Coup de théâtre : quelques heures après l’annonce de la séance parlementaire plénière qui devrait se tenir jeudi à la Chambre pour notamment proroger le mandat du commandant de l’armée, Joseph Aoun (censé partir à la retraite le 10 janvier), l’éventualité de renvoyer la balle en Conseil des ministres a refait surface. Ainsi, au lieu d’une loi votée au Parlement, un des scénarios évoqués dans les coulisses politiques voudrait que le numéro un de l’institution militaire soit maintenu à son poste à la faveur d’une décision prise en Conseil des ministres en fin de semaine. Une éventualité que le Premier ministre sortant a longtemps voulu éviter, préférant renvoyer la balle dans le camp de son principal allié, le président de la Chambre, Nabih Berry. Mais à l’heure où ce dernier semblait sur le point d’avaler la pilule, alors qu’il a toujours considéré que ce dossier est du ressort du cabinet, Nagib Mikati se montre désormais disposé à réunir son équipe pour se pencher sur l’affaire et éventuellement aussi la régler. Comment expliquer cette volte-face ? Il faudrait chercher du côté du Hezbollah, qui ne veut clairement pas se mettre à dos son allié chrétien Gebran Bassil, qui fait de la mise à l’écart de Joseph Aoun son principal cheval de bataille.
Voici donc le scénario concocté et qui circule dans les coulisses : la séance parlementaire se prolonge au-delà de jeudi et trébuche bien avant d’arriver au dossier de la prorogation. C’est là où Nagib Mikati entre en scène et convoque un Conseil des ministres, en principe vendredi (l’ordre du jour officiel a d’ailleurs été envoyé mardi soir aux membres du cabinet). Le gouvernement sortant adopte une décision qui retarde de six mois le départ à la retraite de Joseph Aoun. C’est là où vient le tour du CPL qui présente un recours devant le Conseil d’État, une démarche qui peut être plus garantie qu’un recours en invalidation d’une loi votée par la Chambre devant le Conseil constitutionnel. Ainsi, Nagib Mikati et Nabih Berry (et derrière eux le Hezbollah) se laveraient les mains des suites de cette affaire et ne contrarieraient pas Bkerké et les chrétiens majoritaires qui mènent un forcing pour le maintien de Joseph Aoun.
C’est Michel Daher, député indépendant de Zahlé, qui a en quelque sorte dévoilé le plan et tiré la sonnette d’alarme, lundi soir. « Certaines formations politiques veulent évoquer le dossier de la prorogation du mandat de Joseph Aoun en Conseil des ministres pour garder la porte ouverte à un recours en invalidation présenté devant le Conseil d’État », a-t-il écrit sur son compte X, accusant les auteurs de cette proposition de manquement à leurs responsabilités. « Que les protagonistes en question expriment clairement leur position à ce sujet au lieu de distiller le chaud et le froid », a-t-il ajouté. Aux yeux de plusieurs observateurs, M. Daher a décoché cette flèche en direction du parti de Dieu accusé par ses détracteurs de ne pas vouloir proroger le mandat de Joseph Aoun et de se dissimuler derrière le niet catégorique du chef du CPL.
Préférant ne pas commenter ces accusations, Nagi Hayek, vice-président du courant aouniste pour les affaires extérieures, se contente de dire que « s’ils (les protagonistes présents au sein du gouvernement) venaient à s’en remettre au Conseil des ministres, c’est qu’ils ne veulent pas maintenir Joseph Aoun à la tête de la troupe, parce que nous allons remporter la bataille au Conseil d’État ». Salim Jreissati, ancien ministre de la Justice, affirme à L’Orient-Le Jour que le recours en invalidation d’une éventuelle décision du gouvernement est déjà prêt. « Le ministre de la Défense peut saisir le CE en arguant du fait qu’en prenant une telle décision, le gouvernement a outrepassé ses compétences », explique M. Jreissati, en référence au fait que, dans des circonstances normales, le mandat du chef de l’armée devrait être prorogé à la faveur d’une décision gouvernementale prise sur proposition du ministre de la Défense. Ce qui n’est certainement pas le cas avec M. Slim, aux rapports presque rompus avec le chef de la troupe et qui continue de se conformer à la décision du CPL de bouder toute réunion du cabinet tenue en période de vacance présidentielle.
