

Robert Badinter est parti au bout d’une vie de combats victorieux menés pour une justice plus humaine, dont on retiendra l’abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l’homosexualité et la fermeture des tribunaux d’exception.

La mort est inscrite dans les dispositions de notre code pénal et la justice la prononce toujours, même si depuis 2004 une sorte de moratoire fait qu’aucune peine de mort n’a été exécutée, suspension fragile (surtout à l’heure de la résurgence des populismes) qui dépend du bon vouloir d’un pouvoir exécutif qui pourrait la réactiver s’il devait y trouver un quelconque profit politique.

La peine de mort n’est pas dissuasive, on ne tue pas le crime en tuant le criminel, tout le monde pourra le vérifier en comparant les chiffres de la criminalité entre les pays qui l’appliquent et ceux qui ne l’appliquent pas.

La peine de mort est inhumaine parce que la justice pénale condamne des criminels, c’est-à-dire des êtres complexes qui ont chacun une histoire qui lui leur propre (et si cette histoire était la nôtre, aurions-nous été meilleur ?). La peine de mort suppose, par son caractère définitif, que la justice est infaillible et qu’elle a pu saisir l’insaisissable, c’est-à-dire les nuances infinies d’une personnalité unique, et quand bien même elle aurait pu saisir toutes ces nuances, en condamnant à mort, la justice se condamne elle-même et nous condamne tous à désespérer de l’humain et de l’humanité, en privant définitivement le condamné de toute possibilité de rachat – ou de rédemption, diraient les religions.

La sanction des relations homosexuelles est toujours inscrite dans les dispositions de notre code pénal. « Relations contre nature », peut-on lire à l’article 534, ce même si certains magistrats audacieux arrivent à en écarter l’application en rappelant certains droits élémentaires attachés à la personne, dont celui de ne pas se voir imposer un modèle sexuel qui serait naturel parce que dominant.

Enfin, que dire des tribunaux militaires si ce n’est, pour citer Georges Clemenceau, « que la justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique », et plus concrètement qu’en matière répressive, rien ne justifie en temps de paix la présence permanente d’une juridiction d’exception.

Ces combats, Rober Badinter les a menés souvent contre l’opinion publique (un sondage a été publié le jour même où il a demandé à l’Assemblée nationale l’abolition et indiquait que 63 % de Français étaient pour la peine de mort) et dans des circonstances qui n’en faisaient pas toujours une priorité. Puissions-nous nous inspirer de ses combats et les mener à notre tour envers et malgré tout, malgré les réticences, les conservatismes et les intolérances.

Antoine ABOU DIB

Avocat

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Robert Badinter est parti au bout d’une vie de combats victorieux menés pour une justice plus humaine, dont on retiendra l’abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l’homosexualité et la fermeture des tribunaux d’exception.La mort est inscrite dans les dispositions de notre code pénal et la justice la prononce toujours, même si depuis 2004 une sorte de moratoire...

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Un grand homme

Eleni Caridopoulou

18 h 03, le 13 février 2024

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Commentaires (1)

  • Un grand homme

    Eleni Caridopoulou

    18 h 03, le 13 février 2024

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