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Politique - Éclairage

Entre les lignes du discours (un peu trop calme) de Nasrallah

Lors d'une allocution au lendemain de l’assassinat du numéro deux du Hamas, le chef du Hezbollah s’est contenté de manier à nouveau l’arme du suspense.

Entre les lignes du discours (un peu trop calme) de Nasrallah

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah lors de son discours prononcé, mercredi 3 janvier, à l’occasion de la quatrième commémoration de l’assassinat de Kassem Soleimani et retransmis lors de l'événement organisé dans la banlieue sud de Beyrouth pour l’occasion. Photo Mohammad Yassine.

« Lorsque nous avons ouvert le front du Sud, le 8 octobre, nous l’avons fait pour soutenir le peuple opprimé de Gaza tout en prenant en considération l’intérêt national et les difficultés au Liban. » Cette phrase de Hassan Nasrallah est peut-être celle qui résume le mieux les calculs du Hezbollah depuis le début de la guerre. Dans un discours pourtant très attendu au lendemain de l’assassinat du numéro deux du Hamas Saleh el-Arouri en plein fief beyrouthin du parti chiite, le chef du Hezbollah s’est contenté de manier à nouveau l’arme du suspense.

Ainsi, après un silence de près de deux mois, c’est un Hassan Nasrallah un peu trop calme, souriant même à des moments, qui s’est adressé à la foule rassemblée dans la banlieue sud de Beyrouth pour commémorer le quatrième anniversaire de l’assassinat du général iranien Kassem Soleimani dans une frappe américaine en Irak. Certes, le leader chiite avait fixé ce rendez-vous (ainsi qu’un autre vendredi) avant l’élimination de Saleh el-Arouri. Mais son attitude contrastait avec la nature dramatique des attaques qui ont visé « l’axe de la résistance » ces derniers jours. À commencer par l’élimination, par une frappe israélienne le 25 décembre à Damas, du plus haut gradé des généraux des gardiens de la révolution iraniens Razi Moussavi, suivie de l’assassinat du numéro deux du Hamas mardi puis de l’attentat, jusqu’ici non revendiqué, qui a fait au moins 103 morts mercredi près de la tombe de Kassem Soleimani en Iran.

« Nous ne craignons pas la guerre »
Alors que les craintes de voir le conflit entre Israël et « l’axe de la résistance » s’étendre à toute la région se sont considérablement accrues, Hassan Nasrallah a eu recours à la même rhétorique, menaçant l’État hébreu de représailles et promettant « une victoire » qui, selon lui, est déjà perceptible, les Israéliens ayant « échoué à atteindre leurs objectifs à Gaza ». « Depuis trois mois jusqu’à ce jour, nous avons des martyrs, des sacrifices, des déplacés, des dégâts, des destructions, des dangers, des prix à payer. Mais nous avons aussi de la résistance, du courage, du combat, du défi, des pertes dans les rangs de l’ennemi et un refus de la reddition », s’est-il ainsi félicité. Et de poursuivre : « Ce qui s’est passé depuis le 7 octobre jusqu’à ce jour et qui arrivera encore à l’avenir a affaibli Israël (…) et l’a mis sur la voie de l’extinction. Personne ne pourra le défendre. »

Sur le terrain toutefois, les combattants du Hezbollah poursuivent leurs attaques contre des positions israéliennes à la frontière, mais dans des secteurs qu’ils visent depuis le 8 octobre et selon les mêmes règles d’engagement. « Pour le moment, nous combattons sur le front de façon calculée (...) mais si l’ennemi pense lancer une guerre contre le Liban, nous combattrons sans limites, sans restrictions, sans frontières, et il sait ce que cela signifie », a lancé Hassan Nasrallah dans son discours, dans ce qui sonne comme une manière de justifier une réaction pour le moins mesurée par rapport aux derniers développements. « Nous ne craignons pas la guerre », a-t-il toutefois martelé, soulignant que dans ce cas, « l’intérêt du Liban sera d’aller à la guerre jusqu’au bout, sans retenue ». Le chef du Hezbollah a tenu à rappeler que le 8 octobre, lorsqu’elle a ouvert le front au Liban-Sud, la « résistance n’était pas dissuadée. Et aujourd’hui, elle est plus prête que jamais ».

