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Politique - Décryptage

Le Drian, la 1701 et la force al-Radwan

L’émissaire américain Amos Hochstein avait déjà donné un avant-goût, mais c’est le français Jean-Yves Le Drian qui a exposé en toute franchise la demande internationale concernant la résolution 1701, laquelle avait mis fin à la guerre de juillet 2006. Le Drian a d’ailleurs précisé à ses interlocuteurs libanais qu’il parle au nom du quintette (États-Unis, France, Arabie saoudite, Qatar et Égypte), même si deux États se sont empressés par la suite de nuancer leurs positions, selon un responsable de haut rang qui a rencontré l’émissaire français. Selon ce même responsable, Jean-Yves Le Drian aurait déclaré que ce qui se prépare dans les coulisses pour l’après-bataille de Gaza est une solution durable, capable d’instaurer une certaine stabilité pour les Palestiniens et les Israéliens. C’est pourquoi, selon l’émissaire français, il faudrait que le Liban ne soit pas en reste et qu’il puisse lui aussi bénéficier d’une stabilité qui lui permettrait de relancer son économie et de profiter de ses propres ressources naturelles. Pour cela, il faudrait appliquer réellement la résolution 1701, notamment au sujet de la création d’une zone démilitarisée au sud du Liban sur une profondeur qui irait jusqu’au Litani. Seules l’armée libanaise et la Finul auraient le droit d’utiliser leurs armes dans cette zone, ce qui permettrait aux Israéliens de ne plus avoir la hantise des opérations du Hezbollah, qui a petit à petit repris l’initiative dans cette zone en y installant des positions en dépit des dispositions de cette résolution.

D’ailleurs, non seulement le Hezbollah a installé des positions bien cachées, surtout depuis qu’il a détruit en partie le système de surveillance israélien à la frontière, mais de plus, il a ouvertement déployé la force al-Radwan, son unité d’élite, le long de la frontière, causant ainsi une réelle frayeur aux Israéliens installés dans les localités du nord de la Galilée. Les Israéliens ont d’ailleurs réussi à tuer cinq membres importants de cette unité, dont le fils du chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad. Apparemment, même pendant les sept jours de trêve, les habitants israéliens n’ont pas osé revenir chez eux au Nord. C’est donc ainsi qu’est venue l’idée de relancer l’application de la 1701 à travers le retrait des combattants du Hezbollah de la zone au sud du fleuve Litani. Le Drian a évoqué cette question de façon détaillée avec le président de la Chambre Nabih Berry et avec le Premier ministre sortant Nagib Mikati, mais il a préféré ne pas entrer dans les détails avec Mohammad Raad. Devant ses interlocuteurs, Le Drian a insisté sur l’importance de l’application de cette mesure pour le Liban sur le plan de la stabilité, ajoutant que, de toute façon, elle est prévue dans la résolution 1701, même si elle n’a jamais été appliquée depuis 2006.

Selon les sources libanaises, Le Drian a bien pris soin de préciser qu’il ne s’agit pas d’un amendement de la résolution 1701, mais de son application dans son intégralité.

De leur côté, les responsables libanais ont souligné que ce sont les Israéliens qui multiplient les violations de cette résolution et que le Hezbollah évite en général de répondre à leurs provocations, ou alors il riposte dans les limites des règles de la confrontation qu’il a fixées en utilisant notamment les espaces qui ne sont pas inclus dans les dispositions de la 1701, comme notamment les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, au cours de sa dernière visite au Liban, l’émissaire américain Hochstein avait transmis une proposition israélienne de se retirer de la zone des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba, considérées cependant par la communauté internationale comme un territoire syrien, et de la partie considérée comme libanaise de la localité de Ghajar, moyennant l’application totale de la 1701. Mais cette proposition n’a pas vraiment eu le temps d’être creusée en raison des développements de la guerre à Gaza.

Aujourd’hui, toujours selon les sources libanaises, la question d’un règlement de longue durée ne peut pas être envisagée tant que les combats font rage à Gaza, surtout que le Hezbollah, par la voix de son secrétaire général, a répété à plusieurs reprises que le Liban est un front de soutien dans cette confrontation violente. Comment pourrait-il donc retirer ses unités de la zone au sud du Litani alors que, depuis l’ouverture du « front de soutien à Gaza », des groupes libanais et palestiniens ont lancé de temps à autre des missiles à partir de ce secteur ? Certes, jusqu’à présent, la participation de ces groupes est restée limitée et elle se fait en coordination avec le Hezbollah, mais elle constitue un moyen pour ces groupes de soutenir les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

Du point de vue libanais, la question de l’application totale de la 1701 pourrait être envisagée en profondeur lorsque la guerre de Gaza sera terminée. À ce moment-là, le Hezbollah pourrait envisager le retrait de la force al-Radwan de cette région dans le cadre de mesures concrètes d’application de la 1701, tout simplement parce que sa présence sur les lieux ne sera plus nécessaire. Mais pour l’instant, il est pratiquement impossible d’envisager une démarche de ce genre, surtout que, selon des sources proches du Hezbollah, ce dernier ne considère pas qu’il a perdu sur le terrain pour faire des concessions de cette importance. Dans ce contexte, la proposition de l’émissaire français est donc perçue par les responsables libanais comme étant favorable aux Israéliens et, pour qu’elle puisse être étudiée sérieusement, il faudrait qu’elle soit plus équilibrée.

L’émissaire américain Amos Hochstein avait déjà donné un avant-goût, mais c’est le français Jean-Yves Le Drian qui a exposé en toute franchise la demande internationale concernant la résolution 1701, laquelle avait mis fin à la guerre de juillet 2006. Le Drian a d’ailleurs précisé à ses interlocuteurs libanais qu’il parle au nom du quintette (États-Unis, France, Arabie...
commentaires (2)

achalander Vieux. Attirer des clients dans un lieu de commerce. Fournir un magasin en marchandises ; approvisionner (surtout au passif) : Magasin bien achalandé. Synonymes : approvisionné - fourni - pourvu.

Citoyen Lambda

12 h 47, le 07 décembre 2023

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Commentaires (2)

  • achalander Vieux. Attirer des clients dans un lieu de commerce. Fournir un magasin en marchandises ; approvisionner (surtout au passif) : Magasin bien achalandé. Synonymes : approvisionné - fourni - pourvu.

    Citoyen Lambda

    12 h 47, le 07 décembre 2023

  • Je vais chanter comme d’habitude. Des articles toujours bien achalandés, bien structurés et très bien analysés

    Hitti arlette

    20 h 55, le 06 décembre 2023

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