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Culture - Trois questions

Les collections digitales du BeMA : Pourquoi et comment ?

La directrice artistique du BeMA (Beirut Museum of Art), Clémence Cottard Hachem, revient sur la numérisation et la documentation d’œuvres calligraphiées par Samir Sayegh, qui marquent l’inauguration du programme de création de Collections digitales initié par le BeMA pour la préservation et la transmission de l’héritage culturel au Liban. 

Les collections digitales du BeMA : Pourquoi et comment ?

Des œuvres calligraphiées de Samir Sayegh exposées à la Bibliothèque orientale. © Samir Sayegh Image : © The Beirut Museum of Art, Samir Sayegh Collection, 2023

BeMA a lancé un programme de création de « Collections digitales ». Qu’en est-il ?

Le programme de création des « Collections digitales » du BeMA s’inscrit dans une volonté du musée de développer de grandes campagnes d’inventaires, de documentation et de numérisations de collections – œuvres d’art ou archives – relevant du patrimoine culturel libanais, et par là de sa conservation, à travers sa mise en accès aux publics, aux chercheurs et aux futures générations.

Ce programme s’adresse avant tout à des fonds fragiles et en danger, à des artistes, à leur famille, mais également à toutes personnes, entités ou institutions possédant des documents-clés pour la recherche et le développement des narrations et histoires relatives aux pratiques artistiques et artisanat d’art au Liban de la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Les collections ne sont pas acquises à proprement parler par le musée, celui-ci crée différents accords s’adaptant aux besoins et aux demandes de chacun. La demande essentielle est cependant la nécessité de rendre accessible à la recherche les documents numérisés et documentés.

Nous le savons, la mise en accès des archives encore existantes, des œuvres de collections particulières, la fragilité matérielle ou le manque de présence dans l’imaginaire collectif et la culture visuelle du pays, tient d’une responsabilité non seulement culturelle, mais aussi civique. Nombre de collections privées, archives oubliées sont de ce fait plus que séduites par cette alternative digitale.

Pourquoi Bema a-t-il choisi Samir Sayegh pour l’inaugurer ?

Samir Sayegh est un monstre sacré dans le meilleur sens du terme, il a dédié toute sa vie à la pratique calligraphique arabe et à son envol, il l’a, à sa manière, révolutionnée aussi ; son travail devrait faire partie intégrante de notre imaginaire commun et de notre culture visuelle. Comme il y a des trésors nationaux vivants au Japon, à savoir des personnes désignées comme conservateurs de biens culturels intangibles, ou de savoir-faire essentiels au regard de l’histoire et de la culture du pays, Samir Sayegh est notre grand maître-peintre calligraphe et, au-delà, un critique d’art, un poète, un penseur, dernier témoin d’une époque culturelle aujourd’hui en mal d’histoires et de valorisation. Choisir 202 œuvres fondamentales dans la démarche de cet artiste (appartenant aux série Cités Encrées et Les Carnets de la libertés 2011-2012) main dans la main avec lui, et avec une volonté commune d’ouverture, de circulation des pensées et des idées et de transmission au futures générations, était pour le BeMA un fait non seulement symbolique fort mais également essentiel pour développer les futures pratiques de l’institution et créer dans le même mouvement un exemple solide en terme de collaboration, d’ouverture et d’approche prospectiviste du futur musée. Cette collaboration n’est qu’un début, elle en appelle de nombreuses avec une infinité de formats possibles et d’élans artistiques, culturels et intellectuels.

Quelles sont les différentes étapes de ce projet avec Samir Sayegh ?

Ce projet s’est formé selon 4 étapes-clés, toutes nous ont permis d’apprendre les uns des autres, mais aussi de développer collectivement des idées, des envies et des collaborations culturelles pour le Liban.

- La première s’est construite autour du projet de sélection, d’inventaire, de numérisation en haute définition et de documentation des pièces.

- La deuxième a été dans la commission d’un format de recherche innovant, un essai audiovisuel documentaire réalisé par Karma et Rajwa Tohmé sur l’approche de Samir Sayegh et sur les deux séries numérisées, et projeté dans sa première version le 19 décembre 2023 à la Bibliothèque orientale lors d’une soirée spéciale. En regard de cette projection et d’une sélection d’œuvres originales présentées dans la salle de lecture de la bibliothèque, Samir Sayegh et Mahmoud Haïdar ont été invités à dialoguer autour des principaux thèmes abordés par l'artiste. On peut aujourd’hui dire que cette soirée fait date à de nombreux niveaux, non seulement dans les différents formats présentés, mais également dans les discussions échangées. Encore une fois, cette nécessité de circulation des idées, de la pensée et des faire était au centre de cette rencontre.

- La troisième se tiendra au printemps. Fidèle à sa mission éducative, le BeMA mettra en place une série d’ateliers dans des écoles et des centres communautaires pour non seulement initier à la pratique de la calligraphie et diffuser l’approche de Samir Sayegh, mais également rassembler et unifier autour de l’art et de la culture un jeune public avide de découvertes et de créativités.

- Enfin, la dernière étape se tiendra dans le futur lancement de la plateforme en ligne du BeMA, où cette collection inaugurale sera enfin disponible au regard et à la curiosité de tous.

BeMA a lancé un programme de création de « Collections digitales ». Qu’en est-il ? Le programme de création des « Collections digitales » du BeMA s’inscrit dans une volonté du musée de développer de grandes campagnes d’inventaires, de documentation et de numérisations de collections – œuvres d’art ou archives – relevant du patrimoine culturel libanais, et par là...

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