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Politique - Décryptage

Présidentielle : nouvelle approche du quintette, sous la houlette de Riyad


Même si les nouvelles en provenance du terrain restent alarmantes, les milieux diplomatiques au Liban sont convaincus que cette fois-ci, le dossier présidentiel est appelé à bouger sérieusement. Bien entendu, nul ne parle d’une élection imminente, mais d’un processus de quelques mois qui, toutefois, prend désormais une tournure plus efficace. Qu’est-ce qui a donc changé pour que ce qui semblait illusoire devienne soudain possible ?

Des sources concordantes proches des Saoudiens et de « l’axe de la résistance » estiment qu’après avoir relégué à l’arrière-plan le dossier libanais, les développements à Gaza le remettent aujourd’hui au cœur de l’actualité. Selon ces mêmes sources, les différentes parties membres du groupe des Cinq (États-Unis, Arabie saoudite, Égypte, France et Qatar) sont désormais convaincues qu’il serait préférable, si on veut aboutir à une solution au sud du Liban, ou au moins à une trêve de longue durée, qu’il y ait au Liban un président en mesure de mener des négociations et éventuellement de signer un accord si celles-ci aboutissent. Cela peut paraître évident, mais selon les mêmes sources, cela ne l’était pas il y a quelque temps encore, puisque certains membres du quintette adoptaient une position de défi à l’égard du camp de « l’axe de la résistance » et de l’Iran en particulier. L’opposition à l’élection du chef des Marada Sleiman Frangié – qui avait été un temps appuyé par la France dans le cadre d’un compromis entre la présidence de la République et celle du Conseil des ministres – était ainsi principalement due au fait qu’il était le candidat du tandem chiite (le Hezbollah et Amal) et que, par conséquent, il bénéficiait du soutien de « l’axe de la résistance ». Les sources précitées affirment donc que la position occidentale et notamment américaine a changé à ce sujet et que les membres du quintette préfèrent désormais tenir compte de la position de l’Iran au lieu de chercher à l’ignorer, voire à la contrecarrer. Cela ne signifie pas, ajoutent les mêmes sources, que le candidat du tandem chiite bénéficie désormais de l’appui des Cinq, mais ceux-ci sont prêts à considérer que l’Iran a un poids dans le dossier libanais qui ne peut être ignoré.

C’est donc dans ce contexte que l’ambassadeur d’Iran Moujtaba Amani s’est rendu lundi chez son homologue saoudien Walid Boukhari, pour une rencontre qui a marqué le paysage politique libanais et qui a pris de court les différentes parties. Selon les sources précitées, trois dossiers ont été évoqués dans le cadre de cette réunion. D’abord, les relations bilatérales entre l’Iran et l’Arabie saoudite, au moment où de nombreuses analyses estiment qu’elles battent de l’aile depuis quelque temps, surtout que les États-Unis ont depuis le début cherché à freiner cet élan et qu’ensuite la guerre à Gaza et les développements en mer Rouge – à cause des attaques des houthis soutenus par l’Iran – ont pratiquement mis un bémol au rapprochement qui se dessinait entre ces deux puissances régionales depuis leur accord en mars 2023 à Pékin. Les deux ambassadeurs ont donc voulu montrer aux Libanais et à travers eux à d’autres parties régionales et internationales que le rapprochement entre leurs deux pays se poursuit, surtout que tous les deux sont désormais membres des Brics. Les deux ambassadeurs ont donc voulu confirmer le fait que, contrairement à ce qui se dit, les relations entre les deux pays ne sont pas dans une impasse et les concertations se poursuivent sur les dossiers délicats qui occupent actuellement la région. À cet égard, les Iraniens ont hautement apprécié la position saoudienne de refuser de se joindre à la coalition contre les houthis, menée par les États-Unis et la Grande-Bretagne. Les deux ambassadeurs ont aussi précisé que les relations bilatérales entre leurs deux pays ont forcément un impact positif sur la situation libanaise.

Le deuxième dossier est la guerre qui se déroule à Gaza et ses conséquences sur la région, notamment sur le Liban. Les deux ambassadeurs ont appuyé les efforts consistant à éviter l’extension du conflit sur d’autres fronts et en particulier au Liban. Il faut préciser à cet égard que l’Iran considère que la conclusion d’un cessez-le-feu à Gaza est le meilleur moyen de calmer les autres fronts et qu’il s’agit donc d’une priorité absolue.

Le troisième dossier est celui de la présidence libanaise et de la nouvelle tendance au sein du groupe des Cinq à être plus positifs et surtout, toujours selon les mêmes sources, à ne pas lier cette question à une solution politique globale, mais plutôt la limiter à la nécessité d’aboutir à des arrangements au sud du Liban. Selon des sources proches du Hezbollah, lors des précédentes réunions du quintette, il était question de lier l’élection d’un président de la République au Liban à plusieurs dossiers de fond comme celui de l’avenir des armes de la formation chiite et de l’adoption d’une stratégie de défense qui éliminerait leur rôle. Il semble que cette question en particulier ne soit plus d’actualité pour l’instant, la priorité étant désormais donnée à l’élection d’un président qui serait en mesure de mener des négociations pour l’application de la résolution 1701 et la confirmation des frontières terrestres entre le Liban et Israël. Cette nouvelle attitude devrait faciliter les discussions au sein du quintette et faciliter l’élection d’un président au Liban.

Grâce à cette rencontre entre les deux ambassadeurs, qui devrait être suivie d’autres, la position iranienne devrait ainsi être présente dans les réunions entre les représentants des cinq pays, qui chercheraient désormais à trouver un compromis équitable au sujet du dossier présidentiel. C’est donc ce nouvel esprit qui permet d’être plus optimiste qu’auparavant, au moment où, dans le conflit en cours à Gaza, les risques de dérapage régionaux deviennent de plus en plus importants. Le quintette, en tenant compte de l’Iran, réussira-t-il à prendre de vitesse les risques d’élargissement de la guerre ?

Même si les nouvelles en provenance du terrain restent alarmantes, les milieux diplomatiques au Liban sont convaincus que cette fois-ci, le dossier présidentiel est appelé à bouger sérieusement. Bien entendu, nul ne parle d’une élection imminente, mais d’un processus de quelques mois qui, toutefois, prend désormais une tournure plus efficace. Qu’est-ce qui a donc changé pour que ce...
commentaires (1)

Si ce n’était clair pour beaucoup un article qui sans ambage explicite l’origine et la raison du blocage (sempiternel) de la Présidence et des institutions au Liban.

AntoineK

06 h 44, le 26 janvier 2024

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Commentaires (1)

  • Si ce n’était clair pour beaucoup un article qui sans ambage explicite l’origine et la raison du blocage (sempiternel) de la Présidence et des institutions au Liban.

    AntoineK

    06 h 44, le 26 janvier 2024

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