Le chef de l'Église maronite Béchara Raï a estimé dimanche qu'il ne fallait « effectuer aucun changement au niveau de la frontière terrestre au Liban-Sud en l'absence d'un président ». Plusieurs parties ont dernièrement évoqué des négociations avec Israël sur une délimitation de sa frontière avec le Liban et d'une fin du conflit à Gaza.
Les propos du patriarche interviennent alors que le Liban est sans chef de l'État depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022, faute de consensus sur un candidat.
« On a beaucoup entendu parler ces derniers jours d'une action internationale visant à délimiter la frontière terrestre au Liban-Sud, bien que celle-ci soit délimitée et fixée conformément à des résolutions internationales depuis plus de 100 ans. Tout cela se passe alors que le pays est sans président et que le gouvernement ne dispose pas des plein pouvoirs », a dénoncé Mgr Raï dans son homélie dominicale.
Il a ainsi appelé à « appliquer les accords et résolutions internationales concernant la délimitation de la frontière terrestre au Liban-Sud, notamment la résolution 1701 (qui avait mis fin à la guerre de juillet 2006 entre le Hezbollah et Israël, ndlr), et à n'effectuer aucun changement à ce niveau en l'absence d'un président de la République et à l'ombre d'un pouvoir exécutif dont les prérogatives sont incomplètes ».
Cette mise en garde intervient alors que le Premier ministre sortant Nagib Mikati, mais aussi le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, ont dernièrement fait preuve d'ouverture en vue de négociations avec Israël sur la frontière terrestre et la fin du conflit.
En déplacement à Beyrouth, l’émissaire américain Amos Hochstein aurait proposé cette semaine, selon des informations obtenues par notre journal, une démarche en trois étapes pour calmer la situation au Liban-Sud, théâtre d’échange de tirs entre l'Etat hébreu et le parti pro-iranien dans le sillage de la guerre à Gaza. À défaut d’une cessation immédiate des hostilités, que le Hezbollah lie à la fin de la guerre dans l’enclave palestinienne, M. Hochstein suggère de limiter l’étendue des combats à une bande de huit kilomètres des deux côtés de la frontière et de revenir donc aux règles d’engagement établies au début du conflit. Après la cessation des hostilités, un tracé de la frontière terrestre entre les deux pays sera négocié pour permettre la résolution des 13 points de litige, ainsi que la question des fermes contestées de Chebaa.
L'élection présidentielle et la guerre à Gaza
Sur le plan politique, le patriarche maronite a une nouvelle fois affirmé qu'il « ne faut pas accepter de lier l'élection d'un président de la République à l'arrêt de la guerre à Gaza », estimant que le futur chef de l'État « soutiendra la cause palestinienne aux niveaux régional et international et protègera le Liban ».
Le Hezbollah et le mouvement Amal continuent de soutenir la candidature du chef chrétien du Liban-Nord Sleiman Frangié, qui est en revanche rejetée par les autres partis traditionnels et l'opposition. Les partis chrétiens majoritaires s’en tiennent à la candidature de Jihad Azour, ancien ministre des Finances, qu’ils avaient décidé de soutenir en juin dernier face à M. Frangié, tout en se disant ouverts à une « troisième voie ». Bien que l'opposition penche plutôt vers une figure de compromis, elle risque de ne pas pouvoir compter sur son allié ponctuel, le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, qui rejette l’élection du commandant en chef de l’armée, de plus en plus perçu comme une figure susceptible d'incarner cette « troisième voie ».
commentaires (7)
La voix des chrétiens a été étouffée grâce à ces politiciens véreux qui s’expriment en leur nom et agissent uniquement dans leur propre intérêt qui est aux antipodes de l’intérêt de la communauté ainsi que de tout le pays. Ils sont satisfaits de leur exploit?
Sissi zayyat
11 h 00, le 15 janvier 2024