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Monde - COP28

Grande déception face à l’ébauche de déclaration présentée au sommet du climat à Dubaï

Le texte publié lundi après-midi ne mentionne pas « l’abandon des énergies fossiles », provoquant une onde de choc.

Grande déception face à l’ébauche de déclaration présentée au sommet du climat à Dubaï

À l’extérieur des salles de réunions de la COP28 à Dubaï, des activistes brandissent le slogan : « Mettez fin à l’ère des énergies fossiles. » Photo Suzanne Baaklini

Pas de miracle à la COP28 : à moins d’une surprise peu probable, ce 28e sommet de changement climatique de l’ONU, organisé par une pétromonarchie, s’en tiendra à un texte où « l’abandon des énergies fossiles » n’est pas mentionné, et qui reste vague autant sur les délais que sur le financement liés aux objectifs fixés pour le climat.

À Dubaï, le brouillon de déclaration finale de la COP28 s’est fait attendre toute la journée de lundi, veille de la fin prévue du sommet. Un signe de la vigueur des débats qui ont eu lieu derrière les portes closes. Au final, les Émirats arabes unis n’auront pas réussi le pari que s’était fixé (publiquement) le président de la COP, Sultan al-Jaber, de mentionner l’abandon progressif des énergies fossiles dans cette déclaration qui constitue également le premier bilan après l’accord de Paris conclu en 2015. Un accord qui stipulait que les pays doivent faire en sorte de limiter le réchauffement à 1,5 degré au-dessus des taux préindustriels.

Le texte rendu public lundi reprend certes l'objectif de triplement des énergies renouvelables au niveau mondial et de doublement du rythme d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici à 2030. Par ailleurs, il appelle à la « réduction à la fois de la consommation et de la production des énergies fossiles d'une manière juste, ordonnée et équitable, de façon à atteindre zéro net (neutralité carbone, NDLR) d'ici, avant ou autour de 2050, comme préconisé par la science ». Et sur le charbon, à « réduire rapidement le charbon sans captage de carbone » ainsi qu'à des « limites sur les permis accordés pour de nouvelles centrales au charbon » sans captage de carbone (« unabated »).

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Mais les termes utilisés sont dénoncés par de nombreux observateurs et activistes à la COP28 qui y voient une tentative à peine déguisée de l’industrie pétrolière de détourner l’attention du vrai débat en se focalisant sur une technologie, le captage de carbone (son stockage sous terre ou même sous la mer dans certains cas), qui n’a toujours pas fait ses preuves et reste peu sûre d’un point de vue environnemental. Outre le captage de carbone, le projet mentionne également le nucléaire, considéré comme une énergie « propre », car ne dégageant pas de gaz à effet de serre – ce que les environnementalistes contestent, faisant remarquer que la technologie reste chère et présente un fort risque sécuritaire et environnemental.

Un texte « faible »

« Il est décevant que le langage sur les énergies fossiles ne soit pas à la hauteur de ce dont le monde a besoin pour lutter contre le changement climatique », lance un négociateur d’un pays en développement à L’Orient-Le Jour, sous couvert d’anonymat. Une activiste qui a également préféré rester anonyme trouve « surprenant » que seul le charbon ait été cité, assorti des termes « sans captage de carbone », et sans délai clair, qui plus est. Le seul délai que l'on peut dégager du texte est vague, « autour de 2050 ». Elle souligne que ces éléments n’existaient même pas dans les propositions qui ont précédé ce brouillon, celui-ci étant bien plus « faible » que toutes les options qui ont été présentées aux pays auparavant. Le pire, selon des observateurs, se cache dans l'introduction du texte, qui parle « d’options qui peuvent être retenues par les pays », n’offrant même pas une ligne directrice claire.

Parmi les premières réactions des États participants, celle de la France, dont la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runache, exprime sa « déception » face à un accord « insuffisant », dans une réaction relayée par l’AFP. Un terme identique à celui utilisé par le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra, selon Reuters, qui a assuré que sa délégation débattra « aussi longtemps que nécessaire » pour introduire les modifications qu’elle pense indispensables afin de lutter contre le changement climatique. La ministre espagnole, Teresa Ribeira, a, elle, trouvé dans le texte des « éléments inacceptables », poursuit l’agence de presse, tandis que même le porte-parole du département d’État américain a estimé que « la section sur la mitigation dans le texte, qui inclut la question des énergies fossiles, doit être substantiellement renforcée ».

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De son côté, sans aborder directement la question des énergies fossiles qui a ému les participants à la COP28, mais sans fermer non plus la porte à des changements, le président de la conférence, également à la tête de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc, a déclaré lundi : « Nous devons tous nous concentrer sur la résolution des questions les plus difficiles qui subsistent. J'ai besoin que toutes les parties fassent preuve d'encore plus de flexibilité pour nous permettre d'atteindre la ligne d'arrivée. »

« Derrière les portes closes »

Dans ce dernier sprint, la société civile reste mobilisée pour tenter de limiter les dégâts au niveau du texte final. L’activiste indien Harjeet Singh, expert sur les questions de justice climatique et d’adaptation au sein du Climate Action Network (CAN), espère encore que la déclaration finale pourra rattraper un peu du retard accusé dans ce brouillon. « Nous sommes choqués de voir comment le langage autour de la sortie des énergies fossiles a été si totalement abandonné, nous ne nous attendions pas à cela », dit-il à L’OLJ. Il y a besoin « d’une formulation qui inclut un abandon juste et équitable » des énergies fossiles dans la déclaration finale, poursuit-il. De plus, « le langage autour du financement est très faible, d’autant plus que le délai fixé est vague », déplore l’activiste. Il pointe du doigt « l’Arabie saoudite, dont l’opposition à toute mention de sortie des énergies fossiles n’est pas un secret, mais aussi tous ces pays riches, notamment les États-Unis, qui se déclarent en faveur de la sortie des énergies fossiles, mais s’expriment autrement derrière les portes closes ».

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« Ce texte est extrêmement décevant pour toutes les communautés vulnérables qui se trouvent en première ligne des catastrophes climatiques », a réagi pour sa part Chadi Khalil, représentant de Greenpeace au Moyen-Orient. Le projet de document « n'inclut la réduction de la production de combustibles fossiles que comme une option que les pays peuvent choisir s'ils le souhaitent, mais cette action ne peut pas être volontaire ». « Les dernières heures de la conférence doivent être consacrées à l'élimination rapide, équitable et financée des combustibles fossiles », conclut-il.

Pas de miracle à la COP28 : à moins d’une surprise peu probable, ce 28e sommet de changement climatique de l’ONU, organisé par une pétromonarchie, s’en tiendra à un texte où « l’abandon des énergies fossiles » n’est pas mentionné, et qui reste vague autant sur les délais que sur le financement liés aux objectifs fixés pour le climat. À Dubaï, le brouillon de déclaration...
commentaires (1)

S’attendre à « l’abandon des énergies fossiles » à la COP de Dubaï, c’est comme s’attendre à « l’abandon de la fondue et du chocolat » à une COP en Suisse…

Gros Gnon

20 h 56, le 11 décembre 2023

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Commentaires (1)

  • S’attendre à « l’abandon des énergies fossiles » à la COP de Dubaï, c’est comme s’attendre à « l’abandon de la fondue et du chocolat » à une COP en Suisse…

    Gros Gnon

    20 h 56, le 11 décembre 2023

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