Rechercher
Rechercher

Culture - Beirut Chants

Et Kyubin Chung sort triomphant de l’Assembly Hall

Était-ce le même pianiste qu’on a écouté le 30 novembre en la cathédrale Saint-Georges des maronites ? Assurément ! Mais ce n’était pas le même piano !

Et Kyubin Chung sort triomphant de l’Assembly Hall

Affluence des grands soirs à l’Assembly Hall de l’AUB pour le concert de Beirut Chants. Photo Houssam Chbaro

Très beau récital de Kyubin Chung mardi 5 décembre, dans le cadre du festival Beirut Chants, à l’Assembly Hall de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), avec un très beau programme. 

Dans cette trentième sonate de l’opus 109 de Beethoven, on a pu apprécier les qualités de timbre de ce jeune pianiste coréen, ce si bel aigu appuyé sur des basses amples mais jamais envahissantes, et on imagine qu’elles ne sauraient avoir meilleur emploi que dans le prestissimo. Il aborde ce mouvement par une furia « terrifiante » pour arriver à un contraste évident avec le mouvement qui suit : l’Andante molto cantabile ed espressivo et ses 6 variations.

Le legato très inspiré de Chung est proprement merveilleux. Sans pâmoisons, sans chichis, avec une variété de couleurs étonnante, qu’il termine comme dans un rêve. L’image du Pater Seraphicus l’emporte trop souvent sur celle du Pater Profundus, et rien ne nous empêche de dire que César Franck préféra le néogothique de la basilique Sainte-Clotilde à la basilique Notre-Dame.

Kyubin Chung, un prince du clavier venu de Corée. Photo Houssam Chbaro

Il était organiste et tenait les grandes orgues de Sainte-Clotilde. On ne peut nier l’originalité, la force, la noblesse du Prélude, choral et fugue, que Camille Saint-Saëns avait complètement dénigré.

Bien qu’écrite admirablement pour le piano, cette pièce s’inscrit dans la descendance des trois grandes pièces pour orgue de Franz Liszt.

Kyubin Chung sait imposer la puissante unité de cette pièce et évite la grandiloquence que certains pianistes lui confèrent.

L’exposé du choral semble surgir du mystérieux fond de l’orgue et la fugue d’être la victoire conquise au terme d’un combat jubilant. Ce qui est difficile dans cette œuvre, c’est de pouvoir créer des sonorités d’orgue à travers le piano. Et le pianiste a réussi admirablement à nous faire entendre cette illusion.

La sonate 1er octobre 1905 fut composée en mémoire d’un ouvrier tué d’un coup de baïonnette lors d’une manifestation, dispersée par les troupes autrichiennes, pour la fondation d’une université tchèque dans la ville de Brno. Le compositeur avait des doutes quant à la valeur de sa musique, et d’un geste aussi brusque que brutal, Janacek l’arracha des mains de la pianiste Ludmila Tuckova, la déchira et jeta les morceaux dans la Vltava.

Pour mémoire

Un concert entre « Messe » et « Fantaisie », ardeur et conviction

Mais Tuckova avait eu le temps de la recopier. Il en reste les deux premiers mouvements – Pressentiment, La Mort – d’une grande intensité dramatique. Pages simples mais d’une incomparable séduction poétique que le pianiste a su rendre le plus naturellement du monde.

Schumann : Humoresque, singulier titre. « Il se passe parfois des choses bizarres dans le cœur de l’homme : et la joie et la douleur s’y croisent en une étrange bigarrure » (Robert Schumann).

Remarquable exécution de Chung qui s’impose ici par ses qualités d’évidence, sans recul et sans distance. Son jeu est à la fois fruste et délicat. Cette magnifique mise en place, polyphonie, rythme, mélodie, accentuation qui semble pourtant d’une étonnante spontanéité, cette unité aussi de respiration qu’il faut avoir pour savoir organiser les petites pièces qui souvent composent l’opus schumanien pour assurer aussi leur enchaînement avec d’autres morceaux plus denses. C’est par la réussite de l’union des contraires tant prônée par le romantisme allemand de Jean Paul ou de Novalis que Kyubin Chung impose cette bigarrure dont parlait le compositeur et qu’il sort triomphant d’un récital. 

Très beau récital de Kyubin Chung mardi 5 décembre, dans le cadre du festival Beirut Chants, à l’Assembly Hall de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), avec un très beau programme. Dans cette trentième sonate de l’opus 109 de Beethoven, on a pu apprécier les qualités de timbre de ce jeune pianiste coréen, ce si bel aigu appuyé sur des basses amples mais jamais...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut