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Moyen-Orient - Focus

Retour sur la mort de 12 otages le 7 octobre : Israël ouvre enfin l’enquête

L'armée israélienne prévoyait initialement d'attendre la fin de la guerre à Gaza avant de s'emparer de la polémique autour d'un incident mortel dans le kibboutz de Beeri.

Retour sur la mort de 12 otages le 7 octobre : Israël ouvre enfin l’enquête

Un volontaire de l'organisation israélienne ultraorthodoxe Zaka au milieu des débris dans le kibboutz de Beeri, le 20 octobre 2023. Ronaldo Schemidt/AFP

7 Octobre 2023. Quatorze Israéliens sont retenus en otage par une douzaine de combattants du Hamas dans la maison de Pessi Cohen, au sein du kibboutz de Beeri, à la frontière avec la bande de Gaza. Sur les 14, seules deux femmes ont survécu : Yasmin Porat et Hadas Dagan. Les rescapées ont depuis révélé les circonstances qui ont entouré le drame, rapportées notamment par le New York Times dans une enquête sur le déroulé du jour de l’attaque la plus meurtrière jamais commise contre l’État hébreu et parue le 22 décembre 2023.

Vers 15h30, les forces de sécurité israélienne arrivées dans le kibboutz pour en reprendre le contrôle entament des négociations avec les combattants palestiniens, qui souhaitent obtenir un passage pour retourner dans l’enclave avec les captifs. Après des heures de pourparlers et d’échanges de tirs, les unités d’intervention et l’armée se disputent sur la suite à donner aux événements. Les premières espèrent voir d’autres combattants du Hamas se rendre sous la pression militaire, à l’instar de celui qui a utilisé Yasmin Porat comme bouclier humain pour ce faire. Mais le général Barak Hiram, commandant de la 99e Division venue de Cisjordanie occupée pour conduire les efforts de l’armée visant à reprendre le contrôle de Beeri, s’impatiente et veut en finir avant la tombée de la nuit. Après avoir été visés par une grenade, les Israéliens ripostent. Au commandant du tank placé face à la maison, le général Hiram se souvient avoir donné le go, « même au prix de victimes civiles ».

Polémique autour de Barak Hiram

Les révélations du New York Times avaient créé une polémique en Israël autour de la décision du militaire en charge. Après les allégations à la mi-novembre qu’un hélicoptère israélien aurait également pu tuer des civils dans l'État hébreu le 7 octobre, cette affaire a donné du grain à moudre aux détracteurs de l’armée et aux conspirationnistes, qui y ont vu l’application de la doctrine Hannibal, pourtant révoquée en 2016, et consistant à tout faire pour éviter que des Israéliens soient pris en otage, quitte à devoir les tuer si nécessaire. D’autres, comme le ministre des Finances ultranationaliste Bezalel Smotrich, ont qualifié le général Hiram de « héros d’Israël ». Évoquant des « décisions très difficiles » à prendre durant l’attaque du Hamas, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, s’est pour sa part dit « certain que les décisions de Barak (Hiram) ont été guidées par son engagement à défendre les citoyens d’Israël ».

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Si l’armée avait promis de « mener une enquête détaillée et approfondie pour clarifier les détails » de la bataille en question, elle avait précisé vouloir le faire « dès que la situation opérationnelle le permettra ». En d’autres termes, l'état-major attendait la fin de la guerre à Gaza. Car Barak Hiram, qui a perdu un œil durant la guerre de 2006, était jusque-là considéré comme une figure montante au sein de la troupe, et était supposé prendre la tête de la division de Gaza cette année. Selon le Haaretz, l’armée aurait attendu en raison de l’implication du général dans l’effort de guerre, craignant qu’une enquête minerait son travail et celui des forces sous son commandement.

Le temps est venu

Mais au moment où l’intensité des combats a diminué dans l’enclave palestinienne, les chefs militaires ont jugé que le temps était venu de lancer une investigation. D’autant que la qualité des preuves pourrait finir par se détériorer, et la maison du drame s’effondrer. Les familles des victimes avaient également fait pression en envoyant une lettre publique début janvier réclamant l’ouverture d’une « enquête transparente, en profondeur, sur les décisions et sur les actions ayant entraîné cette issue tragique », soulignant qu’une telle procédure ne pouvait pas attendre la fin de la guerre.

Pour mémoire

Deux mois après, tout ce que l’on sait sur l’opération du 7 octobre

Près d’un mois après, une cellule d’investigation de l’armée devrait convoquer dans les prochains jours le général Hiram pour qu’il raconte sa version des faits, et explique comment les décisions ont été prises ce jour-là, rapporte le Haaretz. Selon l’armée israélienne, citée par le quotidien de gauche, « le mécanisme (de l’enquête de l’état-major général) est indépendant et objectif » et l’équipe en charge a déjà commencé à récolter les données et informations sur l’ensemble des incidents qui se sont produits le 7 octobre et après. Pour sa part, le professeur Asa Kasher, auteur du code éthique de l’armée israélienne, a déclaré mi-janvier au Haaretz qu’il n'y a « absolument rien qui permette à quelqu'un de tuer un citoyen israélien, qu'il soit en uniforme ou non ». « L'idée d'essayer d'empêcher une tentative de déplacement de civils vers Gaza en tirant un mortier de char sur la structure dans laquelle ils sont détenus est intolérable. C'est inacceptable du point de vue des ordres de l'armée. Et c'est inacceptable du point de vue des valeurs de l'armée », a-t-il insisté.

7 Octobre 2023. Quatorze Israéliens sont retenus en otage par une douzaine de combattants du Hamas dans la maison de Pessi Cohen, au sein du kibboutz de Beeri, à la frontière avec la bande de Gaza. Sur les 14, seules deux femmes ont survécu : Yasmin Porat et Hadas Dagan. Les rescapées ont depuis révélé les circonstances qui ont entouré le drame, rapportées notamment par le New York...

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