Les ambassadeurs saoudien et égyptien à Aïn el-Tiné pour affirmer l’unité du quintette

L’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, s’est rendu mardi à Aïn el-Tiné pour un entretien avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Une heure plus tard, il a été suivi par son homologue égyptien, Ala’ Moussa. Ces deux rencontres sont intervenues au lendemain du report d’une réunion entre M. Berry et les ambassadeurs accrédités à Beyrouth des cinq pays impliqués dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar). Avant d’entamer leur tournée auprès des responsables, les ambassadeurs en question devraient en effet se rencontrer au cours de la semaine, dans la perspective d’une réunion du quintette prévue en février, afin d’accélérer la tenue de la présidentielle.

En attendant, les membres du groupe des Cinq s’attellent à mettre en avant leur unité et leur détermination à redynamiser le dossier. C’est sur ce point que le diplomate égyptien a insisté à sa sortie de Aïn el-Tiné. « La réunion avec M. Berry était une opportunité d’affirmer que le quintette a une position unifiée, un message que j’ai également transmis (au Premier ministre sortant) Nagib Mikati que j’ai rencontré hier (lundi) », a affirmé M. Moussa. « Le quintette parle d’une seule voix », a-t-il insisté.

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Il a également tenu à préciser que « la réunion avec M. Berry a été reportée pour des raisons strictement liées aux agendas des ambassadeurs concernés ». « Nous préparons une réunion des ambassadeurs non pour parler des divergences, mais pour définir une feuille de route (pour la prochaine phase) », a ajouté le diplomate égyptien. À la question de savoir s’il juge nécessaire de dissocier la présidentielle de la guerre à Gaza, Ala’ Moussa a répondu que « normalement, tout pays doit être doté d’un président, à plus forte raison dans les circonstances difficiles. « Ce qui se passe dans la région et les défis qu’affrontent le Liban exigent l’élection d’un chef de l’État dans les plus brefs délais », a-t-il martelé.

Parallèlement, l’ambassadeur de France à Beyrouth, Hervé Magro, poursuit sa tournée auprès des chefs de file politiques. Il s’est entretenu mardi à Meerab avec le chef des Forces libanaises Samir Geagea. « Ils aspirent à une démarche à même de permettre l’élection d’un chef de l’État », déclare à L'Orient-Le Jour Richard Kouyoumjian, chef du département des affaires étrangères au sein du parti, présent à la réunion, précisant que la question d’un éventuel troc favorable au Hezbollah entre la présidentielle et un règlement au Liban-Sud n’a pas été évoquée. Le leader chrétien a réitéré sa position connue, selon laquelle la solution réside dans la tenue d’une séance électorale (ouverte) avec des tours de vote successifs jusqu’à l’élection d’un nouveau président ». « Sinon, le vide s’éternisera à la lumière de l’attachement du camp adverse à son candidat (Sleiman Frangié) », a averti M. Geagea. De son côté, M. Magro a insisté sur l’importance de n’établir aucun lien entre le dossier de la présidentielle et celui de la guerre en cours depuis le 7 octobre, confie à L’OLJ une source diplomatique française. Elle fait savoir que M. Magro s’entretiendra mercredi avec le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad. 

Bou Habib invite la France à jouer un rôle dans la « désescalade » au Liban-Sud
Le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a invité la France mardi à « jouer un rôle » dans « la diffusion des tensions au Liban-Sud et la mise en œuvre de la résolution 1701 » du Conseil de sécurité de l'ONU, rapporte le palais Bustros sur le réseau social X. Cette résolution avait mis fin à la guerre en 2006 entre le Hezbollah et Israël. Elle a consacré la seule présence de l'armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) dans le sud du pays, entre la frontière et le fleuve Litani. M. Bou Habib a tenu ces propos lors d'une rencontre avec son homologue français, Stéphane Séjourné, en marge d'une session du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Moyen-Orient à New York. A cette occasion, il s'est également entretenu avec ses homologues russe, iranien, indonésien et algérien. M. Bou Habib a ainsi assuré à M. Séjourné « la volonté du Liban d'assurer la sécurité dans le pays, de récupérer les territoires occupés et de mettre fin aux violations [israéliennes] », selon le texte publié sur X. Il a surtout affirmé que « tout rôle que la France pourrait jouer dans la diffusion des tensions dans le Sud et dans la mise en œuvre globale et équilibrée de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies » était bienvenu. M. Bou Habib s'est également félicité de la volonté de la France « d'aider l'armée libanaise et de soutenir la Finul » dans le maintien de la stabilité dans le Sud, l'aide apportée récemment comprenant la fourniture de 15 tonnes de fret médical. Au cours de l'entretien avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, les deux ministres ont discuté des « provocations israéliennes auxquelles le Liban est confronté et des tentatives de l'entraîner dans la guerre », rapporte le Palais Bustros. Ils ont souligné « l'importance de l'unité palestinienne pour parvenir à un État palestinien indépendant ». Abdallah Bou Habib s'est aussi entretenu avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Hussein Amir-Abdollahian. Tous deux ont souligné « l'urgence d'arrêter les implications dangereuses de la guerre pour le Moyen-Orient ». Quant à son homologue algérien Ahmed Attaf, il lui a assuré que « l'Algérie sera toujours aux côtés de la cause palestinienne et restera aux côtés du Liban ».
Il convient de signaler que le Premier ministre Nagib Mikati a reçu mardi soir le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Albares, au Grand Sérail de Beyrouth. À l’issue de cet entretien, le ministre espagnol a déclaré qu’en marge de sa visite au Liban, il allait se rendre également dans les pays voisins, et que l’Espagne « travaille pour la stabilité et la paix au Moyen-Orient ». Tout en rappelant que son pays a dénoncé « l’agression terroriste » du 7 octobre par le Hamas contre Israël, M. Albares a qualifié « d’insoutenables » les images qui continuent de nous parvenir de Gaza et assuré que son pays œuvre pour la solution des deux États. « Nous avons suggéré la tenue d’un congrès international urgent pour la paix », a-t-il déclaré.