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Politique - Décryptage

Présidentielle : Joseph Aoun reste favori... ainsi que Frangié


Malgré l’opposition ouverte et déclarée du CPL, le mandat du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, a été prorogé d’un an, ainsi que ceux des différentes chefs des services de sécurité, dans le cadre d’une loi votée au Parlement. Mais de l’avis politique général, les chefs des services de sécurité ont été rajoutés pour que la loi puisse passer au Parlement et tenir bon face à un recours devant le Conseil constitutionnel basé sur le fait qu’elle aurait été élaborée en fonction d’une personne.

Toutefois, à l’instar de la polémique autour du sort du commandement en chef de l’armée, les milieux politiques sont désormais divisés sur l’impact du maintien du général Aoun à son poste sur ses chances pour la présidence de la République. Deux camps se font ainsi face : le premier est convaincu qu’à travers le vote du Parlement, Joseph Aoun a perdu ses chances d’être élu président, et le second est convaincu qu’au contraire, il est désormais le principal favori dans la course.

Pour le premier camp, le vote parlementaire a montré que les députés sont divisés sur cette question. Le général Joseph Aoun est ainsi clairement appuyé par un camp, celui de l’opposition (Forces libanaises, Kataëb et autres, tous hostiles au Hezbollah), même s’il a aussi obtenu le vote des députés d’Amal, et il est par conséquent le candidat d’un camp contre l’autre. Or, jusqu’à ce vote, le général Aoun se présentait comme un candidat de compromis, voire de consensus. Ses proches le présentaient même comme le candidat de la fameuse « troisième voie » prônée récemment par l’émissaire français Jean-Yves Le Drian et même par les Qataris. À cause du vote de vendredi, qui n’est pas un raz-de-marée positif, il aurait donc perdu ce statut. Il serait désormais comme le candidat Michel Moawad, qui s’est retiré de la course faute de pouvoir rallier un nombre suffisant de députés et pour laisser le chemin libre à un candidat de compromis. De même, ce camp estime qu’en restant ambiguë (les députés de cette formation se sont retirés de l’hémicycle au moment du vote), la position du Hezbollah montre en réalité que ce parti a accepté à contrecœur le maintien de Joseph Aoun à son poste pour une période d’un an, et que cela ne signifie nullement qu’il appuie sa candidature à la présidence de la République. Il aurait donc fait une concession pour le commandement en chef de l’armée, mais il ne serait pas prêt à le faire pour la présidence, sachant que son candidat déclaré, le chef des Marada Sleiman Frangié, a récemment déclaré à des proches qu’il ne compte pas se retirer de la course et qu’il ne pourrait le faire que si le secrétaire général du Hezbollah le lui demandait personnellement. Ce qui est assez improbable.

Par contre, le second camp estime que l’élection de Joseph Aoun à la présidence est désormais acquise. Le commandant en chef de l’armée aurait perdu ses chances s’il n’avait pas été maintenu à son poste. Or le fait que son mandat ait été prorogé d’un an montre au contraire qu’il est désormais le grand favori à la présidence. Le vote du Parlement a même donné la preuve qu’il part avec un paquet d’au moins 62 voix. Ce qui signifie qu’il ne lui manquerait que quelques votes pour être élu au second tour. En même temps, selon ce camp, la candidature de Joseph Aoun bénéficie clairement d’un appui occidental et même en partie arabe (les Saoudiens auraient déclaré qu’ils appuient son élection à la présidence). Dans ce contexte, le soutien du président de la Chambre, Nabih Berry, à la prorogation de son mandat est un indice concluant sur le fait qu’en fin de compte le Hezbollah pourrait laisser faire son élection, sans l’entraver et sans l’appuyer. D’une part pour ne pas créer des scissions au sein du camp chiite et d’autre part pour ne pas attirer les foudres occidentales et arabes à un moment aussi délicat pour le Liban.

Ces deux positions ont chacune leur logique, mais aucune d’elles n’est en mesure de garantir l’élection ou non du général Joseph Aoun à la présidence. Ce qui pousse un troisième camp à dire que la question présidentielle n’est pas encore à l’ordre du jour. Preuve en est que la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna – tout comme d’ailleurs Jean-Yves Le Drian lors de sa dernière visite – n’évoquera ce sujet que de façon annexe avec ses interlocuteurs libanais. Pour cette raison, il serait donc trop tôt pour dire que Joseph Aoun est désormais le candidat favori. Ce qui est sûr, c’est qu’il est encore dans la course et cela grâce à son maintien à son poste pour un an supplémentaire. Si son mandat n’avait pas été prorogé, il aurait été éliminé de la course et personne n’aurait plus parlé de lui comme un candidat potentiel à la présidence. De même, l’administration américaine qui appuie sa candidature se serait retrouvée délestée d’une carte importante à négocier le moment venu. C’est d’ailleurs la raison évoquée en coulisses du vote du bloc parlementaire d’Amal en faveur de la prorogation.

Les deux principaux candidats restent donc Sleiman Frangié et Joseph Aoun, l’un favorable au camp dit de la « moumanaa » (l’axe de la résistance) et l’autre proche du camp adverse. Dès que la guerre de Gaza tirera à sa fin, les négociations sérieuses irano-américaines devraient commencer, sur fond de campagne présidentielle américaine. C’est alors que chaque camp jouera sa carte. D’ici là, il faudra se contenter de déclarations, de contre-déclarations et de polémiques, en attendant le moment régional et international propice aux solutions.

Malgré l’opposition ouverte et déclarée du CPL, le mandat du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, a été prorogé d’un an, ainsi que ceux des différentes chefs des services de sécurité, dans le cadre d’une loi votée au Parlement. Mais de l’avis politique général, les chefs des services de sécurité ont été rajoutés pour que la loi puisse passer au...
commentaires (4)

Aujourd'hui, plus que jamais, je regretted'avoir renouvelé mon abonnement à votre journal sectaire.

Hitti arlette

17 h 40, le 19 décembre 2023

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Commentaires (4)

  • Aujourd'hui, plus que jamais, je regretted'avoir renouvelé mon abonnement à votre journal sectaire.

    Hitti arlette

    17 h 40, le 19 décembre 2023

  • L'article est complet et rationnel Merci d'avoir éclairci certaines zones d'ombre.

    Hitti arlette

    17 h 03, le 19 décembre 2023

  • D'une part, je serai ravie que Joseph Aoun perde ses chances d’être élu président de la république. D'autre part, la prorogation de son mandat à a la tête de l'armée est est une consigne provenant des protagonistes européens et américains.

    Hitti arlette

    16 h 44, le 19 décembre 2023

  • Ne pas lire, ne pas commenter: dès qu’il s’agit d’un article écrit par SH

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 48, le 19 décembre 2023

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