Selon lui, ce qui a jusque-là empêché Israël de mener une guerre, « c’est la force qui existe au Liban ». « Les Israéliens pensaient que c’était l’occasion rêver d’en finir avec le Hezbollah, fort du soutien et de la sympathie de la communauté internationale. Mais ils ne l’ont pas fait. Pourquoi ? Parce que la résistance leur a fait perdre l’effet de surprise en prenant les devants et en ouvrant le front ».

« Un crime qui ne restera pas impuni »
Pour ce qui est de l’élimination de Saleh el-Arouri et six autres responsables et cadres du mouvement islamiste et de ses alliés, Hassan Nasrallah a évoqué « un crime dangereux à double titre » en raison de « l’assassinat » en lui-même et du fait que « la banlieue sud a été visée de la sorte, pour la première fois depuis 2006 », lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah. Il a assuré que le meurtre « ne restera pas impuni », reprenant les termes d’un communiqué de son parti publié dans la foulée de l’attaque mardi soir. Rendant hommage aux « martyrs », il a déclaré : « Votre sang, vos sacrifices (…) auront des conséquences positives sur la Palestine, le Liban, l’Irak, la Syrie, le Yémen et toute la région. »

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Ceux qui connaissent le Hezbollah savent qu’il ripostera à la frappe au cœur de la banlieue sud. Israël vient de franchir une ligne rouge que le parti chiite ne peut se permettre, du moins vis-à-vis de sa base populaire, de passer sous silence. Mais si l’on veut lire entre les lignes du discours de Nasrallah, une chose est sûre : la riposte sera bien calculée et prendra en considération les intérêts stratégiques du parti (mais aussi de son parrain iranien qui ne va pas mettre en péril son bras armé le plus fort).

« Lorsque j’ai dit que le Déluge d’al-Aqsa était une opération palestinienne dont nous n’étions pas au courant, ce n’était pas pour prendre de la distance par rapport à cette opération, a d’ailleurs tenu à rappeler le chef du Hezbollah. Les organisations de la résistance agissent indépendamment les unes des autres, chacune dans son pays. Nous nous consultons, mais chacun prend ses décisions en fonction de ses intérêts et ceux de sa population. » On l’aura compris. Celui qui n’a pas encore vengé l’assassinat du cerveau militaire du Hezbollah Imad Moghniyé et du général iranien Kassem Soleimani comptera jusqu’à dix avant de venger l’élimination de Saleh el-Arouri et prendre le risque de mener la région dans une guerre que tous les protagonistes, y compris les Israéliens, semblent redouter. Rappelons que l’État hébreu n’a pas revendiqué l’attaque et que le conseiller de Benjamin Netanyahu a vite tenté d’en réduire l’impact en affirmant qu’elle ne visait ni le Liban ni le Hezbollah. Rappelons aussi que la flotte américaine a quitté la Méditerranée et que Washington s’est de son côté lavé les mains de l’opération israélienne. Au final, à la fin de son discours, Hassan Nasrallah a bien résumé cette situation flottante qui repose sur la surenchère, les attaques et ripostes contenues, et les négociations sous la table (l'émissaire américain Amos Hochstein est attendu en Israël cette semaine) : « Entre nous et vous, il y a le terrain, les jours et les nuits... »

« Lorsque nous avons ouvert le front du Sud, le 8 octobre, nous l’avons fait pour soutenir le peuple opprimé de Gaza tout en prenant en considération l’intérêt national et les difficultés au Liban. » Cette phrase de Hassan Nasrallah est peut-être celle qui résume le mieux les calculs du Hezbollah depuis le début de la guerre. Dans un discours pourtant très attendu au...

commentaires (16)

HN se sert du Hamas Sunnite comme proxy, mais perdre des hommes le Hamas . Pas sur !!!

Dorfler lazare

19 h 24, le 04 janvier 2024

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Commentaires (16)

  • HN se sert du Hamas Sunnite comme proxy, mais perdre des hommes le Hamas . Pas sur !!!

