Le vicaire patriarcal maronite de Haïfa et de Jérusalem, Mgr Moussa el-Hage, a démenti jeudi avoir pris part à la cérémonie annuelle de vœux aux évêques de Jérusalem pour la fête de Noël, au côté du président israélien Isaac Herzog. Sa supposée présence à la cérémonie avait créé un tollé il y a quelques jours. Ses détracteurs, dans les milieux du Hezbollah, persistent cependant à dire qu'il était bien présent. Selon un communiqué du ministère israélien des Affaires étrangères daté du 21 décembre, le nom de Mgr Hage figure sur la liste des prélats ayant rencontré le chef de l'État israélien ce jour-là aux côtés d'autres dignitaires religieux chrétiens. Le nom de l’évêque de l’Église syriaque-catholique, Mgr Camille Semaan, figure aussi dans ce texte.
Démenti
Pour sa part, le président Herzog a publié le 21 décembre, dans un message sur le réseau X, des photos de cette rencontre, mais on ne peut y voir ni Mgr Hage ni Mgr Semaan.
Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire des milieux proches du parti pro-iranien, en dépit du démenti de Mgr Hage, publié jeudi dans un entretien au quotidien libanais Nida' el-Watan.
Dans cet entretien, le vicaire patriarcal stigmatise « une campagne de diffamation et de terreur montée de toutes pièces et destinée à lancer des accusations de traîtrise à (son) encontre », à laquelle il « refuse de se soumettre ». Il a toutefois tenu à rappeler qu’en sa qualité de représentant du Vatican et de l’Église, « il est habilité, en leur nom, à faire ce qui est requis, et à s’abstenir lorsqu’il le faut ».
Mgr Hage précise encore que, si certains de (ses) pairs ont pris part à la réception du président israélien, c’est tout simplement « pour qu’ils puissent porter leur cause devant les responsables (israéliens) et condamner les opérations militaires qui ont lieu en Palestine ».
Cité par Nida' el-Watan, Mgr Hage a enfin « démenti avoir pris part à la réception du président israélien ».
L'Orient-Le Jour a tenté, en vain, de joindre le vicaire pariarcal maronite.
Une source proche du patriarcat maronite, qui a requis l'anonymat, a toutefois affirmé à notre publication « ne pas savoir si Mgr Hage a participé ou non » à la réception du président israélien, ajoutant que le patriarche maronite, Béchara el-Raï, a tenté d'entrer en contact avec l'évêque, mais que « la communication était difficile ». Elle a refusé d'apporter plus de clarifications concernant cette affirmation. La source a toutefois indiqué que le chef de l'Église maronite « souhaite régler cette affaire en coulisse, de façon diplomatique ».
En dépit du démenti de Mgr Hage, des milieux proches du Hezbollah ne semblent pas convaincus par cette version des faits. Le parti chiite, lui, maintient officiellement son silence jusque-là.
« Nous ne voulons pas évoquer cette question, par crainte qu’elle ne provoque des dissensions communautaires », confie à L’OLJ une source au sein de ce parti qui a requis l’anonymat. Ce n’est pas le Hezbollah qui a évoqué l’affaire, mais plutôt le « Comité des détenus et des prisonniers libérés », explique cette source. Ce comité est toutefois connu pour sa proximité avec le parti.
Les membres du comité ont présenté mercredi une note d’information devant la justice libanaise contre les deux prélats chrétiens concernés, « pour prise de contact avec l’ennemi ».
La loi libanaise de boycottage d'Israël de 1955 prohibe les interactions entre Libanais et Israéliens. Elle interdit à toute personne physique ou morale d'entrer en contact avec des Israéliens ou des personnes résidant en Israël. Elle interdit également tout type de transactions, commerciales, financières ou autres. La peine encourue est de trois à 10 ans de travaux forcés.
« Nous contestons la démarche de Mgr Hage, tout comme celle de ses pairs », affirme encore la source au sein du Hezbollah, qui indique que ce n'est pas la première fois que Mgr Hage se trouve au centre d'une telle polémique.
En juillet 2022, l'évêque maronite avait été arrêté par la Sûreté générale libanaise pendant douze heures au check-point frontalier de Ras Naqoura, au Liban-Sud, alors qu’il se rendait, comme il le fait chaque mois, à Beyrouth, transportant des aides aux familles dans le besoin. Cet incident inédit avait été considéré à l’époque comme un dangereux précédent par les milieux du patriarcat. L’intervention du patriarche Raï auprès des responsables concernés avait alors permis de tourner la page et d’éviter au vicaire patriarcal toute sorte de sanction judiciaire.
Quelle hypocrisie ! Quand on connaît les liens entre l’église orthodoxe et l’Etat d’Israël. C’est l‘un des plus importants propriétaires fonciers de ce pays.
19 h 56, le 29 décembre 2023