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Moyen-Orient - Repère

Ce que l'on sait de l'attentat contre la commémoration de Kassem Soleimani en Iran

C’est l’attaque la plus meurtrière dans la République islamique depuis sa création en 1979, touchant au symbole de la Force al-Qods, en charge des opérations extérieures des gardiens de la révolution. 

Ce que l'on sait de l'attentat contre la commémoration de Kassem Soleimani en Iran

Des secouristes s’activant sur le site de la double explosion à Kerman, en Iran, le 3 janvier. Photo Mehr News/AFP

Un double attentat a tué plus d’une centaine de personnes dans la ville iranienne de Kerman, lors de la commémoration du quatrième anniversaire de la mort du chef militaire Kassem Soleimani, assassiné par une frappe américaine à Bagdad le 3 janvier 2020.  

Les faits

• Mercredi après-midi, deux bombes ont explosé durant une cérémonie à Kerman, dans le sud de l’Iran, organisée pour commémorer l’assassinat de l’ancien commandant de la Force al-Qods Kassem Soleimani, quatre ans plus tôt, par une frappe américaine à Bagdad.

• Après avoir mentionné des capsules de gaz par la municipalité de la ville, l’agence Tasnim, proche des gardiens de la révolution, a rapidement qualifié les explosions de « terroristes », mettant en cause deux sacs remplis d’explosifs qui auraient été déposés respectivement à 700 mètres et à 1 km de l’entrée du cimetière Gulzar Shahadai où est enterré l’ancien commandant, évitant ainsi les contrôles sécuritaires.

• Avec un bilan provisoire d’au moins 103 morts et plus de 210 blessés, notamment dans le mouvement de panique qui a suivi, ce double attentat est le plus meurtrier dans la République islamique depuis 1981.

• Actionnée à distance quelques minutes après la première, c’est la seconde bombe qui aurait causé le plus grand nombre de victimes, selon le ministère iranien de l’Intérieur, y compris parmi les secouristes accourus sur place.

• Au moment de la publication de cette information, aucun groupe n’avait encore revendiqué l’attaque, tout comme la République islamique officielle n’avait pas désigné de coupable. Le vice-président du Parlement Mojtaba Zulnouri a pour sa part accusé Israël. Le successeur de Kassem Soleimani, Esmail Qaani, a laissé entendre mercredi soir que l'attaque avait été soutenue par Israël et les États-Unis.

• Ebrahim Azizi, membre de la commission parlementaire de la Sécurité nationale, a prévenu qu’une « revanche sévère » attendrait les responsables de cette attaque. Peu après, c’est le ministre de l’Intérieur Ahmad Vahidi qui promettait une « réponse écrasante » de la part des agences de renseignements et de sécurité le plus rapidement possible. Le guide suprême Ali Khamenei a ajouté que « les soldats dans la voie de Kassem Soleimani  ne toléreront pas ce crime ». 

Le contexte

• Le double attentat intervient alors que la tension est récemment montée d’un cran sur tous les fronts ouverts entre « l’axe de la résistance » et Israël depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée après l’attaque surprise le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas, soutenu par Téhéran. Du Liban au Yémen, en passant par l’Irak et la Syrie, les attaques se multiplient, tandis que les États-Unis comme l’Iran souhaiteraient éviter un embrasement régional du conflit.

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• Étant entré dans la troisième phase de sa guerre à Gaza, l’État hébreu cible désormais des responsables du Hamas et de « l’axe de la résistance » en dehors des territoires occupés et de l’enclave palestinienne. Mardi soir, c’est dans la banlieue sud de Beyrouth, Dahié, que le numéro deux du bureau politique du Hamas Saleh el-Arouri a été tué par une frappe attribuée à Israël. Le 25 décembre dernier, l’Iranien Reza Moussavi, un des conseillers les plus expérimentés de la Force al-Qods qui fut proche de Kassem Soleimani, a été tué en Syrie par des frappes attribuées à Israël.

• Pour chacun de ces hommes, la République islamique a promis vengeance, souvent en temps et en lieu voulus, bien qu’aucune représaille n’ait eu lieu pour l’instant. Fin décembre, après l’assassinat de Reza Moussavi, le porte-parole des gardiens de la révolution Ramezan Sharif a déclaré que l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre était « l’une des opérations menées pour venger l’assassinat du général ». Le responsable est néanmoins rapidement revenu sur ses déclarations après un démenti du bureau de presse du Hamas.

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• Kassem Soleimani était le commandant en chef de l’unité d’élite al-Qods, responsable des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique, chargé de la coordination régionale avec les supplétifs iraniens du réseau de « l’axe de la résistance ». Il a été tué le 3 janvier 2020 avec Abou Mahdi el-Mohandis, chef des milices pro-iraniennes d’al-Hachd ach-chaabi en Irak, dans une frappe de drones américaine sur l’aéroport de Bagdad. Depuis, le Hezbollah a gagné en influence au sein du réseau de « l'axe de la résistance ».

