Avec le Hezbollah, le Courant patriotique libre va d’une déception à l’autre. Même si au sujet de la prorogation du mandat du général Joseph Aoun à la tête de l’armée pour une période d’un an, il l’exprime moins, l’amertume est là. Certes, les députés du Hezbollah n’ont pas voté en faveur de cette prorogation, mais ils ont laissé faire et ils ont contribué à assurer le quorum parlementaire requis pour que le vote puisse avoir lieu, alors que le CPL a été le seul à s’y opposer ouvertement. Le CPL estime ainsi avoir été lâché par tous dans cette bataille, y compris par son allié. Il est même de plus en plus convaincu que le parti chiite a désormais d’autres priorités que celle de tenir compte des positions et des intérêts de son allié chrétien.
Aussitôt, les griefs qui avaient été relégués au second plan depuis le déclenchement du Déluge d’al-Aqsa le 7 octobre ont refait surface. Il s’agit de ce que le CPL appelle l’édification de l’État, qui passe à ses yeux par la lutte contre la corruption, jusqu’au dossier présidentiel, où le Hezbollah a choisi clairement son candidat Sleiman Frangié sans tenir compte des réserves, voire de l’opposition, de son allié. Ces divergences avaient même abouti à une quasi-rupture entre les deux formations, rendue encore plus totale à la suite des critiques publiques du chef du CPL Gebran Bassil, perçues par les partisans du Hezbollah comme une attaque directe contre le secrétaire général du parti Hassan Nasrallah. Il a d’ailleurs fallu beaucoup de bonne volonté de part et d’autre ainsi que de la détermination pour que les deux camps reprennent contact et tentent de rétablir leurs relations. Toutefois, la confiance entre eux semblait ébranlée. Ils ont tout de même insisté pour déclarer ouvertement que leur alliance a survécu à ces crises.
Aujourd’hui, un nouveau coup est porté à cette relation, et il est sans doute plus fort que les précédents car il touche à une
institution-clé pour le CPL, l’armée libanaise, dont il est pratiquement issu, du temps où le général Michel Aoun en tenait le commandement au milieu des années 80 et au début des années 90. Cette institution reste en effet un élément fondateur et rassembleur pour les partisans du CPL, indépendamment de la personne qui la dirige. Mais dans le cas précis de Joseph Aoun, il s’agit d’une figure choisie par le chef de ce courant et qui, dans l’exercice de ses fonctions, aurait, selon le CPL, pris ses distances. Pour cette raison et pour d’autres, le CPL a pensé que le Hezbollah n’appuierait pas le maintien du général Aoun à son poste au-delà de l’âge de la retraite, ne serait-ce que par égard pour son allié. De plus, dans cette période particulièrement sensible où les pressions pleuvent de toutes parts sur le Hezbollah afin de le pousser à accepter de se retirer de la bande frontalière au Sud pour permettre aux Israéliens de dire aux colons installés dans le nord de la Galilée qu’il a pacifié la frontière, le CPL attendait plus de méfiance et de fermeté de la part du Hezbollah sur un sujet qui le concerne directement.
Mais ce parti en a décidé autrement, préférant ne pas provoquer des remous au sein de la troupe et éviter une confrontation élargie avec la communauté internationale sur un sujet dont il ne maîtrise pas toutes les données, puisque la tendance populaire générale au Liban est d’appuyer l’armée et de considérer qu’elle est la seule institution étatique encore fonctionnelle. Même si une telle décision doit déplaire à son allié.
C’est justement là le point qui perturbe le plus le CPL, qui est désormais convaincu que son alliance avec le Hezbollah n’est plus une priorité pour ce dernier. Le CPL estime ainsi que lors des élections législatives de 2022, le Hezbollah a adressé des messages clairs, mais bien peu les ont saisis. Le premier est que sa priorité absolue est la scène chiite. Il a ainsi tout fait pour consolider son alliance avec le mouvement Amal, en dépit de divergences sur de nombreux dossiers et même de frictions sur le terrain, dans un souci principal de rafler les 27 sièges chiites du Parlement. C’est d’ailleurs ce qui a été accompli.
La deuxième priorité du Hezbollah était ensuite de consolider et d’étendre son influence sur la scène sunnite. Il a ainsi déployé de grands efforts pour faire élire des députés qui soit appartiennent à des courants alliés, soit évoluent dans sa propre mouvance. D’ailleurs, depuis ces élections, le Hezbollah a tout fait pour consolider ses relations avec les sunnites par le biais de relations étroites avec bon nombre de leurs représentants, et il faut reconnaître que le Déluge d’al-Aqsa et la guerre entre les Israéliens et les Palestiniens (à grande majorité sunnites) ont renforcé les liens entre les deux communautés, éloignant ainsi de plus en plus le spectre d’une discorde fatale.
Ce n’est donc qu’en troisième lieu que le Hezbollah a placé son souci d’aider autant que possible son allié chrétien. Ce qui montre bien, aux yeux du CPL, la place qu’occupent désormais les chrétiens sur l’échiquier national et dans la vision du Hezbollah. Ce n’est d’ailleurs pas tant un reproche qu’une constatation, au moment où les chrétiens n’en finissent pas de mener des guéguerres les uns contre les autres. Le CPL reconnaît ainsi qu’il ne peut pas en vouloir au Hezbollah de modifier ses priorités selon les données en sa possession et selon ses intérêts. Mais cela le pousse à réfléchir en profondeur à l’avenir. Il n’est certes pas question de rompre les relations avec le Hezbollah, mais il devrait désormais songer lui aussi à revoir ses priorités.
Let’s be clear that the popularity of the FPM in the Christian community is shrinking due to their poor performance in governance and self-serving agenda. Mr. Bassil lacks authenticity and lies constantly. His antagonism towards General Joseph Aoun is the last straw and will likely translate in shrinking representation in the next municipal elections and Parliament elections in 2026. Since they reached power, state paralysis prevails, with constant delays in elections at all levels of government, formation of government, appointments of public servants, passing budgets, with unsolved crises.
03 h 08, le 24 décembre 2023