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Politique - Diplomatie

Le Drian n’y va pas par quatre chemins : oui à la prorogation du mandat de Joseph Aoun

L’émissaire de l’Élysée pour le Liban exhorte Gebran Bassil à « cesser de bloquer le processus ».

Le Drian n’y va pas par quatre chemins : oui à la prorogation du mandat de Joseph Aoun

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, s’entretenant avec l’émissaire français pour le Liban Jean-Yves Le Drian, au siège du parti à Sin el-Fil, le 30 novembre 2023. Photo Mohammad Yassine

« Tous les amis du Liban ont des appréhensions quant à la sécurité du pays en cette période de guerre, dans laquelle nous avons besoin d’une armée forte et à même d’unifier les Libanais. » Ces propos tenus jeudi par le chef des Kataëb, Samy Gemayel, à l’issue de sa réunion avec l’émissaire de l’Élysée pour le Liban Jean-Yves Le Drian résument parfaitement la deuxième journée du séjour du diplomate français dans la capitale libanaise. Les discussions de jeudi ont été en effet principalement axées sur la question de la pérennité de l’armée à quelques semaines du départ à la retraite de son chef, Joseph Aoun. L’ex-ministre français des Affaires étrangères a en effet transmis une sorte de feu vert international à la prorogation du mandat du général Aoun. Une option qui semble bénéficier de l’aval de tous les protagonistes, à l’exception du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.

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« J’ai été très ferme (avec Gebran Bassil au sujet de l’avenir du commandement de l’armée) », a confié M. Le Drian à un député opposant qu’il a rencontré jeudi à la Résidence des Pins, révèle ce parlementaire à notre journal. « Il est venu nous voir spécialement pour Joseph Aoun, et a souligné que le CPL est le seul à bloquer le processus de prorogation. Mais M. Bassil s’est montré attaché à sa position », raconte pour sa part à L’Orient-Le Jour un cadre aouniste sous couvert d’anonymat. « Le chef du parti a fait comprendre à M. Le Drian que la communauté internationale ne peut pas exiger des réformes et le respect de la Constitution et avaliser dans le même temps des démarches qui vont à l’encontre de celle-ci », abonde Nada Boustani, députée CPL présente à la réunion. « Il a également souligné que personne ne peut demander au CPL de modifier ses positions sur des questions liées à la souveraineté de l’État », ajoute-t-elle, indiquant que M. Bassil a dit à son hôte : « Ce n’est pas le CPL qui empêche la prorogation du mandat de Joseph Aoun, puisque plusieurs protagonistes sont favorables à cette démarche. »

« L’entretien avec M. Bassil a duré un quart d’heure et a été principalement consacré à l’affaire de l’armée », confirme un diplomate français. Il souligne que M. Le Drian a clairement exhorté le chef du CPL à « ne plus bloquer la solution la plus logique, à savoir la prorogation du mandat de Joseph Aoun ». Un point que M. Le Drian a évoqué également avec le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad. « Devant l’émissaire français, nous avons exprimé notre détermination à éviter le vide à la tête de l’armée », affirme Ammar Moussaoui, responsable des relations arabes et internationales au sein du parti chiite, présent à la réunion. « Ils (le Hezbollah) ont confié n’avoir aucun problème à maintenir Joseph Aoun à son poste, mais ont indiqué que des contacts sont en cours avec leurs alliés sur ce plan », confie le diplomate français, dans une allusion au CPL. Mais on est encore loin du compte. Cela a transparu dans des déclarations médiatiques du conseiller politique de Gebran Bassil, Antoine Constantine. « Les approbations exprimées devant M. Le Drian par certains protagonistes ne nous concernent pas », a-t-il lancé à la chaîne OTV, organe médiatique du CPL. 

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Retarder le départ
Face à ce veto catégorique, doublé de l’incapacité du gouvernement expédiant les affaires courantes à procéder à la nomination d’un chef de la troupe, Samy Gemayel a proposé de retarder, par décision du Conseil des ministres, le départ à la retraite du numéro un de l’armée. Cette option est déjà au cœur des contacts en cours pour régler l’affaire avant la date butoir du 10 janvier. À travers cette prise de position directe, Samy Gemayel vient se joindre à plusieurs autres figures de l’opposition qui renvoient la balle dans le camp du cabinet sortant. « Nous avons été très clairs devant M. Le Drian. Il revient au gouvernement de proroger le mandat du chef de l’armée afin d’assurer la pérennité de la troupe en temps de guerre », déclare Mark Daou, député de la contestation qui s’est entretenu avec l’envoyé spécial de l’Élysée à la Résidence des Pins. M. Le Drian a également rencontré autour d’un déjeuner Michel Moawad et Fouad Makhzoumi, membres du bloc du Renouveau. Il s’est par la suite réuni avec le bloc de la Modération nationale (sunnites ex-haririens).

