Rechercher
Rechercher

Politique - Présidentielle

Le Drian entame sa tournée : Vous n’avez plus le luxe du temps

Lors de son quatrième séjour à Beyrouth, l’émissaire français a transmis aux protagonistes l’inquiétude de la communauté internationale quant à une escalade au Liban-Sud et une atteinte à l’armée.

Le Drian entame sa tournée : Vous n’avez plus le luxe du temps

L’émissaire français pour le Liban Jean-Yves Le Drian (g.) et le président de la Chambre, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, le 29 novembre 2023. Photo Mohammad Yassine

Cette fois-ci, la mission est double : la présidence de la République et le calme à la frontière au Liban-Sud. Voilà les grandes lignes de la quatrième visite de l’émissaire spécial de l’Élysée, Jean-Yves Le Drian, entamée mercredi dans la capitale libanaise. À la différence de tous les séjours précédents, celui-ci intervient dans un contexte de guerre opposant le Hamas à Israël à Gaza. Un conflit dans le cadre duquel le Hezbollah a ouvert ce qu’il appelle « un front de soutien » à partir du Liban-Sud. De quoi susciter les craintes de la communauté internationale quant à une guerre totale dont le pays ne pourra pas supporter les conséquences, surtout en cette période de crise économique et de vacance à la tête de l’État. D’où le cri d’alarme de M. Le Drian au nom du quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, Arabie saoudite, France, Égypte, Qatar) : en ces temps de guerre, il faut éviter l’escalade et dépasser les dissensions pour élire au plus vite un nouveau président de la République, le Liban n’ayant plus le luxe du temps.

Lire aussi

Macron : Non à l’extension du conflit au Liban, oui à l’élection rapide d’un président

C’est ainsi qu’une source diplomatique occidentale basée à Beyrouth résume pour notre journal le premier jour de la visite de l’ex-chef de la diplomatie à Beyrouth. Ce dernier a entamé ses réunions avec le chef du gouvernement Nagib Mikati. À l’issue de l’entretien, Jean-Yves Le Drian a affirmé que « sa visite vise à renouveler la position du quintette qui appelle les Libanais à unifier leurs positions, à accélérer la tenue de l’échéance présidentielle et à se montrer prêts à être aidés dans ce cadre », selon un communiqué du Grand Sérail. L’envoyé français a également souligné qu’il « tiendra plusieurs rencontres et réunions visant à assurer un consensus libanais concernant les échéances actuelles ». « J’ai affirmé à Jean-Yves Le Drian que la priorité est aujourd’hui (aux efforts) pour mettre fin à l’agression israélienne contre Gaza et le Liban-Sud », a de son côté déclaré M. Mikati lors du Conseil des ministres, mettant une nouvelle fois l’accent sur « les agressions et provocations israéliennes ». Comme pour justifier en quelque sorte l’implication du Hezbollah dans le conflit, quoique dans les limites des règles d’engagement fixées par la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité. Ces propos de Nagib Mikati semblent être une réaction aux diverses mises en garde lancées par l’émissaire français contre toute aventure qui pourrait mener le Liban vers une escalade inopportune face à Israël.

