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Lifestyle - Initiative

La man’ouché bientôt au patrimoine immatériel de l'Unesco ?

Avec le ceviche, l'opéra lyrique ou le pagne, la galette préférée des Libanais devrait rejoindre cette semaine la liste de la convention mondiale. 

La man'ouché libanaise. Photo DR

Le ceviche, le chant lyrique, le pagne, la peinture des rickshaws mais aussi la man'ouché libanaise... Des dizaines de nouvelles traditions devraient rejoindre cette semaine le patrimoine immatériel de l'Unesco, une convention vieille de vingt ans qui fait la part belle aux pays du Sud.

Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel se réunit depuis lundi à Kasane, dans le nord du Botswana. De mardi à vendredi, il devrait valider l'inscription de 55 nouveaux éléments, présentés sous l'angle de traditions communautaires, explique-t-on au sein de l'organisation onusienne.

« Les pratiques relatives à la fabrication de la man’ouché s’étendent sur tout le territoire libanais », peut-on lire sur la demande officielle présentée par la commission libanaise auprès de l'Unesco, présidée par Sahar Baassiri.  En soulignant la valeur patrimoniale de cette galette, le dossier ajoute : « Les différentes communautés rurales et urbaines du pays préparent cette sorte de pâte au thym principalement consommée au petit déjeuner ; mais aussi servie en entrée à déjeuner avec un assortiment de chaussons communément appelé mou’ajanat (pâtes) farcis de fromage, de viande ou d’épinards. Les Libanais de la diaspora, qui s’étend aux quatre coins du globe, notamment, en Amérique du Nord, centrale et du Sud, en Afrique, en Australie, en Europe et dans les pays arabes du Golfe, préparent et consomment la man’ouché. Enfin, la préparation de la man’ouché foisonne dans les pays arabes du Machrek et du Golfe. Il n’y est pas rare de trouver de petites boulangeries portant le nom de la man’ouché libanaise ou du cèdre, arbre emblématique du Liban, renvoyant à l’identité du praticien propriétaire ou à la qualité de la pâte au thym qui y est servie. » 

Pour mémoire

La man’ouché fait son entrée dans les supermarchés américains

Parmi les traditions les plus connues mondialement figure par ailleurs le ceviche, ce plat de poisson cru mariné dans du citron dont les « pratiques et significations associées à la préparation et à la consommation » constituent « une expression de la cuisine traditionnelle » du Pérou, selon l'Unesco.

Il y a aussi  « la pratique du chant lyrique » en Italie qui, « transmise oralement entre un maestro et un élève, favorise la cohésion collective et la mémoire socioculturelle ».

La Côte d'Ivoire cherche de son côté à faire reconnaître ses « savoir-faire traditionnels liés au tissage du pagne » et le Bangladesh « la peinture sur rickshaw », ces petits trois-roues dont la décoration dans sa capitale Dacca est présentée comme « une forme dynamique d'art populaire urbain », d'après l'Organisation onusienne pour l'éducation, la science et la culture.

L'Azerbaïdjan, l'Iran, l'Ouzbékistan et la Turquie veulent que soient inscrites au patrimoine culturel immatériel leurs « traditions » de l'iftar – le repas de rupture du jeûne musulman », quand Cuba et le Mexique voient dans « l'identité, l'émotion et la poésie en chansons » véhiculées par le boléro « un élément indispensable de la chanson sentimentale d’Amérique latine », de même source.

Parmi les 55 nouveaux éléments présentés cette année, plus des deux tiers viennent de pays du Sud, tout sauf un hasard selon l'Unesco tant la convention sur le patrimoine culturel immatériel projette « une représentation géographique homogène » des différents continents, selon son sous-directeur général pour la culture, Ernesto Ottone.

L'artisan pêcheur péruvien Cesar Melgarejo prépare un ceviche traditionnel avec des rougets gris (lisa en espagnol) pêchés au petit matin dans la baie de Lima, le 1er décembre 2023. Photo AFP

Adopté en 2003, entré en vigueur en 2006 après ratification par trente États membres, ce texte n'était à l'origine « pas soutenu par de grands pays du Nord » qui craignaient que certains États ne cherchent à s'accaparer des traditions culturelles partagées par d'autres, explique-t-il.

676 traditions inscrites 

Mais  « le contraire s'est produit » et 180 pays en sont aujourd'hui signataires, se félicite-t-il. En 2021, seize États de culture musulmane ont ainsi appuyé l'inscription de  « la calligraphie arabe »; vingt-quatre, du Nord comme du Sud, ont aussi soutenu la reconnaissance de la fauconnerie comme  « patrimoine humain vivant ».

Sur 676 éléments d'ores et déjà inscrits au patrimoine culturel immatériel, seuls 38 % viennent des pays du Nord contre 47 % pour les sites du patrimoine mondial, ces biens ou écosystèmes à valeur exceptionnelle dont la reconnaissance par l'Unesco se fait au terme d'un parcours plus long et ardu, note M. Ottone.

Certains sont très connus, comme la pizza napolitaine (2017), la capoeira brésilienne (2014) ou le flamenco espagnol (2010). Mais l'ancien ministre de la Culture chilien réfute toute idée de  « branding » – la promotion d'une marque –, car ce sont les traditions les entourant et non ces éléments en eux-mêmes qui sont inscrits, insiste-t-il.

L'Unesco préfère souligner les biens culturels sauvés par la convention. Notamment le « noken », un sac traditionnel confectionné par les papous d'Indonésie à partir de plantes ou de feuilles tressées dont l'inscription au patrimoine culturel en danger en 2012 a  « grandement amélioré » la  « viabilité », permettant notamment l'augmentation du nombre de ses fabricants, affirme l'organisation onusienne.

Il en va de même pour le « mapoyo », du nom d'une ethnie du Venezuela qui transmet son histoire oralement, des anciens vers les plus jeunes. En déshérence en 2014 lors de son inscription, la tradition s'est  « renforcée » depuis, affirme l'organisation onusienne dont le siège est à Paris.

Une pratique belge vieille de 500 ans a aussi connu une seconde jeunesse grâce à l'Unesco : la pêche aux crevettes à cheval, à laquelle 200 personnes s'adonnent désormais à Oostduinkerkse, petite commune des bords de la mer du Nord, affirme Ernesto Ottone. Ses adeptes n'étaient que 17 en 2013.

Le ceviche, le chant lyrique, le pagne, la peinture des rickshaws mais aussi la man'ouché libanaise... Des dizaines de nouvelles traditions devraient rejoindre cette semaine le patrimoine immatériel de l'Unesco, une convention vieille de vingt ans qui fait la part belle aux pays du Sud.

Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine...

commentaires (2)

Oui, vite avant que les Israéliens ne revendiquent la paternité de notre man'ouché, comme ils ont déjà volé celle du hommous, et des falafels.

Politiquement incorrect(e)

10 h 44, le 06 décembre 2023

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Commentaires (2)

  • Oui, vite avant que les Israéliens ne revendiquent la paternité de notre man'ouché, comme ils ont déjà volé celle du hommous, et des falafels.

    Politiquement incorrect(e)

    10 h 44, le 06 décembre 2023

  • C'est vrai que les israéliens ont fait appel car d'après leur bible Dieu leur a refilé la recette de la man'oucheh il y a 2000 ans?

    Gros Gnon

    23 h 23, le 05 décembre 2023

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