Cependant, plusieurs experts et constitutionnalistes réduisent la possibilité de voir le CPL gagner son pari. Car selon eux, seules les personnes directement lésées par les décisions du gouvernement ont le droit de saisir le CE. Et tel n’est pas le cas de M. Slim. « Ils pourraient trouver un officier aouniste aspirant à succéder à Joseph Aoun », ironise un ancien juge qui a requis l’anonymat.
Guerre de communiqués Mikati-FL
L’éventualité de recourir au Conseil des ministres a suscité les craintes des Forces libanaises, qui pressent pour une prorogation du mandat de Joseph Aoun. Le parti, qui avait présenté une proposition de loi à cet effet, a même rompu avec sa position de principe de boycotter les séances parlementaires de légifération durant la vacance présidentielle. Pour la formation de Samir Geagea, la tenue d’un Conseil des ministres viserait à enterrer la prorogation du mandat de Joseph Aoun, puisque l’absence de la signature du ministre de la Défense peut faire l’objet d’un recours. Dans un communiqué, le parti s’est dit « étonné » de voir M. Mikati convoquer une séance gouvernementale consacrée à une question qu’il a longtemps reportée, l’accusant d’entraîner ainsi l’institution militaire, mais aussi le Liban, dans un chaos dangereux.
La riposte de M. Mikati n’a pas tardé. Dans un communiqué publié par son bureau de presse, le Premier ministre a souligné que s’il venait à se réunir, le Conseil des ministres prorogera le mandat du chef de l’armée pour une durée de six mois, alors que les FL proposent une prorogation d’un an, soulignant que les deux options ne sont pas contradictoires. Et de rappeler que le parti chrétien, à travers le député Ghassan Hasbani, a fait partie des parlementaires de l’opposition qui ont demandé le mois dernier au Premier ministre de retarder le départ à la retraite de Joseph Aoun.
Des arguments qui ne semblent pas convaincre Meerab. « Nous avons demandé une prorogation qui soit conforme aux textes de loi en vigueur. Mais le fait de se montrer disposé à réunir le Conseil des ministres au lendemain de la convocation de la Chambre dénote d’une volonté claire de barrer la voie à toute prorogation, tant par voie ministérielle que par le biais du Parlement », peut-on lire dans un second communiqué publié par le département médias des FL. « Nagib Mikati veut réunir le gouvernement. Mais nous n’allons pas le lui permettre. Nous allons donc prendre part à la séance parlementaire de jeudi, pour faire voter une loi retardant le départ à la retraite de tout chef de la troupe », tranche Charles Jabbour, le porte-parole du parti de Samir Geagea. Devant ses visiteurs, Nabih Berry se serait, lui, engagé à évoquer la question de l’avenir de la troupe lors de la séance parlementaire, rapporte Camille Chamoun, député proche des FL, qui s’est rendu à Aïn el-Tiné mardi aux côtés de ses collègues Razi Hajj et Achraf Rifi. Comment finira donc ce feuilleton parfaitement libanais ?
Il faut comprendre que l’opposition aurait été plus forte si le peuple libanais avait su pour qui voter …. Les 13 bras casser à part 3-4 on reçu des votes à cause de la propagande des éditions de journaux et de plateau de télévision … si c’est 13 député avaient été dans le camps de l’opposition et que celle ci ne fait rien alors on pourra les pointer du doigt mais au lieu de ça c’est le fameux dicton « diviser pour mieux régné » qui a gagner
19 h 29, le 13 décembre 2023