« Concertations élargies »
Un point que l’ex-ministre français des Affaires étrangères a discuté avec le président de la Chambre, Nabih Berry, comme l’indique une source proche de Aïn el-Tiné à L’OLJ. Mais il semble que le principal dossier discuté avec le chef du législatif était la présidentielle complètement paralysée depuis la séance électorale du 14 juin dernier. « Nous avons clairement fait comprendre qu’il ne faut pas attendre la fin des hostilités à Gaza pour combler le vide au niveau de la présidence de la République », confie la source diplomatique citée plus haut. « Un jour, le conflit armé à Gaza va prendre fin. Et tout le monde ira vers des négociations. Il ne faut pas que le Liban soit mis à l’écart de toute cette dynamique », dit-elle. Mais de quel président s’agira-t-il ? En répondant à cette question, les milieux diplomatiques français évitent d’évoquer des noms. En revanche, ils affirment que Jean-Yves Le Drian s’en tient à la constante qu’il était parvenu à arracher aux protagonistes libanais lors de sa dernière visite à Beyrouth : le futur président ne sera ni le candidat du tandem chiite Amal-Hezbollah, le chef des Marada Sleiman Frangié (que l’émissaire français a rencontré mercredi soir à Beyrouth), ni son adversaire appuyé par le Courant patriotique libre et l’opposition, Jihad Azour. « Ces deux candidats ne font pas l’unanimité. Il faut donc aller vers cette troisième voie », affirme le diplomate occidental. Pour arriver à déterminer la figure qui incarnerait le mieux cette orientation, Jean-Yves-Le Drian a réitéré, devant Nabih Berry, son appel à des « concertations élargies » qui pourraient déboucher sur le profil du futur locataire de Baabda. En août dernier, M. Berry avait lancé une initiative consistant à l’élection du président à la faveur de tours de vote successifs qui devraient toutefois être précédés par un dialogue qui s’étalerait sur une semaine. Cette démarche a cependant été tuée dans l’œuf, les protagonistes de l’opposition ayant rejeté tout dialogue avec le Hezbollah. Ce point de vue, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, devait l’exprimer devant l’émissaire français à Meerab. M. Le Drian s’est également entretenu au cours d’un déjeuner avec le leader druze Walid Joumblatt et son fils, le chef du Parti socialiste progressiste Taymour Joumblatt. Il a également été reçu par le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à Bkerké. L’émissaire français devait voir ensuite Sleiman Frangié dans la soirée. 

Tête-à-tête avec Joseph Aoun
Jean-Yves Le Drian est par ailleurs resté fidèle à ses habitudes. Comme à chaque déplacement à Beyrouth, il s’est rendu à Yarzé pour un entretien avec le chef de l’armée, Joseph Aoun. Selon nos informations, les deux hommes ont eu droit à un tête-à-tête avant la réunion élargie tenue en présence de plusieurs diplomates, dont Hervé Magro, ambassadeur de France à Beyrouth. Les discussions ont porté sur la situation au Liban-Sud et la nécessité de garder le Liban à l’abri de toute escalade, ainsi que sur les aides de la France à l’institution militaire en cette période de crise économique. Selon l’armée, M. Le Drian a affiché « le soutien absolu de son pays à l’institution militaire ». De son côté, Joseph Aoun a remercié la France pour « l’intérêt qu’elle porte à la troupe et les aides qu’elle lui fournit régulièrement ».

La réunion de Yarzé est importante dans la mesure où elle est intervenue à l’heure où l’avenir du commandement de la troupe est entouré de flou, à quelques semaines du départ à la retraite du général Aoun, le 10 janvier 2024. « Avec nos interlocuteurs, nous avons évoqué cette question compliquée et nous avons insisté sur la nécessité de garantir la stabilité de l’armée. Car la communauté internationale a beaucoup de mal à comprendre les raisons qui pousseraient vers une secousse au niveau de l’armée en temps de guerre », souligne le diplomate occidental précité, croyant savoir que la question pourrait être discutée avec les protagonistes que M. Le Drian rencontrera jeudi, dont le Hezbollah et le chef du Courant patriotique, Gebran Bassil, fermement opposé à une prorogation du mandat de Joseph Aoun.

Geagea accuse le camp du Hezbollah d’être responsable du blocage

Suite à son entretien mercredi soir avec l’émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a appelé à l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. « Il faut que le gouvernement prenne la décision de déployer l’armée libanaise dans la région frontalière aux côtés de la Force intérimaire des Nations unies au Liban », a-t-il déclaré. Lors d’une conférence de presse à Meerab, le leader chrétien a affirmé que le Hezbollah est responsable du déplacement des habitants du Sud. « Ce n’est pas l’État libanais qui a pris la décision de lancer des opérations, a-t-il martelé. Ce n’est donc pas à l’État, mais bien au Hezbollah, de compenser les riverains pour leurs pertes. »
En outre, le chef des FL a dit craindre que le vide ne s’installe à la tête de l’armée « Ce serait de la folie », a-t-il lancé. « La solution la plus simple, c’est la prorogation du mandat du patron de la troupe (Joseph Aoun) pour un an supplémentaire », a-t-il estimé, alors que cette question fait polémique depuis quelques semaines, le Courant patriotique libre de Gebran Bassil s’opposant à toute prorogation du mandat du général Aoun. Dans ce cadre, le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab (proche du CPL), a appelé à la résolution de ce dossier au Parlement, alors que le bloc FL a présenté une proposition de loi pour proroger d’un an le mandat de tout chef de l’armée. « Le retardement du départ à la retraite d’un officiel ne peut se faire que via une loi qui s’applique à tout le monde, a martelé M. Geagea. On ne peut légiférer à la carte pour une seule personne. »
Concernant la présidentielle, il a accusé le camp du Hezbollah d’être responsable du blocage. « M. Le Drian, tout comme les Qataris, appelle à l’élection d’un candidat de troisième voie, ni Jihad Azour ni Sleiman Frangié ne pouvant être élus », a-t-il reconnu. « En principe, l’opposition n’a pas de problème avec cela, a-t-il ajouté. Toutefois, rien n’indique que le Hezbollah est prêt à lâcher son candidat. »

