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Politique - Exécutif

La prorogation du mandat de Aoun actée, la nomination du chef d’état-major se fait attendre

Nagib Mikati renvoie la balle dans le camp de Maurice Slim contre lequel il s'est déchaîné en Conseil des ministres.

La prorogation du mandat de Aoun actée, la nomination du chef d’état-major se fait attendre

Le Conseil des ministres réuni au Sérail sous la présidence du chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati, le 19 décembre 2023. Photo fournie par le bureau de presse de M. Mikati

C’est partie remise. Réuni mardi au Sérail sous la houlette du chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati, le Conseil des ministres n’a finalement pas nommé, en dehors de son ordre du jour, un nouveau chef d’état-major de l’armée quelques jours après la prorogation, par la Chambre vendredi dernier, du mandat du patron de la troupe, Joseph Aoun. Car M. Mikati, toujours égal à lui-même, n'a pas voulu se lancer dans une telle démarche sans en réunir les conditions propices. D’autant que les Marada de Sleiman Frangié maintiennent leur veto contre une telle nomination en pleine vacance présidentielle. La balle est donc dans le camp du ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, aux rapports rompus avec le chef du gouvernement. Sauf que rien ne prête à croire que M. Slim proposera des noms de candidats à ce poste, comme au reste des sièges vacants au sein du conseil militaire (organe décisionnel de l’armée) dans un avenir proche, comme le veut M. Mikati. Ce dernier vient d’ailleurs d’inaugurer une nouvelle phase dans la confrontation avec le ministre et, derrière lui, le Courant patriotique libre de Gebran Bassil.

« Depuis que Maurice Slim a hurlé, sa page est définitivement tournée à mes yeux », a lancé le chef du gouvernement lors de la séance de mardi, tenue en présence de 18 ministres, soit un en plus du quorum requis pour la tenue de la réunion. Il faisait référence à la réunion ministérielle informelle du 25 octobre dernier et qui avait témoigné d’un virulent échange verbal entre les deux hommes avec en toile de fond le sort du commandement de l’institution militaire. « La présidence du Conseil n'est pas un bouc émissaire. Tout contact avec le ministre sera désormais effectué à travers les notes officielles qui lui seront adressées », a poursuivi M. Mikati. L’une de ces notes a été adressée lundi au ministre de la Défense pour renouveler la demande de proposer des candidatures aux postes vacants du conseil militaire. Réagissant à la démarche, M. Slim (qui n’a pas répondu aux sollicitations de L’Orient-Le Jour pour un commentaire) a adressé, lui aussi, une lettre informant M. Mikati qu’il compte régler cette affaire, après que le sort de la nouvelle loi prorogeant d’un an le mandat de Joseph Aoun (et du reste des chefs des appareils de sécurité) soit déterminé, en allusion au recours en invalidation du que le CPL entend présenter devant le Conseil constitutionnel. Une démarche désormais possible, le Conseil des ministres ayant promulgué toutes les lois adoptées à la Chambre lors de la séances plénière tenue jeudi et vendredi derniers dont, bien entendu, celle articulée autour de la prorogation. « Aucun ministre parmi les présents à la réunion ne s’est opposé à la démarche », affirme le ministre sortant de l’Information, Ziad Makari, à L’Orient-Le Jour, dans un commentaire des informations relayées dans les médias selon lesquelles 19 ministres ont signé les récentes législations en lieu et place du président de la République non encore élu.

Le temps mort pourrait être mis à profit pour tenter de rendre à la normale les rapports entre MM. Slim et Mikati. Plusieurs ministres, dont celui des Déplacés, Issam Charafeddine, ont proposé au chef du gouvernement d’entrer en contact avec le ministre de la Défense, ce qu'il n'a pas accepté. Une source gouvernementale croit savoir que le ministre de la Culture, Mohammad Mortada, pourrait s’entretenir dans ce contexte avec M. Slim dans les deux prochains jours.

Sauf que cela ne suffira pas pour paver la voie à la nomination de Hassane Audi (officier druze appuyé par l’ex-chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt) au poste de chef d’état-major. Le veto des deux ministres Marada, Ziad Makari et Johnny Corm, mais aussi de celui de l’Industrie, Georges Bouchikian, est un obstacle qui doit encore être franchi. C’est d’ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le Conseil des ministres qui devait se tenir vendredi dernier pour retarder le départ à la retraite du général Aoun et désigner son adjoint ne s'est pas tenu. Des contacts sont actuellement en cours pour défaire ce nœud chrétien, apprend-on de source ministérielle. Mais, selon le ministre de l’Education, Abbas Halabi (proche de Moukhtara), ses collègues concernés ne se seraient pas opposés mardi à sa demande de nommer un chef d’état-major.

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L'entêtement de Maurice Slim n’est autre que le reflet de la position du CPL à l’égard de ce dossier. Plus isolé que jamais après le revers subi à l’issue de l’épisode de vendredi, Gebran Bassil a durci le ton face au cabinet. Dans un entretien accordé mardi au quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar, le chef du courant aouniste a réitéré sa détermination à déposer une recours devant le CC pour invalider la loi votée pour maintenir Joseph Aoun à son poste. Ce dernier, perçu comme un des plus sérieux prétendants à la magistrature suprême, a, une nouvelle fois, fait l’objet d’une diatribe de M. Bassil. « La séquence de la prorogation a fait tomber tous les masques », a-t-il martelé, dans une pique à l’opposition chrétienne qui a rompu avec son boycottage des séances législatives tenues en plein vide présidentiel, dans le seul but de paver la voie à la prorogation du mandat du numéro un de la troupe. « Cet épisode a prouvé que Joseph Aoun est le candidat de l’Occident et ceux qui lui obéissent », a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « Désormais, personne ne peut prétendre que le chef de l’armée est un candidat de consensus ou qui fait l’unanimité. Son mandat a été prorogé pour user de son poste comme tremplin pour la présidence de la République ». La nouvelle phase de la bataille du CPL contre Joseph Aoun est donc lancée. Mais Gebran Bassil semble devoir la mener seul, sans le soutien de son allié chiite. Les propos des Travaux publics (Hezbollah), Ali Hamiyé, en amont de la séance, sonnent comme une preuve : «  La prorogation a été votée par une loi. On y peut rien ».

C’est partie remise. Réuni mardi au Sérail sous la houlette du chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati, le Conseil des ministres n’a finalement pas nommé, en dehors de son ordre du jour, un nouveau chef d’état-major de l’armée quelques jours après la prorogation, par la Chambre vendredi dernier, du mandat du patron de la troupe, Joseph Aoun. Car M. Mikati, toujours égal à...

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