Après la chute de la trêve à Gaza et en raison de la violence des bombardements israéliens depuis vendredi matin sur les différentes régions de la bande, la question de l’extension du conflit au Liban revient sur le devant de l’actualité. Pour l’instant, le front du Sud semble se réchauffer, avec deux morts civils vendredi, une femme et son fils, à Houla, et une information véhiculée par les médias israéliens selon laquelle les autorités auraient conseillé aux habitants des colonies proches de la frontière avec le Liban de ne pas rentrer chez eux. Ce qui laisse supposer que les Israéliens prévoient un réchauffement de ce front. Mais cela signifie-t-il pour autant qu’il va s’étendre à d’autres régions du Liban ?
La question hante les Libanais, mais aucune partie ne parvient à y donner une réponse claire. Le Hamas et le Hezbollah disent, chacun de son côté, que cela dépend des Israéliens. S’ils déclenchent une attaque violente contre le Liban, cela exigerait une riposte plus large de la part des groupes de la résistance. Pour l’instant, ce scénario ne semble pas privilégié. Car il est clair que les Américains et leurs alliés ne veulent pas de l’ouverture en grand du front du Liban, en même temps que celui de Gaza. Des messages sont venus du monde entier pour demander au Hezbollah de ne pas élargir le front du Liban, alors que les Américains eux-mêmes ont donné ce conseil aux Israéliens. Apparemment, rien n’a changé à ce sujet et la volonté occidentale et en particulier américaine de continuer à contenir les affrontements reste intacte.
Toutefois, l’éventualité d’une agression israélienne d’envergure n’est pas la seule possibilité d’extension du conflit au Liban. Il y en a une autre qui avait été évoquée par le secrétaire général du Hezbollah dans un de ses discours et qui consiste dans l’affaiblissement dramatique du Hamas qui pourrait pousser ses alliés à voler à son secours. Cette possibilité ouvre en grand le dossier de la solidarité entre les différents membres de « l’axe de la résistance », ainsi que celui de l’unité des champs de bataille si longuement développé par Hassan Nasrallah dans plusieurs de ses discours.
Au cours de la première manche qui a duré près de 50 jours, les affrontements entre les Israéliens et le Hamas sont restés principalement concentrés à Gaza. D’autres fronts ont certes bougé, comme celui du Liban, tout en restant sous contrôle, ainsi que les attaques irakiennes contre les bases américaines en Syrie et en Irak. Il y a eu aussi les attaques des Yéménites d’Ansarallah contre Eilat notamment, et certaines zones au sud d’Israël. Tout comme il y a eu quelques initiatives limitées sur le front du Golan en Syrie.
Immédiatement, des parties politiques hostiles au camp de la résistance se sont emparées de cette affaire. Pour certaines d’entre elles, ces participations limitées ont montré que la solidarité entre les membres de « l’axe de la résistance » est plus virtuelle que réelle et que les fronts dits de soutien n’ont pas vraiment rempli leur rôle. Les représentants du Hamas ont, tout au long des dernières semaines, été à plusieurs reprises interrogés sur cette question, et leurs réponses sont restées nuancées, certains d’entre eux ont reconnu qu’ils avaient attendu plus de la part de leurs alliés, mais qu’après tout, ils comprennent leur attitude, puisque aucune partie en dehors des responsables de l’aile militaire du Hamas (les brigade al-Qassam) n’avait été informée du Déluge d’al-Aqsa et de son timing. D’autres se sont contentés de dire que le Hamas n’a pas vraiment eu besoin d’un soutien plus soutenu, puisque ses capacités militaires n’ont pas été réduites de façon inquiétante. Au contraire, les combattants du Hamas sont toujours présents dans le nord de Gaza que les Israéliens avaient prétendu avoir contrôlé. Le Hamas l’a d’ailleurs prouvé lors des opérations d’échange de prisonniers, dont certaines ont eu lieu sciemment au Nord. Ses tunnels souterrains sont toujours fonctionnels et sa capacité militaire est toujours considérable. Le membre du bureau politique du Hamas Oussama Hamdane va encore plus loin. Il explique que lorsque « l’axe de la résistance » a commencé à prendre forme – il regroupe principalement l’Iran et la Syrie en tant qu’États, ainsi que des groupes de résistance en Irak, au Liban et au Yémen, mais bénéficie aussi de soutiens dans le monde arabe et musulman ainsi qu’en Amérique latine –, il a été convenu depuis le début que tous ses membres doivent respecter les particularités de chacun d’entre eux. Il s’agit donc d’une alliance autour d’une cause, d’objectifs et d’idéaux communs, mais sans structure définie et hiérarchie. L’idée directrice était que chacun des membres doit d’abord se concentrer sur ses intérêts propres au sein de son environnement, pour pouvoir être actif et utile au sein de l’axe. À quoi servirait donc Ansarallah, par exemple, si ce groupe venait à perdre son pouvoir et son assise populaire au Yémen ? Le principe est valable pour tous. Par exemple, la Syrie a actuellement des problèmes très graves et des priorités internes. La position du président syrien au sommet de Riyad est donc considérée comme amplement suffisante.
Au sein de l’axe, la priorité est donc pour chacun des membres de renforcer sa position interne. Chacun évalue sa situation et ses capacités et décide en fonction de ses intérêts. Les rôles sont ainsi définis en fonction des moyens de chacun. Aucun des membres ne peut faire des reproches aux autres. Le Hezbollah et les autres décideront donc en fonction de leurs conditions propres et l’axe est ainsi prêt, dit le Hamas, pour la seconde manche.
Ce que je retiens de cet article c’est que "l’axe de la résistance" est en fait surtout axé à renforcer l’assise interne de ses membres, surtout en apportant un faux prétexte à leur armement illégal, qui leur permet de menacer leurs rivaux… voire même leurs "alliés" du jour si nécessaire…
07 h 17, le 05 décembre 2023