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Dernières Infos - Guerre Israël - Hamas

Les otages militaires israéliens, point dur des négociations avec le Hamas

Ce dossier trouve des échos douloureux dans l'Histoire.


Les otages militaires israéliens, point dur des négociations avec le Hamas

Des soldats israéliens sur un char à la frontière avec la bande de Gaza, le 30 novembre 2023. Photo GIL COHEN-MAGEN / AFP

Dans un pays où chaque famille ou presque compte un soldat, la question relève de l'intime. Des négociations entre Israël et le mouvement palestinien Hamas vont devoir aborder l'épineux dossier des militaires israéliens retenus en otages dans la bande de Gaza.

Le 7 octobre, lors de l'attaque meurtrière du Hamas, quelque 240 otages ont été emmenés dans le territoire palestinien, selon Israël. Soutenus par de nombreux manifestants, les familles exigent qu'ils soient tous libérés. Mais les soldats constituent un cas à part. « Chaque famille a un frère, une soeur, un cousin qui est sous les drapeaux », souligne David Khalfa, co-directeur de l'Observatoire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès, à Paris. « Israël est né dans le fracas de la guerre et l'armée a joué un rôle crucial dans la création de l'État, la sanctuarisation de son territoire et la survie du pays dans un milieu hostile », ajoute-t-il à l'AFP, décrivant un « lien quasi-insécable entre la société civile, l'État et l'armée avec une très grande proximité morale, émotionnelle et affective ».

Selon les chiffres de l'AFP, en l'absence de données officielles précises, au moins 11 soldats, dont quatre femmes, ainsi qu'une quarantaine d'hommes en âge d'être réservistes font partie des quelque 240 personnes enlevées. L'attaque du mouvement islamiste sur le sud d'Israël a aussi fait 1.200 morts, essentiellement des civils, selon Israël.

Monnaie d'échange

Le dossier des otages militaires trouve des échos douloureux dans l'Histoire.

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En 2004, Israël avait libéré près de 450 prisonniers contre un homme d'affaires israélien et les corps de trois soldats. Et en 2011, après avoir été retenu cinq ans en otage à Gaza, le soldat Gilad Shalit avait été libéré contre 1.027 prisonniers palestiniens, dont Yahya Sinouar, aujourd'hui chef du Hamas à Gaza et considéré comme l'architecte du 7 octobre. Il s'agissait alors de la première fois en près de trois décennies qu'un militaire israélien capturé était ramené vivant. Mais l'affaire avait déclenché un débat, resté vif jusqu'à aujourd'hui, sur les concessions acceptables pour libérer des soldats.

Avec l'attaque du 7 octobre, lors de laquelle l'État, son armée, ses services de renseignement ont failli, la donne a donc changé en Israël, un pays qui a fondé une partie de la légitimité de son existence sur sa capacité à assurer la sécurité des Juifs.

Le Hamas et le Jihad islamique, l'autre grand mouvement islamiste de la bande de Gaza détenant des otages, savent tenir avec les soldats une forte monnaie d'échange. Pour eux, tout homme adulte est un réserviste, donc un soldat. Les deux groupes veulent les échanger contre tous les prisonniers palestiniens détenus par Israël (environ 7.000), dont certains considérés par l'État comme ayant « du sang sur les mains ».

Une concession « qu'aucun gouvernement israélien ne pourra jamais accepter », relève pour l'AFP Avi Melamed, ex-cadre des renseignements israéliens. Mais Israël « dispose cette fois d'une carte majeure dans son jeu, ses soldats et ses chars » déployés à Gaza. « Le renseignement interroge (...) les combattants (palestiniens arrêtés), parfois même sur le terrain, pour essayer de localiser les otages », note David Khalfa. « Ils lanceront peut-être des offensives avec les forces spéciales ».

« Vivants et dépouilles »

Reste le cas des soldats capturés et aujourd'hui décédés. Là aussi, la pression est forte pour que les corps soient récupérés, puis inhumés avec les honneurs qui leur sont dus.

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« Conserver (...) les corps des soldats est sadique », mais les deux camps auront du mal à se mettre d'accord sur leur valeur, convient Avi Melamed, pour qui Israël va, à Gaza, « retourner chaque pierre dans sa recherche des otages, les vivants et les dépouilles des morts ». Plus de 15.000 personnes, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements israéliens dans la bande de Gaza, selon le gouvernement du Hamas.

Israël promet de tout faire pour que les corps de ses soldats tués en opération soient rapatriés. En 2018, il avait récupéré la montre de l'espion Eli Cohen, pendu à Damas en 1965. Il assurait en 2021 toujours chercher sa dépouille. Le Hamas l'a bien compris. A Gaza est érigée une statue montrant la plaque d'identification d'Oron Shaul, tué en 2014. Sa dépouille et celle d'un autre soldat sont encore conservées par le mouvement.

Ces derniers jours, l'armée a officialisé la mort de trois soldats, dont les corps ont été emmenés par le Hamas à Gaza. Il lui faudra tout faire pour les récupérer.

La pression de l'opinion publique sera forte pour que rentrent les corps gardés à Gaza, convient Eva Koulouriotis, expert indépendante, soulignant « l'importance d'inhumer les corps convenablement, dans le respect des rituels ». Au delà, « le gouvernement considère aussi qu'il a un devoir envers le citoyen israélien, qu'il soit vivant ou mort ».

Dans un pays où chaque famille ou presque compte un soldat, la question relève de l'intime. Des négociations entre Israël et le mouvement palestinien Hamas vont devoir aborder l'épineux dossier des militaires israéliens retenus en otages dans la bande de Gaza.Le 7 octobre, lors de l'attaque meurtrière du Hamas, quelque 240 otages ont été emmenés dans le territoire...