Les deux plus grands blocs parlementaires actuels risquent d’avoir de la compétition. À l’heure où le Courant patriotique libre et les Forces libanaises se félicitent d’avoir les groupes les plus larges (17 et 19 députés respectivement), plusieurs élus, dont le nombre s’élèverait à une vingtaine, pourraient se rassembler et leur ravir ainsi la première place. Pour le moment, la démarche est encore au stade embryonnaire. Mais elle ne peut être dissociée du contexte de l’élection présidentielle, d’autant qu’elle concerne une écrasante majorité de députés « gris », c’est-à dire ceux qui ne se sont pas clairement prononcés en faveur d’un candidat. S’ils parviennent à accorder leurs violons, ces députés pourraient donc bien faire pencher la balance dans un sens comme dans un autre.
Contacté par L’Orient-Le Jour, Abderrahmane Bizri, député indépendant de Saïda, précise que cette dynamique ne va pas déboucher sur un bloc parlementaire dans le sens traditionnel du terme. « Il s’agira d’un rassemblement de députés qui peuvent coordonner, voire converger sur plusieurs sujets », explique-t-il. À la question de savoir le nombre exact de parlementaires composant le « rassemblement » en question, le député de Saïda précise que plus d’une quinzaine en font déjà partie, mais que les contacts en cours pourraient augmenter le nombre jusqu’à 20. Outre M. Bizri, le groupe en gestation devrait englober Oussama Saad, autre député de Saïda, et son collègue de Jezzine Charbel Massaad, ainsi que les quatre députés du bloc baptisé « Le nouveau Liban » : Nabil Badre, Imad el-Hout, Neemat Frem et Jamil Abboud. « Nous nous réunirons mardi à 17 heures pour définir les grandes lignes de notre action », confie M. Badre.
La Modération nationale aussi
Il y aura aussi, et surtout, les 6 membres de la Modération nationale (majoritairement sunnites ex-haririens). Depuis le début du feuilleton présidentiel, en septembre 2022, ces anciens haririens, de par leur positionnement centriste, ont pu s’affirmer comme un des éléments-clés de l’échéance. D’où les efforts déployés par plusieurs protagonistes pour les pousser à prendre une position claire au lieu de continuer à voter pour le slogan « Le nouveau Liban ». Mais le bloc profitait de son positionnement qui lui donnait une certaine marge de manœuvre. Au point d’opter pour une forme de chantage sur certains dossiers. « Nous voterons contre tout candidat qui ne s’engagerait pas à mettre sur les rails le projet de l'aéroport de Qleiate (Akkar) », déclarait ainsi à L’OLJ Sajih Attié, membre de la Modération nationale, en juillet dernier. Plus récemment, son collègue Walid Baarini a tenu des propos similaires. « Celui qui veut nos voix doit avaliser notre proposition de loi », avait-il dit à notre journal, dans la foulée de la bataille de la prorogation du mandat du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun. Un pari gagné pour la Modération nationale puisque c’est son texte (prévoyant le maintien à leur poste de tous les chefs d’appareils sécuritaires) qui a été adopté à la Chambre le 15 décembre dernier.
Pourquoi ces députés ont-ils donc donné leur accord de principe pour faire partie du rassemblement parlementaire en question ? « Nous ne serons pas dilués dans le nouveau bloc. Nous préservons notre marge de manœuvre. Mais nous voulons encourager toutes les démarches visant à renforcer la tendance centriste », répond Walid Baarini. Et de faire valoir que le nouveau rassemblement devrait être un premier pas sur la voie d’une sortie du flou, en vue de voter pour un candidat bien déterminé. « Si nous ne parvenons pas à nous entendre sur la présidentielle, la démarche risque de s'avérer inutile », abonde M. Badre, disant qu'il « est temps de voter pour un candidat ». Pour sa part, Abderrahmane Bizri préfère faire preuve de prudence. « Nous n’avons pas encore parlé de candidats ni de présidentielle. Même si nous convergeons sur la nécessité de combler le vide à la tête de l’État le plus rapidement possible », souligne-t-il, tout en se disant conscient de « l’importance de l'incidence de ce groupement sur l'échéance présidentielle ».
Cette dynamique vient consacrer l’effritement du bloc des députés de la contestation. Trois d’entre eux entendent en effet rejoindre le nouveau groupe. Il s’agit de Halimé Kaakour, Cynthia Zarazir et Élias Jaradé. Parallèlement, leurs collègues Marc Daou, Waddah Sadek et Michel Doueihy (qui se sont alignés sur les positions du camp de l’opposition depuis plusieurs mois) ont récemment formé leur propre groupe, « l’Alliance du changement ». « Nous sommes d’accord sur 95 % des dossiers. Il est donc normal d’avoir un bloc indépendant », souligne M. Sadek, sans exclure l’éventualité de collaboration avec les protagonistes « qui nous ressemblent ».
commentaires (14)
Felicitations pour vous êtres enfin reveilles de votre coma.
hrychsted
19 h 05, le 06 janvier 2024