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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

Quand le Hamas contredit les propos du porte-parole des pasdaran

Le porte-parole du Corps des gardiens de la révolution islamique a affirmé mercredi que l’opération du 7 octobre était une vengeance à l’assassinat de Kassem Soleimani, avant de faire marche arrière.

Quand le Hamas contredit les propos du porte-parole des pasdaran

Des gardes d'honneur portent le cercueil de Razi Moussavi, un haut commandant de la Force al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique tué le 25 décembre dans une frappe imputée à Israël en Syrie, lors de ses funérailles au sanctuaire de l'Imam Ali dans la ville sainte irakienne de Najaf, le mercredi 27 décembre. Photo AFP

Le porte-parole du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), Ramezan Sharif, cité mercredi matin par l’agence de presse semi-officielle iranienne Mehr News, a déclaré que l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre était « l’une des opérations menées pour venger l’assassinat du général (Kassem Soleimani) », en référence à l’ex-chef de la Force al-Qods, chargée des opérations extérieures du CGRI, tué en janvier 2020 par une frappe de drone américaine en Irak.

Cette déclaration a été immédiatement contredite par un communiqué du bureau de presse du mouvement islamiste Hamas, qui fait pourtant partie de « l’axe de la résistance » chapeauté par l’Iran. « Nous nions la véracité des déclarations du porte-parole des gardiens de la révolution islamique concernant l'opération Déluge d’al-Aqsa et ses motivations. Nous avons déjà annoncé à plusieurs reprises les motivations et les raisons de l'opération Déluge d’al-Aqsa, en soulignant notamment les dangers qui guettent la mosquée al-Aqsa (à Jérusalem) », indique le Hamas, qui est aux commandes à Gaza.

Revirement

Depuis la triple incursion du Hamas en territoire israélien, qui a tué près de 1 200 Israéliens, la question du degré d’implication de Téhéran dans l’opération Déluge d’al-Aqsa se pose. Si l'Iran apporte depuis plusieurs années une aide financière, logistique et militaire au Hamas, plusieurs observateurs ont suggéré que celui-ci s’attendait à ce que « l’axe de la résistance » rejoigne pleinement le « grand plan » annoncé le 7 octobre et était ainsi déçu de la relative retenue de ses alliés régionaux.

Les propos tenus mercredi par Ramezan Sharif marquent un revirement dans la rhétorique adoptée jusqu’à présent par la République islamique et son mandataire libanais, le Hezbollah. Trois jours après l’offensive surprise du Hamas, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que « ceux qui disent que la récente saga est l’œuvre de non-Palestiniens se trompent », tandis que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a évoqué dans un discours le 3 novembre « une opération 100 % palestinienne ».

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Ces affirmations sont contredites par de nombreux éléments révélés au cours des deux derniers mois, qui laissent penser que l’Iran a joué un rôle dans la préparation des attaques du 7 octobre sans avoir pour autant eu connaissance de tous leurs détails. La déclaration du porte-parole du CGRI, qui souffle le chaud et le froid, est-elle alors à considérer sérieusement ?

Embarras iranien

Le timing des propos laisse penser que Téhéran cherche avant tout à envoyer un message à Israël afin de le dissuader d’éliminer des responsables iraniens de premier plan et de le pousser à revenir aux précédentes règles d’engagement. Cette déclaration est intervenue deux jours après l’assassinat, au sud de Damas, du général de brigade Razi Moussavi, présenté par le CGRI comme « l’un des conseillers les plus expérimentés » de la Force al-Qods, dans une frappe aérienne attribuée par Téhéran à Israël. Tué après que trois missiles ont ciblé sa résidence en Syrie, il était chargé de la coordination militaire entre les forces régionales alliées au CGRI.

Alors que l’État hébreu – qui n’a pas revendiqué la frappe – vise rarement des responsables d’une telle importance, concentrant davantage ses attaques en Syrie sur des infrastructures appartenant aux mandataires iraniens, Razi Moussavi est la figure de l’« axe de la résistance » de plus haut rang tuée par Israël depuis la mort, à Damas, en 2008, de Imad Moughniyeh dans une explosion à la voiture piégée attribuée à l'État hébreu. Depuis le raid de lundi, le CGRI multiplie les avertissements. Dans ses déclarations mercredi, son porte-parole a prévenu : « Notre réponse à l’assassinat de Moussavi sera une combinaison d’action directe et d’autres menées par le front de la résistance », dans un contexte marqué par une intensification des attaques des rebelles houthis du Yémen en mer Rouge.

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Au-delà des mises en garde iraniennes, à quelle riposte faut-il s’attendre de la part de Téhéran ? Fait-il peser le risque d’une escalade régionale ? Ces dernières heures, plusieurs observateurs ont laissé penser que le Hezbollah pourrait agir en représailles à la frappe israélienne, alors que Razi Moussavi était notamment chargé du transfert et du transport d’armes de l’Iran vers la Syrie et le Liban, ainsi que vers l’Irak, le Yémen et les territoires palestiniens, selon la chaîne al-Jazeera. Mais depuis le début de la séquence entre Israël et le Hamas, le parti de Dieu a veillé à contenir l’ampleur du conflit, se contentant de mener des frappes proportionnées contre le territoire de l’État hébreu après avoir ouvert le front libanais dès le 8 octobre.

« Le Hezbollah n’a jamais riposté à l’assassinat de son propre commandant militaire, Imad Moughniyeh, et encore moins à celui de Kassem Soleimani. L’idée qu’il répondrait à l’assassinat d’un conseiller du CGRI, quel que soit son rôle important dans l’acquisition d’armes, serait tout à fait exceptionnelle, a suggéré sur X Amal Saad, analyste politique libanaise spécialiste du Hezbollah. Lorsque l’équilibre de la dissuasion est bouleversé par des assassinats en temps de guerre, celle-ci peut être rétablie dans le contexte de la guerre. Lorsqu’il est ébranlé en l’absence d’hostilités, cela nécessite généralement une sorte de réciprocité en matière de sécurité. Le contexte actuel est celui de la guerre ».

