Le Libanais Mory Hatem est Timon dans « Le Roi Lion »

Qui n’a pas été fasciné un jour par le monde de Disney ? Cet univers magique a bercé l’enfance de nombreux Libanais, notamment des enfants devenus aujourd’hui des artistes accomplis. C’est le cas du chanteur Mory Hatem, grand fan de Disney, qui concrétise actuellement le rêve inouï d’incarner un personnage de la comédie musicale à succès Le Roi Lion (Lion King). Véritable phénomène de Broadway depuis 1997, avec au compteur des milliers de représentations dans le monde, le spectacle haut en couleur devrait bientôt s’installer à Disneyland Paris et a trouvé son « Timon » en la personne de Mory Hatem.

Il y a quelques années, nous avions laissé le jeune artiste de 32 ans sillonnant les routes du Québec, où il multipliait les concerts après son passage remarqué dans la version canadienne du télé-crochet The Voice, dans l’équipe de Lara Fabian. Aujourd’hui citoyen canadien, il peut compter sur une renommée grandissante au Québec et n’est pas près de s’arrêter. « J’avais 19 ans quand j’ai vu ce spectacle pour la première fois à Broadway et je me souviens surtout de l’ovation du public qui s’est levé pour applaudir les artistes dès la toute première chanson, confie Mory Hatem à L’Orient-Le Jour. Je me suis toujours dit que je participerais un jour à une comédie musicale mais je n’aurais pas pensé à un spectacle international d’une aussi grande envergure. Cela me touche beaucoup car j’adore Disney et la bande originale du Roi Lion aussi ! » 

Audition et sélection

« Tout a commencé par un email que j’ai reçu de Disney. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une pub, moi qui ai visité presque tous les parcs d’attraction Disney dans le monde ! » raconte Mory Hatem. « J’ai reçu un deuxième email que j’ai heureusement lu, et j’ai découvert qu’il s’agissait d’un appel pour participer à une audition. Une semaine plus tard, on m’a demandé de me rendre en Floride pour la sélection. » Ce n’est pas la première fois que Mory auditionne pour un rôle Disney puisqu’il avait déjà accédé à des étapes avancées du casting pour le film Aladin en 2019. En Floride, il participe à des ateliers de danse et de théâtre pendant plusieurs jours et doit se produire seul et en groupe. « Des candidats étaient éliminés au fur et à mesure et le réalisateur a demandé à me voir au terme de l’atelier, ajoute le chanteur. Il m’a précisé que le spectacle se tiendra à Paris, en anglais, et qu’on me contactera pour le résultat final. J’étais très confiant mais je ne me suis pas fait de promesses. J’ai profité de la suite de mon séjour à Orlando pour déambuler dans le parc Disney puis je suis rentré au Canada. Il y a un mois, on m’a finalement annoncé la bonne nouvelle : je serai à l’affiche du spectacle à partir de l’automne 2024 pour une durée d’au moins 4 mois que je pourrais prolonger. J’assurerai toutes les représentations dans la peau de Timon, ce personnage au caractère comique, avec une doublure en cas d’absence. Cela sera également une chance pour moi d’explorer Paris et de tenter d’autres opportunités. »

Des racines au Liban

S’il est très enthousiaste et ne cache pas « un petit trac », Mory Hatem est surtout préoccupé par le changement de cadre qui l’attend. En effet, le chanteur avait déjà tout quitté en 2018 pour s’installer à Montréal, malgré une carrière naissante dans le monde arabe. « À l’époque, j’avais participé à The Voice dans le monde arabe et sorti de nombreux singles propres à mon style, un mélange fusion entre l’arabe, la pop et la country. Je prenais donc un risque en débarquant à Montréal. The Voice Canada m’a beaucoup aidé et m’a permis de chanter avec de grands artistes comme Patrick Bruel, Garou, Kendji. Depuis, les gens me reconnaissent au Québec, surtout la diaspora arabe. Et comme je chante en plusieurs langues, il m’est plus facile de percer dans un marché assez restreint. Chaque année, je fais 70 à 80 concerts publics ou privés, et je m’estime chanceux de pouvoir vivre de ce métier qui est le seul que j’aie connu dans ma vie. »

Outre les concerts, le chanteur diplômé de l’Iesav en études audiovisuelles a également ouvert sa propre école à Laval cette année. Une « performance académie » qui enseigne le chant, la musique, les instruments et la présence scénique. Un nouvel exploit qu’il vit sans jamais oublier d’où il vient. « Où que j’aille, assure-t-il, je répète que je suis né et que j’ai grandi au Liban. C’est au Liban que j’ai appris à chanter dans toutes ces langues. C’est au Liban que j’ai fait ma première scène au MusicHall à 18 ans sur du Johnny Hallyday. Et c’est à mon pays que je suis redevable avant tout. » Preuve qu’il garde le Liban dans son cœur malgré la distance, l’interprète de Aam tehki maa hada prépare une chanson en arabe. Il s’apprête aussi à produire et célébrer un concert de Noël au théâtre Marcellin-Champagnat à Laval, dont les fonds seront versés pour soutenir les nouveaux arrivants au Canada, notamment Libanais. « Ce n’est pas du tout facile de quitter son pays pour venir vivre au Canada. On croit souvent que c’est la vie en rose mais en réalité cela requiert de nombreux sacrifices et peut causer quelques déceptions. Certains doivent travailler pour financer leurs études, d’autres doivent commencer de zéro voire même changer de profession, et puis la météo n’aide pas… Pour toutes ces raisons, j’estime avoir été chanceux au Canada où ma carrière a décollé sans grandes difficultés. » Comme dirait Timon, « Hakuna Matata » !