    Dorfler lazare

    19 h 24, le 04 janvier 2024

  • Sorry guys, pas de commentaires de mon côté car je revoyais "film amérki tawiiiiiiiiil" avec des acteurs bien plus crédibles que...

    Wlek Sanferlou

    14 h 19, le 04 janvier 2024

  • Nasrallah n’est pas le Liban !!! Il parle pour sa tribu iranienne.

    Wow

    13 h 51, le 04 janvier 2024

  • Ce speech notamment le début était pour innocenter l'iran de cette guerre. Ni le Yemen, ni lui n'ont suivi les directions de l'iran qui n'était PAS au courant de cette guerre du 07 Octobre. Le but est de blanchir l'iran. Message adressé aux USA et à Israel. 2e point : Vrai ou juste bluff : Il insistait qu'il lancera la guerre selon SON TIMING. En d'autres termes, nous vous attendez pas que le hezbollah riposte et s'implique dans une guerre qu'il n'a pas choisie. D'où la colère de Natanyahou qui provoque , assassine en Iran (hier) etc puisqu'il veut que le Hezb réagisse et ouvre le feu total

    LE FRANCOPHONE

    13 h 00, le 04 janvier 2024

  • - SANS DOIGT LEVE LE BARBU, - FAIT UN AUTRE INDIVIDU. - MALMENE PAR LE DILEMME, - IL NE PEUT DECIDER MEME, - D,ABANDONNER LE PING PONG, - QUAND L,AUTRE JOUE DU BIG BANG. - JE LE REITERE ENCORE, - IL NE CHERCHE PAS DU SCORE. - IL EST PRET A LA REMISE, - S,IL PEUT GARDER LA MAINMISE, - ET POUR PRESIDENT TONDU, - ON LUI GARDAIT LE FRANJU. - TON DESTIN PAUVRE LIBAN, - NE DEPEND QUE D,UN TURBAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 18, le 04 janvier 2024

  • SECOND VERS CORRIGE. MERCI. -LA REGION TOUTE ENTIERE BOUILLE. -QUI S,Y FROTTE BRULE SA DOUILLE. -LA CONJONCTURE DE LA DONNE, -CHANGE A TOUTE HEURE ET COUP DE DRONE. -LE DILEMME EST NOIR ET NON GRIS. -PLUS BESOIN D,AUCUN PARTI PRIS. -TOUT INCIDENT, TOUT EPISODE, -S,ABORDE DE DISTINCTE MODE. -LA VERITE ET L,EQUITE, -SONT DROIT ACQUIS AU CRITIQUE. -QUAND A L,ANALYSE ELLE MEME, -POINT DE TABLE, POINT DE BAREME. -ON PRISE LE MOINDRE DETAIL, -PUIS ON JUGE TOUT L,EVENTAIL.- AINSI DEVRAIT NAITRE UN ECRIT, -RESPECTABLE ET SANS PARTI PRIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 51, le 04 janvier 2024

  • Et pendant ce temps Mikati vient nous parler du viol de la souveraineté de notre pays…. Non mais quel toupet!

    Sissi zayyat

    10 h 42, le 04 janvier 2024

  • Il vient nous la jouer patriote et chef de résistance pour défendre un pays qu’il a ruiné pour le dominer par la force des armes offertes par un pays étranger, après avoir tué tous ses opposants et pas les moindres pour pouvoir usurpé le pouvoir et faire de notre pays une plaque tournante de trafic de tout genre et un refuge pour les criminels et les repris de justice? Quel homme respectable il fait! Et maintenant il vient faire de speech au nom des libanais, menaçant un pays surarmé afin de bruler tout ce qui reste pour qu’on parle de lui et de permettre à ses maîtres de négocier leurs intere