Liban-Sud et présidentielle
« Nous avons demandé une prise de position explicite de la part du quintette (États-Unis, Arabie saoudite, France, Égypte et Qatar) au sujet de la frontière avec Israël et du respect de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité », indique par ailleurs Mark Daou. Une requête qui intervient à l’heure où M. Le Drian s’active au nom du groupe des Cinq pour éviter une escalade au Liban-Sud où le Hezbollah s’active en soutien au Hamas. « Il nous importe dans ce cadre que le Liban soit doté d’un nouveau président au plus vite dans la perspective de la phase post-Gaza. C’est ce que M. Le Drian a affirmé à tous ses interlocuteurs », dit le diplomate français cité plus haut, réitérant l’appel de M. Le Drian à l’élection d’une figure de troisième voie. Ce ne sera donc ni le candidat du Hezbollah, Sleiman Frangié, ni son adversaire soutenu par le CPL et l’opposition, Jihad Azour. « Mais cette fois-ci, il n’a pas été question de dialogue ou de concertations élargies en vue de débloquer la présidentielle », indique Mark Daou. Dans les milieux de Aïn el-Tiné, on avait toutefois affirmé le contraire la veille.

L’absence de toute mention d’un dialogue a poussé Samy Gemayel à faire état d’une « nouvelle approche » française (et internationale) du dossier, sans pour autant en définir les contours. Il faudrait probablement attendre les résultats des réunions que l’émissaire français devait tenir jeudi soir avec les ambassadeurs des pays de l’Union européenne et des pays membres du quintette à Beyrouth pour y voir un peu plus clair. 

« Tous les amis du Liban ont des appréhensions quant à la sécurité du pays en cette période de guerre, dans laquelle nous avons besoin d’une armée forte et à même d’unifier les Libanais. » Ces propos tenus jeudi par le chef des Kataëb, Samy Gemayel, à l’issue de sa réunion avec l’émissaire de l’Élysée pour le Liban Jean-Yves Le Drian résument parfaitement la...

commentaires (9)

Je suis très déçu par la rédaction de l’OLJ qui refuse de publier mes commentaires dès que mes idées sont différentes des leur. Le dernier commentaire n’avait rien d’offensif, et exprimait mon opinion à propos de M. Le Adrian. Pourquoi le censurer? Ou est la liberté d’expression à laquelle feu Ghassan Tueini et Gebrane Tueini étaient tellement attachés?

Sami NAJJAR

00 h 21, le 03 décembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Je suis très déçu par la rédaction de l’OLJ qui refuse de publier mes commentaires dès que mes idées sont différentes des leur. Le dernier commentaire n’avait rien d’offensif, et exprimait mon opinion à propos de M. Le Adrian. Pourquoi le censurer? Ou est la liberté d’expression à laquelle feu Ghassan Tueini et Gebrane Tueini étaient tellement attachés?

    Sami NAJJAR

    00 h 21, le 03 décembre 2023

  • Ras le bol de toutes ces mafias qui nous mènent en bateau, bateau qui va à la derive…

    Claudine Homsy

    12 h 09, le 01 décembre 2023

  • Ces corrompus tiennent tous les pays par tous les bouts. Comme par hasard on n’entend plus parler des sanctions tant répétées et soudain enterrées par peur de se voir éclaboussés par le scandale. Comment, et malgré la charte signée contre le blanchiment d’argent, des milliards pillés d’un pays ruiné ont pu atterrir dans les banques sans le moindre accroc de tous ces pays qui se disent plus blancs que blanc et qui viennent menacer les voleurs de les dénoncer avec preuves à l’appui? Cela explique le retournement de vestes et leur discrétion quand aux butins blanchis et placés par leur soins.

    Sissi zayyat

    11 h 43, le 01 décembre 2023

  • Mme Abi Akl est spécialisée ès- Gerban Bassil. Et c’est pas mal .

    Hitti arlette

    11 h 13, le 01 décembre 2023

  • - DANS LA TRIBU DES PYGMEES, - TOUS EN CERCLE AUTOUR DU FEU, - CHANTANT, AVEC PORTE-EPEES, - ILS PRONENT DU CHEF L,ENJEU, - DE SE VOIR DE LA TRIBU, - PAR LA CENDRE QU,IL EXHALE, - ET LE SUPPORT DU BARBU, - GAGNER LA CHAISE BANCALE. - SE VENDRE, AVEC TOUS, AU DIABLE, - POUR DE MIROITES APPAS, - ET POUR SON EGO MINABLE, - C,EST LE BAISER DE JUDAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 09, le 01 décembre 2023

  • "Personne ne peut demander au CPL de modifier ses positions sur des questions liées à la souveraineté de l’État". Dommage! On aimerait bien que le CPL ait, à ce sujet, une attitude plus positive, par exemple, en dénonçant l’existence d’une milice illégale qui se réserve le droit de décider de la guerre et de la paix.

    Yves Prevost

    08 h 26, le 01 décembre 2023

  • Le lutin

    Abdallah Barakat

    00 h 51, le 01 décembre 2023

  • Bute le petit pere Le Drian. Il ne veut toujours pas comprendre qu'il ne faut rien attendre de bon de la bande de canailles mafieuses qui monopolisent le pouvoir dans notre pays. Pourtant ce n'est pas faute de lui avoir predit qu'il perdait son temps. Il a mieux a faire a El Ula.

    Michel Trad

    21 h 57, le 30 novembre 2023

  • Allez y M Le Drian, mettez à exécution les menaces de sanctions à l’encontre de Gebran Bassil sinon demandez à tous les responsables européens, Macron compris, de cesser d’agiter le spectre des sanctions. Les européens ne peuvent rien faire car il leur faut l’unanimité impossible à obtenir

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 40, le 30 novembre 2023

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