• Outre la guerre de l’ombre continue avec Israël, la République islamique a aussi des ennemis intérieurs. Les groupes séparatistes du Sistan-Baloutchistan, les militants du MEK (Mujahedin-e Khalq / Moudjahine du peuple) ou encore des extrémistes sunnites ont souvent été pointés du doigt pour des attaques contre les autorités iraniennes ces dernières années. En 2017, des combattants se réclamant de l’État islamique ont revendiqué une attaque simultanée contre le Parlement à Téhéran et le mausolée du guide suprême Rouhollah Khomeyni, qui avait fait une vingtaine de morts.

Les enjeux

• Certes, le contexte régional laisse penser à une implication israélienne dans le double attentat qui a touché Kerman mercredi, au 4e anniversaire de la mort de Soleimani, au lendemain de la frappe qui a tué Saleh el-Arouri dans le fief du Hezbollah à Beyrouth, et une semaine après l’élimination en Syrie de Razi Moussavi. Certains analystes y voient la main de l’État hébreu, qui souhaite montrer qu’il est capable d’atteindre ses cibles n'importe où, alors que l'un de ses principaux objectifs de la guerre est d’« éradiquer » le Hamas. « Ce symbolisme n’était pas suffisant ? » interpelle sur X la directrice de SOAS Middle East Institute Lina Khatib, en référence à l’assassinat perpertré dans la banlieue sud mardi. soir. 

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• Si cette hypothèse se confirmait, comme l’ont laissé entendre certaines voix officielles en Iran, la question de la réponse et des conséquences pour la région se poserait avec force non seulement pour la République islamique et Israël, mais aussi pour tous les pays impliqués dans des fronts ouverts en soutien à Gaza. « L’Iran sait qu’il est entraîné dans une guerre qui pourrait impliquer les États-Unis, a pour sa part écrit sur X Vali Nasr, spécialiste de l’Iran. Ce n’est pas son choix. Il se peut qu’il ne morde pas à l’hameçon. »

• Mais le mode opératoire utilisé rappelle surtout les actes de l’État islamique ou d’autres groupes extrémistes, alors que la seconde bombe a été détonnée avec un délai pour causer le plus de victimes possible, y compris parmi les secouristes. « Bien que cela soit encore flou, je soupçonne l’État islamique au Khorasan (surtout présent en Afghanistan, NDLR). Le modus operandi rappelle celui des tactiques classiques de l’État islamique », avance le chercheur Pieter Van Ostaeyen sur X. D’autant que les opérations israéliennes en Iran ont dans le passé surtout visé à ralentir le développement du programme nucléaire iranien en ciblant notamment des scientifiques ou des installations stratégiques. Mercredi soir, le porte-parole américain des Affaires étrangères, Matthew Miller, a nié devant des journalistes toute implication des États-Unis, soulignant que « toute suggestion du contraire est ridicule ». Il a ajouté que « nous n'avons aucune raison de croire qu'Israël était impliqué dans cette explosion ».

Un double attentat a tué plus d’une centaine de personnes dans la ville iranienne de Kerman, lors de la commémoration du quatrième anniversaire de la mort du chef militaire Kassem Soleimani, assassiné par une frappe américaine à Bagdad le 3 janvier 2020.  Les faits• Mercredi après-midi, deux bombes ont explosé durant une cérémonie à Kerman, dans le sud de l’Iran,...

commentaires (3)

Ils ont bon dos les américains et les israéliens. A lire les déclarations des politiciens iraniens on constate que les mollahs veulent se faire passer pour des dignitaires justes et des dirigeants irréprochables que le peuple iranien vénère, alors qu’ils ne sont que des assassins corrompus qui tuent leur propre peuple pour l’asservir. Ils devraient faire un examen de conscience sur la cause de cet attentat. Une révolution populaire commence toujours ainsi. Ils ont maté les opposants par le sang et c’est par le sang que le peuple retrouvera sa liberté.

Sissi zayyat

11 h 40, le 04 janvier 2024

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Commentaires (3)

  • Ils ont bon dos les américains et les israéliens. A lire les déclarations des politiciens iraniens on constate que les mollahs veulent se faire passer pour des dignitaires justes et des dirigeants irréprochables que le peuple iranien vénère, alors qu’ils ne sont que des assassins corrompus qui tuent leur propre peuple pour l’asservir. Ils devraient faire un examen de conscience sur la cause de cet attentat. Une révolution populaire commence toujours ainsi. Ils ont maté les opposants par le sang et c’est par le sang que le peuple retrouvera sa liberté.

    Sissi zayyat

    11 h 40, le 04 janvier 2024

  • Doit-on rappeler a ceux qui ont piéger plusieurs dizaines de bombes au Liban que ceux tuent par les bombes, périssent par les bombes ?

    Aboumatta

    23 h 40, le 03 janvier 2024

  • Vous savez autant que moi, les dirigeants de l'Iran, sont capables de tuer leurs propres citoyens. Nous l'avons vu, lorsqu'ils ont abattu "Accidentellement" Un avion civile juste après son décollage. Je trouve cela bizarre a peine quelques minutes que l'attentat a été annoncé, Tous les espaces dirigés par ce gouvernement satanique ce sont mis en action... Je ne crois aucune déclaration de ce régime qui exécute des enfants de 13 ans. C'est une dictature Radical Islamiste. Rien de ce pays ne touche tourne en or... Rien.

    Marwan Takchi

    20 h 57, le 03 janvier 2024

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