    Sissi zayyat

    10 h 40, le 04 janvier 2024

  • PERMETTEZ-MOI, MADAME, DE GLISSER CETTE TIRADE QUI A UN PEU A FAIRE AVEC HN. MERCI. -LA REGION TOUTE ENTIERE BOUILLE. -QUI S,Y FROLE BRULE SA DOUILLE. -LA CONJONCTURE DE LA DONNE, -CHANGE A TOUTE HEURE ET COUP DE DRONE. -LE DILEMME EST NOIR ET NON GRIS. -PLUS BESOIN D,AUCUN PARTI PRIS. -TOUT INCIDENT, TOUT EPISODE, -S,ABORDE DE DISTINCTE MODE. -LA VERITE ET L,EQUITE, -SONT DROIT ACQUIS AU CRITIQUE. -QUAND A L,ANALYSE ELLE MEME, -POINT DE TABLE, POINT DE BAREME. -ON PRISE LE MOINDRE DETAIL, -PUIS ON JUGE TOUT L,EVENTAIL.- AINSI DEVRAIT NAITRE UN ECRIT, -RESPECTABLE ET SANS PARTI PRIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 33, le 04 janvier 2024

  • Il s’arroge le rôle du porte parole des libanais en utilisant le pronom personnel NOUS? Qui l’a mandaté pour parler en notre nom? Il n’est que le chef d’une organisation criminelle au service d’un pays étranger dont il ne cesse de vanter ses prouesses en parlant de ses intentions de faire de la région un terrain de guerre pour dominer et pouvoir négocier avec les américains pour lever les sanctions sur l’Iran et plus en cas de lâcheté avérée. Il s’en contre balance du sort du Liban et des libanais. Il a déjà usurpé le pays et entend étendre le pouvoir iranien sur la péninsule arabique, point

    Sissi zayyat

    10 h 28, le 04 janvier 2024

  • S’il en est encore besoin de le rappeler, le barbus jaune roule pour son écurie, il se moque totalement du Liban et des Libanais dont il se fiche royalement…. tant que son parrain est content que les morts sont des martyrs pour le compte de l’axe mafieux, lui peut dormir dans sa tanière tranquillement, ce sont les autres qui meurent pour lui. Le Liban est fini.

    Zeidan

    08 h 13, le 04 janvier 2024

  • "Lorsque nous avons ouvert le front du Sud, le 8 octobre, nous l’avons fait (...)en prenant en considération l’intérêt national et les difficultés au Liban". Comme d’habitude, Nasrallah, dans son discours, mélange vrai et faux. Cette phrase contient une vérité, un aveu cynique, lorsqu’il assume sa totale responsabilité dans la situation au Liban-Sud, et un mensonge flagrant, lorsqu’il prétend avoir pris en compte "l’intérêt national ". Qu’il nous explique le bénéfice pour le pays des représailles israéliennes. Les sudistes victimes des bombardements israéliens apprécieraient certainement.

    Yves Prevost

    07 h 41, le 04 janvier 2024

  • lorsque tu as ouvert le front le 8 octobre ce n'etait et restera que pour une seule raison, continuer a dominer le Liban. les seules dividendes que tu cherche a obternir a la table des negociations, c'est au Liban que tu espere les toucher. tu pense vraiment que tu/l'iran sera sur la table des negociations pour la palestine???tu guerroies contre israel juste pour etre sur la table des negociations Liban/israel. Pour guarantir encore plus ce que tu as et surement obtenir encore plus a l'interieur. Et ton meilleur allie; la corruption qui gangrene le systeme.

    Elementaire

    07 h 20, le 04 janvier 2024

  • C'était soporifique

    Emile G

    05 h 30, le 04 janvier 2024

  • J’ai pensé que vous n’avez jamais fait une alliance avec le Hamas, et que vous ne pensiez qu’à combattre Israël pour les déloger des territoires occupés. Donc si vous continuez à les bombarder à l’intérieur des territoires occupés, vous nuisez au Liban. Le sacrifice d’un martyr est de viser uniquement Netanyahu et sa clique de sionistes extrémistes comme ils l’on fait avec Imad Moghniyé, Kassem Soleimani et tout récemment Saleh El-Arouri. Si ce dernier était en Turquie ou au Quatar es ce que les sioniste l’auraient tué. Ne bombardez pas les villes, les villages et les kibboutzs. Il y’a des inn

    Mohamed Melhem

    05 h 23, le 04 janvier 2024

  • Mais qui l à habilité de parler au nom du Liban? Quel diplomate lui a confié cette charge? Grbran et cie?

    Zampano

    02 h 15, le 04 janvier 2024

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