Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a réitéré mardi son refus d'une prorogation du mandat du commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, à l'heure où une séance plénière du Parlement est prévue jeudi pour, en principe, maintenir le général, dont le mandat arrive à expiration le 10 janvier, à la tête de la troupe. M. Bassil a par ailleurs à nouveau signalé son opposition de voir le général Aoun accéder à la présidence, ce dernier étant considéré comme un présidentiable sérieux.
« Ce personnage (le général Joseph Aoun) ne mérite pas cette prorogation. A notre avis, il est synonyme d'infidélité et se vante fièrement de contrevenir à la loi », a déclaré M. Bassil lors d'une conférence de presse, réitérant ses accusations d'irrégularité financière sur les contrats et adjudications de l'armée. Il s'agit des sorties les plus virulentes de M. Bassil à l'encontre de Joseph Aoun.
Le leader du CPL a ensuite énuméré plusieurs solutions légales qui pourraient, selon lui, permettre d'éviter le vide à la tête de l'armée, sans passer par la prorogation, tel que nommer un nouveau chef de la troupe pour une période d'un an, ou confier l'intérim à l'officier le plus haut gradé.
Couverture chrétienne
Revenant sur la séance prévue jeudi au Parlement, le chef du CPL s'en est pris aux Forces libanaises (FL). La formation de Samir Geagea va prendre part à cette séance et lui assurer ainsi la couverture chrétienne nécessaire, en dépit du fait que l’ordre du jour n’est pas axé uniquement sur la seule affaire de Joseph Aoun. Depuis le début de la vacance présidentielle, les FL, à l'instar d'autres formations chrétiennes, ont boycotté toutes les séances législatives, considérant qu'elles contrevenaient à la Constitution, aux termes de laquelle le Parlement ne peut être qu'un corps électoral, et rien d'autre, en période de vide présidentiel. Toutefois, ce sont les FL qui avaient présenté, fin octobre, une proposition de loi retardant d’un an le départ à la retraite du chef de l’armée quel qu’il soit.
« Les Forces libanaises se sont éloignées de leurs prises de position antérieures, par rapport à la législation en l'absence d'un chef de l’État », a lancé Gebran Bassil, ajoutant que cette séance comportait « 120 articles à l'ordre du jour ». « Ils sont tombés dans le panneau », a-t-il ironisé, semblant indiquer que le président de la Chambre Nabih Berry a tendu un piège aux FL et autres opposants chrétiens. Gebran Bassil a dans ce contexte menacé de présenter un recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel si la loi qui maintiendrait Joseph Aoun à la tête de l’armée est votée par le Parlement. Il a également fait part de son intention de présenter un recours devant le Conseil d’État si c'est le Conseil des ministres qui adopte un décret à cet effet.
« Candidat de l'Occident »
Le chef du CPL, qui est farouchement opposé à la candidature à la présidentielle de Joseph Aoun, a par ailleurs accusé ce dernier d'être « le candidat de l'Occident et non pas un candidat consensuel ».
Le pays est sans chef de l’État depuis octobre dernier, date d'expiration du mandat de Michel Aoun. Le Parlement a tenté d'élire un président une dizaine de fois, sans succès, faute de consensus politique.
« Au niveau interne, il y a deux raisons pour lesquelles on appelle à la prorogation (du mandat de Joseph Aoun) : pour maintenir le chef de la troupe comme carte politique pour la présidentielle, mais aussi pour faire du tort à Gebran Bassil et au CPL », a déclaré M. Bassil.
Selon lui, deux autres raisons interviennent, « au niveau externe », en faveur du maintien de Joseph Aoun à la tête de la troupe, cette prorogation permettant « d'appliquer la politique de l'Occident concernant les déplacés (syriens), en leur ouvrant les frontières Nord et Est (avec la Syrie, NDLR) et en leur fermant l'accès à la mer (vers l'Europe). Si ce n'était pas le cas, (l'émissaire français) Jean-Yves Le Drian ne m'aurait pas dit que cette prorogation est une affaire de sécurité nationale en France et en Europe », a souligné le chef du CPL.
Gebran Bassil a également accusé le général Aoun d'appliquer l'agenda de l'Occident, notamment en ce qui concerne le conflit avec Israël. « Le commandant en chef de l'armée applique la résolution 1701 de manière partielle », a-t-il accusé, sans plus de précision. « Nous appelons à une application complète de la 1701 des deux côtés. Nous demandons le retrait des Israéliens de nos terres et la fin des violations israéliennes au Liban », a ajouté M. Bassil. Cette résolution du Conseil de sécurité de l'ONU a mis fin à la guerre de juillet 2006 entre Israël et le Hezbollah, et prévoit un retrait de ce dernier vers le nord du fleuve Litani et un déploiement de l'armée libanaise dans la région au sud du fleuve. Des efforts diplomatiques sont en cours depuis quelques semaines pour revitaliser cette résolution violée des deux côtés. M. Bassil a dans ce cadre estimé que le maintien du général Aoun à son poste viserait à « appliquer la politique occidentale, notamment pour la création d'une zone tampon au Liban-Sud ».
« Nous refusons cette prorogation, par souci de préserver l'armée et parce que la personne concernée est un militaire. Il ne faut pas que cette institution soit influencée par la politique », a-t-il poursuivi, considérant que ce dossier a « démasqué beaucoup de gens » et se disant fier de voir le CPL mener la bataille contre le maintien de Joseph Aoun « tout seul ».
commentaires (10)
On est infidèle lorsqu’on brade son pays en le paralysant pendant des mois pour saquer ses institutions pendant des années en le cédant aux plus offrants pour exister. Vous et votre clique êtes le symbole même de la trahison et les exemples ne manquent pas. Jusqu’où sont prêts à aller les cadres et membres de son parti avant de se rebeller contre l’un des leurs qui prouve tous les jours que son pays ne représente pour lui qu’un poste pompeux et les avantages qui vont avec aux détriments de tout un peuple mais surtout au prix de leur propre pays? On se réveille et on agit vite, pas de temps à
Sissi zayyat
12 h 04, le 14 décembre 2023