Cette fois-ci, la mission est double : la présidence de la République et le calme à la frontière au Liban-Sud. Voilà les grandes lignes de la quatrième visite de l’émissaire spécial de l’Élysée, Jean-Yves Le Drian, entamée mercredi dans la capitale libanaise. À la différence de tous les séjours précédents, celui-ci intervient dans un contexte de guerre opposant...

commentaires (4)

Je n’arrive pas à comprendre la position des membres et adhérents du CPL qui continent de suivre leur chef auto-proclamé. Ils sont capables de renverser la vapeur en se désolidarisant de lui, lui qui persiste à empêcher notre pays de sortir ,de l’enfer dans lequel il l’a jeté avec son bo père et leurs alliés contre nature, jusqu’à ce qu’il soit réduit à l’état de cendres dans le vrai sens du terme. Qu’attendent ils pour sauver leur pays avant qu’il ne soit trop tard. Les remords ne le referont pas renaître ni ressusciter. Le devoir vous appelle ne jouez pas aux sourds.

Sissi zayyat

12 h 16, le 30 novembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Je n’arrive pas à comprendre la position des membres et adhérents du CPL qui continent de suivre leur chef auto-proclamé. Ils sont capables de renverser la vapeur en se désolidarisant de lui, lui qui persiste à empêcher notre pays de sortir ,de l’enfer dans lequel il l’a jeté avec son bo père et leurs alliés contre nature, jusqu’à ce qu’il soit réduit à l’état de cendres dans le vrai sens du terme. Qu’attendent ils pour sauver leur pays avant qu’il ne soit trop tard. Les remords ne le referont pas renaître ni ressusciter. Le devoir vous appelle ne jouez pas aux sourds.

    Sissi zayyat

    12 h 16, le 30 novembre 2023

  • Khameneï : Les États-Unis ont échoué à éliminer le Hezbollah, « devenu dix fois plus fort »=========== - VOILA MONSIEUR LEDRIAN, - QUI TROUVEZ BIEN CONVENABLE, - LE *CONSENSUS* ECOEURANT, - A PRONER AVEC LE DIABLE. - CE N,EST NI DE PRESIDENT, - ET NI DE PREMIER MINISTRE, - QU,A BESOIN NOTRE LIBAN, - NI D,ENTENDEMENT SINISTRE. - NOUS N,AVONS QU,UN IDEAL, - ET QU,UN OBJECTIF ULTIME : - ELIMINER L,ILLEGAL, - ET NOUS DEFAIRE DU CRIME. - PLUS D,ILLEGITIMITE, - TOUS NOS DROITS SONT A REPRENDRE. - NOS HONNEUR ET DIGNITE - N,ONT ETE JAMAIS A VENDRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 28, le 30 novembre 2023

  • "Ces deux candidats (Sleiman Frangieh et Jihad Azour) ne font pas l’unanimité" . Et alors? Où est le problème? La Constitution ne dit pas que le président doit être élu à l’unanimité, mais à la majorité simple des suffrages. Que l’on procède au vote selon les règles constitutionnelles (une fois n’est pas coutume) et l’affaire est close.

    Yves Prevost

    07 h 31, le 30 novembre 2023

  • "… De quoi susciter les craintes de la communauté internationale quant à une guerre totale dont le pays ne pourra pas supporter les conséquences …" - La communauté internationale ferait mieux de tenir leur "allié no matter what" en laisse…

    Gros Gnon

    06 h 32, le 30 novembre 2023

Retour en haut