Signe de l'embarras iranien et de sa volonté de calmer le jeu après la contradiction notoire et publique du Hamas, le porte-parole du CGRI s’est rétracté dans la journée de mercredi au cours d’une interview à The New Arab. Ramezan Sharif s’est justifié en alléguant que ses propos avaient été « mal compris », précisant que les résultats de l’opération Déluge d’al-Aqsa étaient une « vengeance » à l’assassinat de Kassem Soleimani.

Le porte-parole du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), Ramezan Sharif, cité mercredi matin par l’agence de presse semi-officielle iranienne Mehr News, a déclaré que l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre était « l’une des opérations menées pour venger l’assassinat du général (Kassem Soleimani) », en référence à l’ex-chef de la Force al-Qods,...

commentaires (9)

L’Iran se croit plus futé que les autres et il l’est sûrement sans aucun doute. Il utilise tous ses proxy et leurs pays respectifs pour marquer des points et lorsque ces mercenaires se rendent à l’évidence, il est déjà trop tard. Le démenti du Hamas prouve t-il qu’il a appris aux dépens des innocents morts qu’il a été jeté dans un traquenard qui profiterait au seuls fournisseurs d’armes et commanditaires de ces guerres sanglantes où ils servent de chair à canon et de martyrs inconnus pour la foire de ces criminels qui n’hésitent pas à crier victoire sur leurs ruines et les cadavres d’inoncents

Sissi zayyat

11 h 43, le 28 décembre 2023

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Commentaires (9)

  • L’Iran se croit plus futé que les autres et il l’est sûrement sans aucun doute. Il utilise tous ses proxy et leurs pays respectifs pour marquer des points et lorsque ces mercenaires se rendent à l’évidence, il est déjà trop tard. Le démenti du Hamas prouve t-il qu’il a appris aux dépens des innocents morts qu’il a été jeté dans un traquenard qui profiterait au seuls fournisseurs d’armes et commanditaires de ces guerres sanglantes où ils servent de chair à canon et de martyrs inconnus pour la foire de ces criminels qui n’hésitent pas à crier victoire sur leurs ruines et les cadavres d’inoncents

    Sissi zayyat

    11 h 43, le 28 décembre 2023

  • Nasroullalla a pourtant deja vendu la meche. Il a bien declare que le Hamas n'avait pas informe le Hezb et l'Iran de l'operation "deluge d'al Aqsa" de crainte que les Israeliens ne soient mis au courant. Faut-il meilleur aveu ?

    Michel Trad

    09 h 40, le 28 décembre 2023

  • - PLUS IDIOTE CONFESSION, - SANS UN BRIN DE MUTACISME, - QUE CETTE REVELATION, - DE TETE DU TERRORISME ? - VOILA LES ISRAELIENS, - LA CAVE OU NICHENT LES MONSTRES, - EN RADIANT ICI LEURS MAINS, - ILS EN CREERONT BIEN D,AUTRES. - APRES LA FIN DU METIER, - DANS LES TRIPLES SATRAPIES, - LA TETE DEVRAIT PAYER, - POUR TOUTES LES AVARIES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 35, le 28 décembre 2023

  • Américains, israéliens t iraniens, pour une fois d'accord (pour éviter un embrasement général), ont beau dire: le Hezbollah - et donc l'Iran - est impliqué jusqu'au cou dans l'attaque du 7 octobre.

    Yves Prevost

    07 h 52, le 28 décembre 2023

  • Entre Pasdaran et Hamas la vérité balance... pour venger ... pour venger kasem, les pasdanrans auraient déjà sacrifiés presque 22000 Gazaouis mais... s'ils mentent c'est les gars du hamas qui auraient sacrifiés 22k de leurs familles et amis... pas graves, ils en sony tous les 2 fiers, alors victimes ou martyrs c'est tout de même...

    Wlek Sanferlou

    23 h 18, le 27 décembre 2023

  • Tout ceci démontre une chose : Ces belligérants israéliens et Hamas : Ce sont de fiéffés menteurs et ils se foutent carrément du sort des civils. Côté israélien, ils ont sorti ce mensonge de 40 bébés égorgés avant que certains médias (israéliens et occidentaux) ne mettent cette info en sourdine réalisant "le fake de cette histoire spécifiquement" ( je ne parle pas des autres massacres avérées) et en face, nous avons Hamas, planquée dans des tunnels, protégeant armes et miliciens alors que des familles entières palestiniennes sont massacrées et tuées par des bombardements israéliens barbares.

    LE FRANCOPHONE

    22 h 53, le 27 décembre 2023

  • L’exploit du Hamas retentira à jamais dans l’histoire de la Palestine ce qui enrage Israël qui veut se venger, ces terroristes qui ont terrorisé les palestiniens pendant 75 ans sans être inquiétés ni condamnés par les puissances européennes et américaines.

    Mohamed Melhem

    22 h 10, le 27 décembre 2023

  • "… cité par l’agence de presse semi-officielle iranienne Mehr News …" - c’est quoi une agence "semi-officielle" déjà?

    Gros Gnon

    21 h 48, le 27 décembre 2023

  • Finalement on ne sait plus quoi dire, comme disent les chrétiens on ne sait plus a quel saint se vouer ! Votre HZB reste silencieux , y aurait - il au moins une probable réaction.

    DRAGHI Umberto

    21 h 00, le 27 décembre 2023

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