Les Etats-Unis en « lion, roi de la jungle du Moyen-Orient » face aux différents pays de la région comparés à des insectes, et notamment le Liban et la Syrie à des « chenilles » contaminées par les œufs de la « Guêpe parasitoïde » qu'est l'Iran ?
C’est le regard que porte le journaliste américain et éditorialiste Thomas Friedman sur la région dans un article publié le 2 février dernier dans le New York Times ... et qui n'a pas manqué de provoquer une vague d'indignation sur les réseaux sociaux, à l’encontre de l’auteur mais aussi du NYT.
Et pour cause. Le prédateur est « le Corps des gardiens de la révolution islamique » affilié à l’Iran, une espèce de « guêpe parasitoïde qui injecte ses œufs dans les chenilles vivantes » pour les dévorer de l’intérieur. Les chenilles vivantes étant le Liban, le Yémen, la Syrie, l’Irak. Et les œufs qui éclosent à l’intérieur de l’hôte, « les Houthis, le Hezbollah, le Hamas, et les Kataëb Hezbollah ».
« Mettre le feu à toute la jungle »
Selon Thomas Friedman, les Etats-Unis n’ont « pas de contre-stratégie qui tue la guêpe de manière sûre et efficace sans mettre le feu à toute la jungle ». Dans son parallèle entre le Moyen-Orient et le monde animal, le journaliste compare le Hamas palestinien à une « araignée à trappe », qui « bondit à grande vitesse, saisit sa proie et la ramène dans son terrier pour la dévorer, le tout en une fraction de seconde ».
Quant à Netanyahu, il « est comme le lémurien sifaka, que j'ai eu l'occasion d'observer à Madagascar », écrit-il, précisant que « les propithèques sont des primates qui (…) avancent en se déplaçant latéralement, en agitant les bras de haut en bas, ce qui leur donne l'impression de bouger encore plus qu'ils ne le font ». « C'est Bibi, qui se déplace toujours d'un côté à l'autre pour rester au pouvoir et qui évite d'avancer ou de reculer de manière décisive. Cette semaine, il devra peut-être le faire », avance Thomas Friedman.
Sur X, où l’article a été posté et commenté plus d’un millier de fois, Thomas Friedman, triple lauréat du prix Pulitzer, est qualifié de « dégoûtant », de « raciste », de « parodie de journaliste », d'auteur de « journalisme poubelle »… pour avoir « comparé les peuples arabes à des insectes ou des animaux ».
« Aucun éditeur ou rédacteur de titre au sein du New York Times +libéral+ n'y a réfléchi à deux fois avant de publier ce radotage de Friedman, avec ce titre ? », s'est indigné le journaliste britannico-américain Mehdi Hasan.
De son côté, Mona Chollet, journaliste franco-suisse et ancienne cheffe d'édition au Monde diplomatique, a relevé la phrase dans laquelle Thomas Friedman « préconise de mettre le feu à toute la jungle ».
« Vous faites aux Arabes exactement, mot pour mot, ce que les Nazis ont fait aux Juifs. Votre arrogance est la même. Votre déshumanisation est la même. Votre complexe de supériorité le même. Qu’est-ce que cela fait de devenir exactement ceux qui vous ont envoyé dans des camps de concentration ? », s'interroge un autre internaute, tandis que d'autres l'accusent « d'incitation au génocide ».
Accord probable d'un cessez-le feu à Gaza
Le parallèle fait suite à une analyse de quelques lignes de la situation dans le conflit à Gaza qui oppose l’armée israélienne au Hamas, depuis l’attaque lancée par le mouvement islamiste palestinien en Israël, tuant plus de 1140 personnes et enlevant quelque 250 personnes. Thomas Friedman estime que « la semaine à venir sera probablement la plus importante dans la guerre de Gaza depuis que le Hamas l'a déclenchée le 7 octobre ».
L’éditorialiste voit des représailles américaines probables contre « les forces pro-iraniennes et les agents iraniens au Moyen-Orient que Washington considère comme responsables de l'attaque d'une base américaine en Jordanie qui a coûté la vie à trois soldats le 28 janvier ».
De même, il observe qu’un « accord de cessez-le-feu à Gaza, avec un échange d'otages israéliens détenus par le Hamas contre des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes » pourrait se dessiner.
« Le secrétaire d'État Antony Blinken va tenter de proposer au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu une option : la normalisation avec l'Arabie saoudite en échange d'un engagement à travailler avec l'Autorité palestinienne sur un plan à long terme pour la création d'un État palestinien », souligne aussi Thomas Friedman.
S’il dit « ne pas savoir comment tous ces éléments vont interagir », il « préfère parfois penser aux relations complexes entre ces parties à l'aide d'analogies tirées du monde naturel ».
« Parfois, je contemple le Moyen-Orient en regardant CNN. D'autres fois, je préfère Animal Planet », conclut Thomas Friedman.
Au lieu de guêpe parasitoïde, car ce n'est pas l'Iran qui dévore les résistants, au contraire, je parlerai de guêpes pollinisatrices, l'Iran assurant la reproduction de plusieurs espèces (résistantes).Le lémurien Sifaka, c'est drôle mais pas assez évocateur. Non, bibi, c'est le diable. Aucun animal ne mérite d'être comparé à lui.Oui, Eleni Caridopoulou, un coup gagnant à parier, sûr ! Lorsque l'on s'appelle Friedman et que l'on est éditorialiste au New York Times.
09 h 47, le 06 février 2024